Fort de sa victoire l’année passée et de son nouveau statut de n°2 mondial, Rafael Nadal se présente logiquement dans la peau du favori à sa propre succession. Ce Roland-Garros 2006 est l’occasion rêvée d’asseoir un peu plus sa domination sur la brique pilée. Sa route croise au troisième tour celle de Paul-Henri Mathieu. La tête de série n°29 du tournoi, à domicile, compte sur l’appui de la foule pour le porter à hauteur de son adversaire, même si ses chances sont, avouons-le, infimes. Mais «PHM» ne compte pas se laisser faire, il est prêt à se battre…
L’Espagnol, tenant du titre, peut faire de la Porte d’Auteuil sa résidence secondaire et de la Coupe des Mousquetaires sa propriété. Invaincu sur terre battue en 2006, il compte bien poursuivre sur sa lancée et s’imposer à nouveau. Après un premier tour assez aisément remporté face à un certain Robin Söderling (dont nous aurons le loisir de reparler bientôt) et un deuxième tour expéditif face à Kevin Kim, il retrouve Paul-Henri Mathieu. Le Français de 24 ans n’a pas laissé de set en route et se prépare à une énorme bagarre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne sera pas déçu…
UN PREMIER SET DE 93 MINUTES !
Le premier set démarre tambour battant. Aucun des deux hommes ne lâche. Ils se rendent coup pour coup et à mesure que le temps passe, le jeu décisif approche. Paulo mène 6 jeux à 5 après… 83 minutes de jeu ! L’Espagnol, au service, est malmené dans le jeu par les coups surpuissants du Strasbourgeois. Voilà le Français à un petit point de virer en tête. Le point épique qui voit Nadal parcourir le terrain en long, en large et en travers pour sauver la deuxième balle de set ne présage rien de bon. Comme si sa chance était passée, ce que certains ont vécu avant lui, et tant d’autres depuis. Mais Paulo n’était pas de ceux-là. Deux décalages coup droit mal ajustés et le taureau de Manacor voyait rouge, mené un set à rien, après une manche de plus d’une heure et demie.
Le deuxième set est aussi tendu que le premier. A nouveau, le combat fait rage, les 20 places d’écart au classement ne se font pas sentir, tant «PHM» tient tête à son jeune adversaire, qui n’a toujours pas soufflé sa vingtième bougie. Nadal glane finalement cette deuxième manche 6-4, après trois bras de fer énormes, un ace et une faute du Français. Le tout en 1h10. Près de trois heures de jeu (2h43) et seulement deux manches disputées, c’est dire le spectacle proposé par les deux hommes au public parisien. Alors que la pénombre gagne le court, le troisième set est la copie conforme du précédent. L’Espagnol l’empoche sur le même score, en une heure tout juste. Depuis plus de trois heures et demie, le Chatrier a la chance d’assister à ce qui restera certainement comme le match de cette édition 2006.
L’ÉPUISEMENT ET LES LARMES
Déjà 4h44 que le Strasbourgeois tient tête au Majorquin. A quatre partout dans le quatrième set, Paul-Henri Mathieu sert pour mettre la pression sur le n°2 mondial. Les mines pleuvent, en coup droit surtout. Mais la flamme de Paulo semble s’éteindre. Son physique, si impressionnant depuis le début de ce formidable combat, le lâche un peu. Son bras tremble aussi. A la volée, sur un passing croisé de Rafa, il dépose la balle dans le filet. Là où ses réflexes lui avaient permis de réaliser une volée-amortie sublime au moment de prendre les devants dans le match, voilà le Tricolore désormais trop juste. Le point suivant, «PHM» le perd sur un coup droit qui, lui aussi, reste dans la bande. 15-40. Bis repetita, break Nadal.
Pour la troisième manche consécutive, à 5-4, 30-15, sur sa mise en jeu, Rafa sort un ace. Sur une ultime faute de Paul-Henri Mathieu et après 4h53 de ce qui reste, encore aujourd’hui, l’un des matches les plus accrochés de l’Espagnol Porte d’Auteuil, Rafael Nadal lève les bras au ciel. Pour venir à bout de «PHM» et rester en vie dans ce Roland-Garros, sur la route du deuxième de ses douze sacres parisiens, le Majorquin a fait parler son impressionnante puissance physique. En larmes dans les vestiaires, «PHM» aura livré le match de sa vie, mais cela n’aura pas suffi face à cet ogre espagnol…