Quand on regarde la carte du tennis mondial, le Danemark n’est pas le pays qui pèse le plus lourd dans la balance, la faute notamment à un encombrant voisin suédois qui a vu naître des légendes comme Björn Borg et Stefan Edberg. Mais durant la dernière décennie, c’est bel et bien une joueuse danoise qui a mis le tennis scandinave sous le feu des projecteurs. Il faut dire qu’en remportant 18 de ses 30 titres sur le circuit WTA avant ses 22 ans, Caroline Wozniacki n’a pas fait les choses à moitié. Et cerise sur le gâteau, c’est elle qui a offert au Danemark son premier titre du Grand Chelem en simple (hommes et femmes confondus) lorsqu’elle s’est imposée à l’Open d’Australie en 2018.

Il était donc plus que logique pour la Danoise de 29 ans de refermer le chapitre de sa vie de joueuse de tennis à Melbourne, théâtre du plus beau titre de sa carrière. Alors au moment de faire ses adieux au tennis, Caroline Wozniacki ne pouvait être que fière du chemin parcouru. «J’avais un rêve quand j’étais petite : je voulais remporter un tournoi du Grand Chelem et devenir n°1 mondiale. Les gens pensaient que c’était une folie, pour moi qui venais d’un petit pays. Mais je l’ai fait ! J’ai tellement travaillé chaque jour… je suis très fière de ce que j’ai réussi», a lancé la Scandinave après une dernière bataille en trois sets disputée face à la Tunisienne Ons Jabeur. Des mots justes employés par celle qui a longtemps été critiquée pour ne pas avoir été capable de remporter un titre du Grand Chelem lorsqu’elle était la patronne du circuit féminin. Faisant fi de ces ondes négatives, la joueuse danoise a finalement vécu ses plus belles émotions sur le court au crépuscule de sa carrière. Une carrière riche qui a débuté alors qu’elle n’avait que 15 ans… (Coucou Coco Gauff !)

REINE DU TENNIS FÉMININ À 20 ANS

Après un premier titre à Stockholm en 2008, la jeune Danoise éclot pour de bon sur la scène mondiale en 2009 quand elle atteint la finale de l’US Open alors qu’elle n’a que 19 ans. Malgré une défaite contre Kim Clijsters à New York, la carrière de Caroline Wozniacki est définitivement lancée. L’année suivante, elle devient n°1 mondiale à seulement 20 ans après son sacre à Pékin en octobre 2010. Une consécration dans une saison exceptionnelle marquée par six titres et deux finales… mais aucun sacre en Grand Chelem. Ses détracteurs ne se privent pas alors pour dire que la Danoise ne mérite pas d’être la patronne du circuit féminin. En 2011, elle remporte à nouveau six titres, mais ne parvient pas à faire mieux qu’une demi-finale à l’Open d’Australie – où elle passe à un point de la finale contre Li Na – ainsi qu’à l’US Open. Qu’importe, ce sera pour plus tard.

Après deux années au sommet, 2012 et 2013 sont des périodes plus compliquées pour Caroline Wozniacki, bien que la Danoise continue d’étoffer son palmarès. En 2014, elle revient sur le devant de la scène en s’offrant une nouvelle finale à l’US Open, cette fois perdue contre Serena Williams, celle qui deviendra au fil du temps sa meilleure amie sur le circuit. Le retour aux affaires de la joueuse scandinave intervient dans un contexte personnel particulier pour elle. Et pour cause, alors qu’elle se préparait à épouser le golfeur nord-irlandais Rory Mcllroy, ce dernier a finalement mis fin à sa relation avec Caroline Wozniacki… quand les invitations pour leur mariage venaient d’être envoyées. Loin de l’élégance qui caractérise le golf, il aurait ainsi largué la Danoise via un simple coup de fil.

La classe…

MELBOURNE, TERRE DE BONHEUR

Après deux nouvelles années difficiles en 2015 et 2016, 2017 marque le retour tonitruant de la Scandinave. Désormais en couple avec le basketteur David Lee, la joueuse danoise se sent mieux, aussi bien sur le court qu’en dehors. Après six finales au compteur, elle finit l’année 2017 de la meilleure des manières, d’abord avec un titre à Tokyo, mais surtout avec un sacre au Masters de Singapour, ce qui lui permet de terminer l’année à la troisième place mondiale. Le point de départ d’une période fantastique pour Caroline Wozniacki. Loin d’être freinée par la trêve hivernale, elle se présente à l’Open d’Australie avec une confiance à son zénith. Miraculée au deuxième tour contre la Croate Jana Fett, une rencontre au cours de laquelle la Danoise sauve deux balles de match, elle parvient à atteindre sa troisième finale en Grand Chelem. Face à Simona Halep, également en quête d’un premier sacre dans un Majeur, elle ne laisse pas passer sa chance et s’offre le plus beau titre de sa carrière. Cerise sur le gâteau, elle reprend sa place sur le trône du tennis féminin. Elle y restera quelques semaines de plus pour atteindre au total les 71 semaines à la place de n°1 mondiale.

Éprouvant pour le corps, le tennis ne la laisse cependant pas très longtemps sur son nuage. En octobre 2018, Caroline Wozniacki annonce ainsi qu’elle souffre de polyarthrite rhumatoïde, une maladie inflammatoire qui s’attaque aux articulations. Fin 2019, après s’être mariée avec David Lee en Toscane au printemps, elle estime qu’il est temps de ranger sa raquette. Le 6 décembre, elle annonce alors que l’Open d’Australie sera le dernier tournoi de sa carrière. Ce vendredi 24 janvier, la Danoise a donc dit adieu au tennis à Melbourne. Bien que son jeu n’ait jamais déchaîné les foules, elle s’est toujours battue pour réaliser ses rêves. Battue elle aussi vendredi, comme un clin d’œil du destin, son amie Serena Williams a déclaré qu’elle allait lui manquer sur le circuit. A nous aussi. Et à l’heure où la WTA se cherche toujours une reine durable, la Danoise en aura été une magnifique au cours de la dernière décennie. Alors merci pour tout Caro et bonne chance pour ta nouvelle vie.

Comme on dit en danois… Farvel !