A quelques heures de l’année 2021, il est temps de revenir sur une année 2020 complètement dingue… Deuxième partie entre juillet et décembre.
JUILLET 2020
Pas de Wimbledon à l’horizon en ce mois de juillet 2020, mais un nouveau système de classement annoncé par l’ATP pour s’adapter à la crise du coronavirus qui a mis à l’arrêt le circuit en mars. Dans ce cadre, au lieu de prendre en compte tous les résultats sur les 12 mois écoulés, le système ne retient que les 18 meilleurs résultats obtenus sur une période de 22 mois, entre mars 2019 et décembre 2020. Une nouvelle manière de compter les points qui a profité à Rafael Nadal et Roger Federer… En effet, l’Espagnol, vainqueur de Roland-Garros et de l’US Open en 2019, ne risquait ainsi de perdre aucun point dans ces deux tournois du Grand Chelem cette année, qu’il y participe ou non. Quant au Suisse, qui n’a disputé que l’Open d’Australie en 2020, ce nouveau système de classement est une bénédiction qui lui a laissé le temps de se remettre de ses deux opérations au genou droit pour un retour prévu en 2021.
L’annonce de ce nouveau système de comptage a planté les prémices du retour de la petite balle jaune au cœur de l’été. Un retour sous tension puisqu’il devait se faire outre-Atlantique, là où la situation sanitaire était particulièrement préoccupante. Après l’annulation du tournoi de Washington, c’est le Masters de Cincinnati, exceptionnellement délocalisé à Flushing Meadows, le site de l’US Open, qui a été choisi pour relancer la saison en août. Mais tout était encore flou en raison de restrictions internationales pour voyager et de contraintes très strictes imposées aux joueurs pour prendre part à la tournée américaine dans les meilleures conditions sanitaires… Et pour ne rien arranger, c’est un enchaînement dantesque US Open-Roland-Garros qui attendait les joueurs après cinq mois sans compétition.
Rude reprise en perspective…
AOÛT 2020
C’était enfin le retour de la petite balle jaune en août ! Le gratin du tennis mondial s’était donné rendez-vous à New York pour disputer les deux épreuves de la tournée américaine : le Masters de Cincinnati et l’US Open. Si des cadors comme Rafael Nadal, Stan Wawrinka ou Gaël Monfils ont préféré faire l’impasse sur le deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison, en raison de la situation sanitaire inquiétante aux États-Unis et des fortes restrictions imposées aux joueurs, pour se concentrer sur la (très courte) saison sur terre battue et Roland-Garros, Novak Djokovic a, lui, bien fait le voyage jusqu’à Flushing Meadows. Débarrassé de Nadal et Federer, absents, le Serbe aurait eu tort de se priver d’une si belle opportunité…
Invaincu depuis le début de la saison, le «Djoker» a fait le plein de confiance avant l’US Open en remportant le Masters de Cincinnati. On ne voyait pas alors qui pouvait battre le Serbe à l’US Open, à part lui-même… Et c’est exactement ce qu’il s’est produit sur le ciment new-yorkais ! Contre toute attente, Novak Djokovic, archi-favori pour le titre, a été disqualifié pour avoir envoyé involontairement une balle sur une juge de ligne lors de son huitième de finale contre l’Espagnol Pablo Carreño Busta. A l’arrivée, l’addition de ce geste d’humeur a été particulièrement salée pour le «Djoker».
Non seulement, il a raté une occasion en or de remporter un 18ème tournoi du Grand Chelem pour revenir sur les talons de Nadal (19) et Federer (20) et vu sa série d’invincibilité s’arrêter à 26 victoires consécutives en 2020, mais il a aussi perdu tous ses points obtenus depuis le début de cet US Open, à savoir 180 points pour avoir atteint les huitièmes de finale, et s’est vu priver de son prize-money, soit la somme de 250 000 dollars. Un déconfinement très frustrant pour le Serbe, qui s’était déjà illustré avec le fiasco de l’Adria Tour et des propos anti-vaccin ces derniers mois…
Conséquence directe de ce coup de sang de Djokovic, un nouveau vainqueur en Grand Chelem allait être couronné pour la première fois depuis l’US Open 2014…
SEPTEMBRE 2020
Après l’auto-élimination surprise de Novak Djokovic, qui acta l’intronisation d’un nouveau vainqueur en Grand Chelem à l’issue de l’US Open, plusieurs joueurs savaient qu’ils tenaient là une chance, quasiment unique à l’ère du «Big 3», pour aller décrocher la timbale. Deux joueurs sortaient du lot à Flushing Meadows : Dominic Thiem et Daniil Medvedev. L’Autrichien et le Russe ont été impitoyables tout au long du tournoi et se sont assez logiquement retrouvés aux portes de la finale. Mais Thiem, qui a déjà entrevu la victoire dans un Majeur en début d’année à l’Open d’Australie, s’est montré inébranlable pour s’offrir une nouvelle chance de rejoindre un club dans lequel Federer, Nadal et Djokovic ne laissent presque personne entrer depuis quinze ans, si ce n’est Andy Murray, Stan Wawrinka, Juan Martin Del Potro ou encore Marin Cilic.
Après la qualification de Thiem pour la finale du Grand Chelem new-yorkais, on voyait mal comment le titre pouvait lui échapper, d’autant plus qu’il était opposé à un Zverev fébrile, auteur de prestations déroutantes contre Coric et Carreño Busta lors des matches précédents. Mais gagner une finale de Grand Chelem, ce n’est pas si simple… La pression est terrible et elle peut vous écraser. Et le poids de l’enjeu, celui de rentrer dans l’histoire, a effroyablement pesé sur les épaules des deux joueurs. Après deux premiers sets survolés par Zverev, Thiem a rééquilibré les débats pour arracher une cinquième manche décisive, qui allait faire basculer la rencontre dans le tragi-comique…
Pour vous donner une idée de la crispation qui s’est emparée des deux protagonistes, il y a eu six breaks en douze jeux dans ce dernier set. L’affaire s’est logiquement réglée au tie-break, qui a finalement tourné à l’avantage de Dominic Thiem. A défaut d’être superbe, cette finale restera cependant inoubliable et historique à plus d’un titre. Inoubliable de par son scénario invraisemblable, historique de par son contexte et sa portée. Car Thiem est tout simplement le premier joueur né dans les années 1990 à aller au bout en Grand Chelem.
OCTOBRE 2020
Après le couronnement d’un nouveau joueur en Grand Chelem, Dominic Thiem à l’US Open, tous les regards étaient tournés vers Rafael Nadal sur sa surface fétiche : la terre battue. Et contre toute attente, l’Espagnol a cédé dès son troisième de match de son tournoi de reprise, à Rome, contre Diego Schwartzman. Pour la première fois de sa carrière, Rafael Nadal a donc débarqué à Roland-Garros sans le moindre titre sur terre battue, ni même un match référence, pour aborder le tournoi avec une once de confiance. Et pour ne rien arranger au cas du Majorquin, le Grand Chelem parisien se tenait cette année entre fin septembre et début octobre dans des conditions bien plus humides que fin mai.
Dans cette année qui ne ressemble à aucune autre, Rafael Nadal allait-il être détrôné dans son jardin de la Porte d’Auteuil ? Que nenni. L’Espagnol s’est montré tout simplement impitoyable pour être intouchable. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse froid, qu’il fasse nuit… Rien, absolument rien, n’a ébranlé le Majorquin. Novak Djokovic pensait bien pouvoir poser quelques problèmes au taureau de Manacor en finale… Il a été pulvérisé avec une «bulle» dès l’entame de la finale. Sur un ace, l’Espagnol, qui n’a perdu aucun set durant la quinzaine parisienne, a remporté un 13ème titre à Roland-Garros, son 20ème en Grand Chelem, égalant au passage le record d’un certain Roger Federer.
Rafael est resté Nadal. Finalement, le monde d’après ressemble beaucoup au monde d’avant…
NOVEMBRE 2020
Après avoir travaillé son espagnol comme chaque année à Roland-Garros, avec la victoire habituelle de Rafael Nadal, le circuit s’est soudainement mis à parler russe. La faute à Andrey Rublev d’abord, qui a parfaitement digéré son élimination décevante contre Tsitsipas sur la terre battue parisienne en allant s’imposer à Saint-Pétersbourg puis à Vienne, le tout en décrochant des succès probants contre Thiem, Coric, Shapovalov ou encore Humbert. Mais le Russe a ensuite cédé contre Stan Wawrinka à Bercy… où un autre Russe a pris la lumière !
Complètement invisible durant une bonne partie de cette année 2020 très chamboulée, Medvedev n’a commencé à se faire remarquer qu’à l’US Open, où il semblait en mission pour aller chercher son premier Majeur. Problème, le Russe s’est fait brutalement stopper aux portes de la finale par un autre homme en mission : Dominic Thiem. Abattu par ce revers, le Moscovite a par la suite sombré, en prenant la porte d’entrée à Roland-Garros, puis de manière prématurée à Saint-Pétersbourg et à Vienne. Il était temps que la saison touche à sa fin… jusqu’à ce fameux Masters 1000 de Paris-Bercy.
Bénéficiant de l’abandon de Kevin Anderson pour son entrée en lice, le Russe est ensuite monté en puissance jusqu’en finale. Après avoir écarté Alex De Minaur, Diego Schwartzman et Milos Raonic, il est parvenu à renverser Alexander Zverev pour s’offrir un premier titre qu’il n’attendait plus cette année. «Avant Bercy, je me plaignais à ma femme en disant : ‘Oh mon dieu, je n’ai pas le niveau. Je n’ai même pas joué une finale cette année, je joue trop mal.’ Finalement, je suis le vainqueur du Paris-Masters, un tournoi que j’adore», confia Medvedev après sa victoire parisienne. Un sacre qui en appelait un autre, plus prestigieux encore, de l’autre côté de la Manche…
Requinqué comme jamais au moment d’aborder la dernière édition du Masters de Londres, le Russe avait quelques démons à effacer. Et pour cause, l’apprentissage dans le «Tournoi des maîtres» avait été terrible pour le Moscovite avec trois défaites en trois matches pour sa première participation en 2019. Cette année, les choses ont été complètement différentes avec un parcours immaculé en phase de poules malgré des adversaires de poids comme Djokovic et Zverev. Puis le Russe a démontré l’étendue de ses ressources mentales retrouvées à Paris pour retourner des situations bien mal embarquées contre Nadal et Thiem. A l’issue de cette semaine londonienne, Medvedev est non seulement devenu un maître en remportant le Masters, mais plus que ça, il a réalisé un exploit incroyable : battre les trois meilleurs joueurs du monde dans le même tournoi.
Vivement 2021 !
DÉCEMBRE 2020
Alors que l’année 2020 touche (enfin) à sa fin, les grandes manœuvres s’enchaînent pour préparer la saison 2021. Si l’espoir est de mise avec le début de la campagne de vaccination contre le Covid-19 dans plusieurs pays à travers le monde, il n’empêche que la première partie de la saison qui s’annonce sera forcément perturbée par la pandémie, avant un hypothétique retour à la normale à la fin de l’été ou à l’automne. Ainsi, l’Open d’Australie, qui devait initialement commencer le 18 janvier, débutera finalement le 8 février pour laisser aux joueurs le temps de respecter une quarantaine stricte obligatoire de deux semaines, puis de préparer le premier Grand Chelem de la saison. Pour réduire les risques de contamination, les qualifications de l’Open d’Australie seront organisées à Doha pour les hommes et à Dubaï pour les femmes. Les qualifiés pourront ensuite prendre la direction de Melbourne, où deux tournois WTA 500, deux tournois ATP 250 et l’ATP Cup seront organisés avant le premier Majeur de l’année.
D’ores et déjà, on sait qu’il y aura plusieurs absents de marque sur l’île-continent. Le plus prestigieux d’entre eux n’est autre que Roger Federer, qui veut se laisser un peu plus de temps après ses deux opérations au genou droit. Le Suisse manquera donc une opportunité de remporter un septième titre à l’Open d’Australie, qu’il avait jusque-là toujours disputer au XXIème siècle. Autres absents, français cette fois, Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille, également blessés. Longuement écartés des courts, les deux Tricolores ont encore besoin de temps pour soigner leurs bobos et retrouver le chemin de la compétition.
Malgré ces absences, l’Open d’Australie ne manquera pas de piment avec un Rafael Nadal qui visera un 21ème titre record en Grand Chelem, un Novak Djokovic, frustré à l’US Open et à Roland-Garros, qui tentera de glaner un 9ème titre à Melbourne, et un Dominic Thiem, désormais dans la cour des grands avec son sacre à l’US Open, qui voudra garnir son armoire à trophées en Grand Chelem et se mêler à la bagarre pour le trône de l’ATP. On pourra aussi compter sur Daniil Medvedev, épatant en fin de saison avec deux titres de suite au Rolex Paris Masters puis au Masters de Londres. Le Russe sera forcément attendu au tournant et tentera d’éviter un destin similaire à celui de Dimitrov qui a quasiment disparu des radars depuis son titre au Masters en 2017. Enfin, Stefanos Tsitsipas, en quête de nouvelles sensations fortes, Andrey Rublev, très solide en 2020, Ugo Humbert, nouvel homme fort du tennis français, ou encore l’improbable Nick Kyrgios seront là pour mettre de l’animation à Melbourne, et pourquoi pas créer quelques belles surprises.
En attendant, bon réveillon à tous…
On se retrouve l’année prochaine pour une année de tennis qu’on espère merveilleuse !