Federer et Fognini blessés, Wawrinka, Monfils et Kyrgios absents, Thiem et Medvedev pas rassurants… Plus l’US Open approche, plus il ressemble à une voie royale pour le couronnement de Novak Djokovic. À moins que, débarrassé de quelques grosses têtes d’affiche et de certains outsiders, le tournoi américain nous offre une surprise de taille ? S’il passe entre les gouttes du coronavirus et qu’il va à son terme, il pourrait être le tournoi du Grand Chelem le plus ouvert depuis des lustres. Ou une promenade de santé pour le n°1 mondial.

Djokovic, seul contre tous. S’il fallait résumer la quinzaine new-yorkaise qui s’annonce, il serait difficile de faire plus simple. Le Serbe est le seul rescapé d’un «Big 3» décimé. Le forfait de Rafael Nadal à cause des risques sanitaires, ajouté à la blessure de Federer, laisse un boulevard au «Djoker». Tranquille toute la semaine à Flushing pour le Masters 1000 de Cincinnati, exceptionnellement délocalisé à New York, le patron du circuit semble intouchable. Sans avoir perdu le moindre set avant sa demi-finale, il s’est offert vendredi une 22ème victoire consécutive sur le circuit.

Seul potentiel caillou dans sa chaussure, Milos Raonic, son adversaire en finale. Les deux hommes auront l’occasion de croiser le fer une dernière fois avant de disputer le deuxième Grand Chelem de l’année. Et balayer les dernières interrogations sur la forme du n°1 mondial ? S’il était titré lors du Western & Southern Open ce samedi soir, il arriverait avec le plein de confiance et un impressionnant 23-0 au compteur cette saison. Une machine lancée vers un 18ème Majeur bien difficile à arrêter.

LES ABSENTS ONT-ILS VRAIMENT TORT ?

Rafael Nadal, Gael Monfils, Stan Wawrinka… Parmi les meilleurs joueurs mondiaux, ils sont quelques-uns à avoir fait le choix audacieux de faire l’impasse sur le Majeur américain. Traverser l’Atlantique et rejoindre le pays le plus touché par l’épidémie (quoi qu’en dise son président), le risque leur paraissait trop grand. Ajoutez à ceux-là Roger Federer et Fabio Fognini, forfaits car blessés, et c’est une bonne partie du Top 20 mondial qui manque à l’appel. Si le tableau de cet US Open sera de facto plus ouvert, il pourrait se résumer à une passe d’armes entre Novak Djokovic et… lui-même.

Le Serbe aura donc une pression particulière, le voilà seule figure de proue de l’ATP au moment de reprendre le chemin des courts. Seule tête de turc aussi. Le Serbe a cristallisé les tensions lors de l’organisation de son Adria Tour, une tournée dans les Balkans sans aucune restriction sanitaire qui s’est transformée en cluster géant. S’en sont suivies ses déclarations anti-vaccin et autres positions controversées. Loin de faire l’unanimité, Djokovic aura à cœur de balayer les reproches en restant invaincu lors de cette mini-tournée américaine. D’autant que face à lui, les survivants d’une saison compliquée ne sont pas nombreux. Ceux en forme, encore moins.

TSITSIPAS, LE MOMENT IDÉAL

Outre Djokovic, Tsitsipas, Thiem, Medvedev, Zverev, Berrettini et Goffin ont disputé le Masters de Cincinnati. Ils étaient sept membres du Top 10 à vouloir se rassurer. Pour cinq d’entre eux, l’US Open arrivera bien avant les certitudes. Hormis Novak Djokovic et Stefanos Tsitsipas, tous sont passés à côté. L’Autrichien, longtemps vu comme l’ennemi n°1 du «Djoker», n’a été que l’ombre de lui même et s’est fait balayer sèchement 6-2, 6-1, par Filip Krajinovic. Pour David Goffin et Matteo Berrettini, le tournoi s’est également arrêté de manière prématurée.

Alexander Zverev a, quant à lui, subi la loi d’un certain Andy Murray, de retour sur les courts avec une hanche toute neuve et une envie retrouvée. Difficile de voir le Britannique truster les premiers rôles à Flushing, mais il pourrait jouer les coupeurs de têtes, à commencer par celles de Félix Auger-Aliassime, en pleine progression depuis deux ans, et de… Dominic Thiem. Enfin, le Russe, tenant du titre, s’est incliné après un gros duel contre Roberto Bautista Agut. Voilà donc le Grec estampillé du rôle de challenger officiel de Djokovic. Les deux hommes ont théoriquement rendez-vous aux portes de la finale de cet US Open.

Reste que depuis l’annulation du Masters 1000 d’Indian Wells début mars, le circuit masculin était sur pause. Comme une année sabbatique dans le marasme sanitaire causé par le coronavirus qui rebat totalement les cartes. L’attente, longue, interminable même, laisse place à une excitation comme rarement connue par les fans, même s’ils devront se contenter de leur télévision pour suivre leurs chouchous.

Alors à vos écrans messieurs, dames… et que la fête (re)commence !