Le week-end dernier, la Grèce et la royauté étaient à l’honneur à Windsor et à Monte-Carlo, mais pour des raisons différentes. Sans le faire exprès finalement, Stefanos Tsitsipas a rendu un bel hommage au prince Philip, duc d’Édimbourg dont les funérailles ont eu lieu samedi au Royaume-Uni. Mais quel est donc le lien entre le joueur grec et le prince britannique me direz-vous ? La Grèce…
Car avant d’être le prince Philip, le mari de la reine Elizabeth II a été prince de Grèce et de Danemark. Et pour cause, il est né sur l’île de Corfou en Grèce. Alors quand le lendemain de ses obsèques, Stefanos Tsitsipas est allé remporter le premier Masters 1000 de sa carrière en terre princière, à Monte-Carlo, il était difficile de ne pas y voir un clin d’œil du destin.
UN PARCOURS IMMACULÉ EN PRINCIPAUTÉ
Sur la terre battue monégasque, le n°5 mondial a vécu une semaine de rêve. Ce fut même une véritable promenade de santé. Dans un Monte-Carlo Country Club qui sonnait bien creux cause du huis-clos, et avec une météo capricieuse en prime, le Grec n’a pas eu à forcer son talent pour aller chercher son plus beau titre après son sacre au Masters en 2019. Mais il a parfaitement fait le métier, et rien que pour ça, tout le mérite lui revient.
Car si le tableau du Masters 1000 de Miami était décimé avant même son coup d’envoi, ce n’était pas le cas à Monte-Carlo, où Novak Djokovic et surtout Rafael Nadal, onze fois vainqueur en Principauté, étaient de retour aux affaires. Le Covid-19 a tout même ajouté son grain de sel en éliminant Daniil Medvedev avant son entrée en lice, mais on ne peut pas dire que le Russe soit une terreur sur terre battue… Il n’a d’ailleurs jamais remporté le moindre match à Roland-Garros en quatre participations.
Derrière ce parcours tranquille, se cachait pourtant un début de tournoi aux allures de piège parfait. Et pour cause, une entrée en lice face à Aslan Karatsev, la révélation de ce début de saison (demi-finaliste à Melbourne et vainqueur à Dubaï), cela n’avait rien d’un cadeau. Ou peut-être un cadeau empoisonné. Une fois l’obstacle russe effacé, le suivant semblait encore plus vicieux avec Cristian Garín. Car le Chilien, poursuivant la tradition de ses aînés Marcelo Ríos et Fernando Gonzàlez, est un joueur assez redoutable sur terre battue. Mais Tsitsipas n’a pas tremblé et fait respecter son statut, tandis que Djokovic se prenait les pieds dans le tapis contre Dan Evans.
Alors que le Grec devait théoriquement croiser le fer avec le Serbe aux portes de la finale, il s’est finalement retrouvé face à un Britannique émoussé par son parcours exceptionnel (victoires contre Hurkacz, Djokovic et Goffin). Et l’Athénien ne s’est pas privé pour expédier rapidement l’affaire contre Evans pour s’offrir sa troisième finale de Masters 1000. C’est le jeu… Stefanos Tsitsipas est bien placé pour comprendre le joueur anglais. A l’Open d’Australie, il avait réalisé une performance sensationnelle pour renverser Rafael Nadal en cinq sets, avant de prendre l’eau lors de sa demi-finale contre Daniil Medvedev. Pas de sentiment donc, et pas davantage en finale face à un Andrey Rublev qui a fini par payer la facture après son combat contre Roberto Bautista Agut et surtout sa prestation XXL face à Rafael Nadal.
ROLAND-GARROS EN LIGNE DE MIRE
Un présent victorieux n’est pas toujours le présage d’un avenir radieux, mais il donne une certaine indication… Alors évidemment, il serait prématuré d’enterrer déjà Nadal et Djokovic si tôt dans la saison sur terre battue. Les deux monstres sont capables de briller à Roland-Garros sans match référence les semaines précédant le Majeur français. L’Espagnol l’avait d’ailleurs démontré l’an passé en écrasant la concurrence sur la terre battue parisienne après une sortie de route prématurée à Rome. Mais Tsitsipas a grandi encore un peu plus sur le Rocher monégasque et il s’est forcément positionné comme un sacré client pour Roland-Garros.
Pour s’emparer du trône, le prince héritier grec doit désormais aller au bout en Grand Chelem. Restant sur deux demi-finales consécutives (Roland-Garros et Open d’Australie), l’Athénien doit désormais gravir une marche supplémentaire pour jouer le match ultime d’un joueur de tennis : une finale de Grand Chelem. Et si ce doit être à Roland-Garros, où il reste sur deux éliminations de suite en cinq sets (Wawrinka lors d’un match épique et Djokovic après avoir remonté un handicap de deux sets de retard), le défi sera d’autant plus grand s’il y a Rafael Nadal de l’autre côté du filet. Car battre le Majorquin au meilleur des cinq sets, ce n’est pas la même chose qu’en deux sets gagnants. Mais nous sommes encore loin de la Porte d’Auteuil…
Avant de se mettre à rêver, Madrid et Rome livreront de précieuses indications sur les formes de chacun. La saison sur terre battue ne fait que débuter. «Tout commence à Monte-Carlo», a d’ailleurs écrit Tsitsipas sur la caméra après sa balle de match victorieuse en Principauté. Et avec ses qualités d’attaquant, qu’il arrive à transposer à merveille sur ocre, le Grec a des raisons d’espérer de grandes choses dans les semaines qui viennent.
Et notamment à Paris ?