Après l’annulation de Wimbledon et le report de Roland-Garros, le tennis en Grand Chelem fait son grand retour à New York à l’occasion de l’US Open. Disputé sans public dans les tribunes, pandémie de coronavirus oblige, le Majeur américain n’a pas manqué de surprendre dès la première journée de compétition. Pour de bonnes et de mauvaises raisons…
LA SURPRISE
Pour Diego Schwartzman, cet US Open très spécial aura tourné court. L’Argentin, pourtant 13ème mondial et tête de série n°9 à New York, a pris la porte dès son entrée en lice contre le Britannique Cameron Norrie, modeste 76ème mondial au classement ATP. Les choses avaient pourtant très bien commencé pour Schwartzman, qui a rapidement pris le contrôle du match pour mener facilement deux manches à rien. Mais la mécanique argentine s’est enrayée… Et malgré un break d’avance dans le cinquième set le n°13 mondial, visiblement victime de crampes, a finalement craqué. Une grosse désillusion pour celui qui avait atteint les quarts de finale l’an passé à Flushing Meadows.
L’US Open perd ainsi d’entrée de jeu l’une de ses têtes d’affiche… Or le Grand Chelem new-yorkais n’avait vraiment pas besoin de ça, déjà fortement amputé par les forfaits de Nadal, tenant du titre, Federer, Monfils, Fognini ou encore Wawrinka côté masculin, et de Bianca Andreescu, tenante du titre, Ashleigh Barty, la n°1 mondiale, et Simona Halep.
LE GESTE
La semaine dernière, le mouvement de protestation contre les violences policières avait pris une nouvelle dimension aux États-Unis avec le boycott de plusieurs rencontres sportives, notamment en NBA, MLB, MLS… ainsi qu’au tournoi de Cincinnati (qui se tenait exceptionnellement sur le site de Flushing Meadows). Parmi les athlètes montés au front, Naomi Osaka avait décidé de se retirer du tournoi de Cincinnati pour marquer les esprits. Finalement entendu par les organisateurs, l’appel à une prise de conscience collective sur les violences policières contre les membres de la communauté afro-américaine (George Floyd, Jacob Blake…) lancé par la Japonaise avait abouti à une suspension du tournoi pour une journée. Revenue sur le court pour gagner sa demi-finale contre Elise Mertens, Naomi Osaka n’avait cependant pas pu défendre ses chances en finale, victime d’une contracture à la cuisse gauche.
Pour son entrée en lice à l’US Open, la Japonaise, titrée il y a deux ans à Flushing, a une nouvelle fois montré son engagement contre le racisme et les violences policières aux États-Unis en arborant un masque où figurait le nom de Breonna Taylor, une Afro-Américaine tuée par la police américaine en mars dernier. A l’issue de sa victoire en trois sets contre sa compatriote Misaki Doi, Naomi Osaka a indiqué qu’elle avait sept masques au total. Elle montrera le prochain lors de son match du deuxième tour face à l’Italienne Camila Giorgi.
LE MOMENT INSOLITE
Évidemment, sans public, le vertigineux court Arthur-Ashe, plus grand stade de tennis au monde, sonne bien creux, lui donnant l’apparence d’une cathédrale fantôme particulièrement triste qui contraste avec les années précédentes et l’ambiance électrique qui s’en dégageait. Dans ce décor inédit, on assiste ainsi à des situations aussi drôles que ridicules… Demandez plutôt à Alexander Zverev ! Après sa victoire en quatre sets contre Kevin Anderson, l’Allemand a en effet reçu une consigne pour le moins étonnante d’un membre du staff de l’US Open : celle d’envoyer des balles dans les tribunes, comme si le public était là… Amusée par cette situation absurde, la tête de série n°5 s’est exécutée. Avant cela, le joueur d’outre-Rhin avait également salué le public fantôme.
Ça aura au moins eu le mérite de nous faire rire…
L’AFFAIRE
Benoît Paire avait amusé la galerie pendant le confinement avec ses discussions vidéo en compagnie de Stan Wawrinka sur Instagram avant de se déconfiner sur l’UTS de Patrick Mouratoglou en proposant de multiples pétages de plomb dont il a le secret. Mais c’est au cœur d’une affaire bien moins amusante que se retrouve le Français à New York… Et pour cause, il a été contrôlé positif au Covid-19, ce qui a entraîné son retrait du tableau à l’US Open.
Dépité par sa situation, l’Avignonnais, qui assure n’avoir aucun symptôme du virus pour l’instant, a exprimé sa frustration sur Instagram en expliquant qu’il hésitait «à raconter ce qu’il se passe réellement dans cette FAKE BUBBLE», en référence à la bulle sanitaire mise en place par les organisateurs du tournoi à Flushing Meadows pour limiter au maximum les risques de contamination. Épinglée par Benoît Paire, l’USTA, la fédération américaine, n’a pas tardé à répliquer en assurant «que le joueur ayant contracté le virus ne respectait pas les protocoles de santé approuvés par l’État de New York». Le bras de fer est engagé mais pas sûr que le Français en ressorte grandi…
Bonne nouvelle cependant, les joueurs tricolores en contact avec Benoît Paire ces derniers jours n’ont pas été retirés du tableau. Cependant, ils n’ont eu d’autre choix que d’accepter un protocole sanitaire plus contraignant pour participer à l’US Open. Parmi eux, Adrian Mannarino et Kristina Mladenovic, qui ont un temps craint une exclusion du tournoi, ont finalement chacun remporté leur rencontre du premier tour. Pour eux, plus que les autres joueurs, c’est un tournoi sous très haute surveillance ! Reste cependant à savoir si la bulle de Flushing Meadows sera aussi solide que celle d’Orlando pour la NBA…
LES DEUX INCROYABLES SÉRIES
S’il y en a un qui ne connaît pas la crise en ce moment, c’est bien Novak Djokovic. Invaincu avant la pause forcée du coronavirus, avec des titres à l’ATP Cup, à l’Open d’Australie et à Dubaï, le Serbe a poursuivi sa marche victorieuse la semaine passée à Flushing Meadows en s’adjugeant le tournoi de Cincinnati, ce qui lui a permis de revenir au passage à hauteur de Rafael Nadal avec un 35ème Masters 1000 dans sa besace. Débarrassé de Roger Federer et de Rafael Nadal à l’US Open, le «Djoker» est logiquement l’immense favori à la victoire finale à New York. Et pour son entrée en lice sur le court Arthur-Ashe, à l’occasion d’une night session bien étrange, car sans public, Djokovic n’a pas tremblé en maîtrisant le Bosnien Samir Dzumhur en trois sets. Le Serbe en est donc à 24 victoires consécutives en 2020… S’il en ajoute six de plus à son compteur à Flushing, il pourra ajouter un 18ème tournoi du Grand Chelem à son palmarès.
Pendant que Djokovic espère bien poursuivre sa belle série à l’US Open, il y en a un qui n’est pas arrivé à stopper sa série noire à New York. Cet homme, c’est Marco Cecchinato. L’Italien vient d’encaisser une huitième défaite consécutive au premier tour d’un tournoi du Grand Chelem. Si on enlève Roland-Garros 2018, le Transalpin en est même à 12 défaites au premier tour en 13 tournois du Grand Chelem. La seule fois où Marco Cecchinato est parvenu à gagner pour son entrée en lice dans un Majeur, Porte d’Auteuil en 2018 donc, il était allé jusqu’aux portes de la finale, seulement battu par Dominic Thiem après avoir sorti à la suite Pablo Carreño Busta, David Goffin et… Novak Djokovic.
Destins croisés !