C’est le troisième jour à Flushing, ce qui veut dire qu’il en est fini du premier tour et que le tournoi avance. Pour certains, c’est l’occasion de créer l’exploit comme pour Caro Garcia. Pour d’autres, il faut avant tout se rassurer, ce que n’a pas trop réussi à faire Djokovic malgré sa victoire. Mais pour certain(e)s, l’heure est surtout à la désillusion. L’énorme désillusion… Le tout dans une moiteur extrême.

LA PERFORMANCE

Il y a des jours où tout fonctionne. Ces matches durant lesquels la balle fait exactement ce que vous voulez. Une rencontre que vous dominez, de la tête et des épaules. Même mentalement, c’est vous qui avez la main. Ce mercredi à Flushing Meadows, Caroline Garcia était en plein dans cette journée. Bravo à elle me direz-vous, mais ce n’est qu’un «simple» deuxième tour ? Que nenni ! La Française a idéalement choisi son moment, car sur le court face à elle, il y avait une Tchèque. Et pas n’importe laquelle, Karolina Pliskova, n°3 mondiale et tête de série n°1 du Grand Chelem américain.

En 33 minutes, Caroline Garcia a infligé un cinglant 6-1 à son adversaire. En faisant le break dans la seconde manche, l’ancienne membre du Top 5 à la WTA croyait avoir fait le plus dur. Mais un trou d’air a bien failli faire basculer la rencontre. De 2-4, la Tchèque est passée devant (5-4) et a pu même s’offrir deux balles de set sur le service de son adversaire, le hold-up était en route. C’était sans compter sur une Caroline Garcia des grands jours. Très solide dans la tête, la Française s’est imposée finalement 7 points à 2 dans le tie-break du deuxième set pour rallier le troisième tour avec un total de 30 coups gagnants à l’issue de la rencontre. Éclatante.

LA DÉSILLUSION

S’il y a des jours avec, il y a des jours sans. Pour Kristina Mladenovic, c’était un aussi formidable que désespérant deux en un. Pendant une heure, notre Kiki nationale s’est montrée intraitable face à Varvara Gracheva. 6-1, 5-1, service à suivre. On imaginait déjà la confiance emmagasinée par la Française avant de filer au tour suivant. Mais un infime grain de sable est venu enrayer sa machine si bien huilée. À 5-2, elle s’est offert quatre balles de match sur le service de Gracheva, modeste 102ème à la WTA. Mais la Russe les a sauvées et a fini par gagner son jeu de service. Dans la tête de la Tricolore, tout s’est alors déréglé. Les coups ne passaient plus, le court se rétrécissait, la vision se troublait. En perdant la deuxième manche au jeu décisif, tout s’est écroulé. Comme on pouvait le craindre, le troisième set ne sera qu’une lente agonie pour Mladenovic, en larmes entre les points, l’air hagard jusqu’au coup de grâce. La bulle. 6-0, et par ici la sortie.

À l’issue de son match, Kristina Mladenovic s’est lâchée en conférence de presse et ne s’est ainsi pas privée pour critiquer le caractère inhumain du traitement qu’elle subit par l’organisation du tournoi depuis l’éviction de Benoît Paire, testé positif (et retesté, négatif depuis), au coronavirus : «C’est même pas acceptable ce qu’on vit. J’ai l’impression qu’on est des prisonniers, des criminels. Pour le moindre mouvement, il faut demander la permission si on a le droit de le faire alors qu’on est testé tous les jours et qu’on a eu 30 tests négatifs. C’est abominable, les conditions sont atroces. Si j’avais su que jouer 40 minutes aux cartes, avec un masque, avec un joueur qui a été testé positif, mais finalement négatif, ça aurait entraîné ces conséquences, je n’aurais jamais mis les pieds à ce tournoi.»

LE PETIT RIEN 

Novak Djokovic, ultra-favori pour succéder à Rafael Nadal au palmarès, s’est qualifié pour le troisième tour. Rien d’anormal jusque-là. sauf que le Serbe a, pour une fois, laissé échapper un set. Et donné de l’espoir à tous ses adversaires ? En réalisant un match «simplement» correct, le n°1 mondial a dû raviver des braises d’espoir dans le cœur de Tsitsipas, Thiem et des autres outsiders. Opposé au Britannique Kyle Edmund, le «Djoker» a semblé parfois fébrile, dans un inconfort qu’il connaît finalement très peu.

Mené une manche à rien après un tie-break mal, parsemé de fautes directes, le Serbe a bataillé, presque plus avec lui-même qu’avec son adversaire. Auteur de 52 coups gagnants, Djokovic a globalement dominé la suite du match, sans pour autant convaincre sur son niveau de jeu, commettant finalement 34 fautes directes. Après 3h15 sur le court Arthur-Ashe, le Serbe a semblé soulagé mais fermé. Face à Jan-Lennard Struff au prochain tour, il devra faire mieux car l’Allemand a les armes pour gêner le n°1 mondial et stopper son impressionnante série de 25 victoires consécutives.

LE COUAC

Pour pallier l’absence de public, l’USTA tente des choses. La Fan Cam, qui permet de retransmettre les webcams de supporters devant leurs écrans, offre aux joueurs un semblant de soutien en fin de match. Mais surtout, c’est l’occasion d’inviter des personnalités que le circuit connaît plus ou moins bien. Il y a deux jours, c’est Mischa Zverev, le frère du septième joueur mondial, qui était venu le saluer sur un grand écran au bord du court Arthur-Ashe, à l’occasion de l’anniversaire de la tête de série n°5 du tournoi. Hier soir, c’est à Naomi Osaka que l’organisation a réservé une surprise.

Après sa victoire expéditive contre Camila Giorgi (6-2, 6-1 en 1h10 de jeu), la Japonaise, titrée à New York il y a deux ans, a vu apparaître à l’écran… sa mère ! «Mais qu’est-ce que tu fais là ?», lui a lancé la joueuse. Ce que personne n’avait prévu, c’est que la technologie ne suivrait pas. Sa maman ne l’entend pas. S’en suit un échange particulièrement gênant où les deux femmes parlent sans visiblement trop se comprendre, où le dessin préparé par la mère de Naomi Osaka est flouté par les réglages caméra… Comme quoi, parfois, autant s’en tenir au tennis, tout simplement.

LA MÉTÉO

Depuis le début du tournoi, il ne fait pas très chaud à Flushing. Comparé aux températures caniculaires que la quinzaine new-yorkaise connaît parfois, le mercure reste assez bas, sous les 30 degrés (Celsius). En revanche, les conditions d’humidité sont absolument dantesques, à plus de 90% hier ! Ce qui donne lieu à des scènes particulièrement cocasses. Depuis le début du tournoi déjà, certains ramasseurs de balles semblent souffrir de ces conditions. On voit très régulièrement leurs polos gris devenir bicolores après quelques minutes sur le court. Certains finissent même par tremper intégralement leur habit, ce qui n’est finalement pas si courant. Même constat chez les juges de ligne, qui pourtant ne bougent pas. Et que dire des joueurs !

Jack Sock, défait par Adrian Mannarino en trois sets, a dû enfiler près d’une dizaine de t-shirts et se changer intégralement deux fois. Très rapidement, on a senti l’Américain vidé de toute énergie, subissant la lourdeur météorologique. Pour Alexander Zverev, ce sont ses chaussures qui lui ont posé problème. «Il a fallu que je change de chaussures en plein match car de l’eau en sortait tant il faisait humide et je transpirais», a détaillé l’Allemand lors de l’interview sur le court après sa victoire contre le local Brandon Nakashima en quatre manches. 

Au prochain tour, la tête de série n°5 devra croiser le fer avec Adrian Mannarino, pour peut-être un nouvel exploit français ? Il faudra en tout cas compter sur davantage que l’humidité pour que la tête de série n°32 puisse s’ouvrir les portes de la deuxième semaine.