Chaque année ou presque, le public français attend. Le mois de mai rime avec Roland-Garros mais sitôt le mois de juin arrivé, le tableau est vidé des ses Bleus. Pourtant, comme à chaque édition dans les allées de la Porte d’Auteuil, les fans de tennis y croient, cette année c’est la bonne. L’espoir de tout un peuple : trouver un successeur à Yannick Noah, dernier vainqueur de la Coupe des Mousquetaires en 1983. En 2012, Jo-Wilfried Tsonga est passé quatre fois à côté d’un exploit majuscule. Ce 3 juin 2013, c’est sur Richard Gasquet que les espoirs de toute une nation reposent. Face à lui, l’un des rares à lui disputer le titre du plus beau revers du circuit, le Suisse Stan Wawrinka.

Ce sont deux hommes au coude-à-coude. Stan Wawrinka et Richard Gasquet sont très proches, au classement comme dans le jeu. Deux des revers les plus esthétiques du circuit ATP vont se faire face sur le court Suzanne-Lenglen. Ce huitième de finale, c’est aussi un combat entre Richard, n°9 mondial, et Stan, n°10 à l’ATP. Le Biterrois s’est baladé jusqu’à présent et n’a pas laissé filer le moindre set. Pour le joueur originaire de Lausanne en revanche, tout n’a pas été si simple. Il compte déjà deux sets de plus au compteur. La fraîcheur du Français pourrait donc être un atout indéniable dans une opposition qui sent la poudre.

 

DEUX SETS AU PARADIS

D’entrée, le ton est donné. Le Suisse met la pression sur un Richard Gasquet tendu mais pas impressionné. Confronté à plusieurs balles de break, c’est grâce à un service efficace qu’il tient le coup et entraîne son adversaire dans un jeu décisif. Plus de peur que de mal pour le Tricolore, il voit le Lenglen se réveiller pour le porter dans un tie-break haletant et lui permettre de virer en tête. Dès l’entame de la deuxième manche, le neuvième joueur à l’ATP prend le large et mène rapidement 4 jeux à 0.

La foule exulte, scande son prénom, profite du spectacle offert par le Français. Face à lui, Wawrinka se montre imprécis dans l’échange (il cumulera 55 fautes directes au total) et laisse Gasquet prendre le large. Mais le Suisse dispose d’un mental exceptionnel, une véritable arme dans son jeu. Il l’utilise pour revenir, insuffisamment néanmoins pour refaire ses deux breaks de retard. Richard Gasquet mène 7-6, 6-4. Le plus dur reste à faire pour le Français : conclure. C’est la 16ème fois qu’il se retrouve à ce stade de la compétition et pour l’instant, c’est 14 défaites en huitièmes de finale pour une seule victoire. Une statistique qui n’incite pas vraiment à l’optimisme…

UNE BAGARRE JUSQU’AU BOUT

Comme lors de la première manche, le Français est malmené dans le jeu mais garde la tête hors de l’eau, en sauvant sept balles de break au passage, toutes grâce à des coups gagnants. L’espoir des supporters du court Suzanne-Lenglen est toujours vivace, ils continuent d’apporter un soutien bruyant à un Gasquet appliqué. Malheureusement, c’est au moment le plus tactique, le neuvième jeu du set, qu’il laisse filer son engagement. En remportant le troisième set (6-4), «Stanimal» refait une partie de son retard. Bis repetita dans un quatrième set durant lequel le Français s’accroche tant bien que mal avant de craquer. Wawrinka gagne la manche 7-5 et revient à hauteur du Biterrois. Un «j’en peux plus» adressé à son box ne présage rien de bon. Malgré tout, Gasquet tente de tenir le coup.

Le match est loin d’être fini. Pris de crampes, le Tricolore demande l’intervention du kiné en début de set. Stan Wawrinka cherche des solutions, frappe bien la balle et fait courir son adversaire. L’idée n’est plus de savoir s’il va craquer, mais quand. Ce sera finalement à 6 jeux à 7 que le Français cédera sur sa mise en jeu. Sans énergie, à bout de souffle, Richard Gasquet offre la balle idéale à son adversaire. D’un coup droit long de ligne bien placé, le Suisse va chercher une victoire éblouissante de résilience. En quarts de finale, Wawrinka, épuisé, n’offrira qu’une bien maigre opposition au futur vainqueur du tournoi, un certain Rafael Nadal. Ce 3 juin 2013, la malédiction perdurait pour le Biterrois. Ça n’allait heureusement pas durer, puisqu’il parviendra à rejoindre les demi-finales à Flushing Meadows quelques mois plus tard. Mais ça, c’est une autre histoire.