Il est un peu plus de 9 heures ce matin (19h à Melbourne) quand Nick Kyrgios pénètre sur la Rod Laver Arena les larmes aux yeux, portant le maillot des Lakers de Kobe Bryant, frappé du numéro 8 dans le dos. L’Australien est comme nous tous, les passionnés de sport : dévasté par l’annonce de la disparition de la légende de la NBA. Lorsque la notification est tombée hier soir sur les téléphones, les mots paraissaient irréels : Kobe Bryant est mort. Qu’on les lise, qu’on les entende, qu’on les prononce, ces mots semblent encore impossibles à croire 24 heures plus tard. Par définition, une légende est immortelle. Du moins son esprit… Car un foutu accident d’hélicoptère – saloperie de machine qui a emporté Alexis Vastine, Camille Muffat, Colin McRae et bien d’autres – a enlevé la vie au quintuple champion NBA dans la brume matinale de Los Angeles. Quelques heures plus tôt, ce dernier félicitait LeBron James pour l’avoir dépassé au classement des meilleurs marqueurs de l’histoire de la NBA. Cela restera le dernier tweet de Kobe Bryant.

Que retenir d’un tel champion ? Qu’il était tout simplement un monstre de travail. Kobe était toujours le premier à arriver à l’entraînement et le dernier à en partir. John Celestand, son coéquipier durant une saison aux Lakers, peut en témoigner : «La première fois que j’ai compris pourquoi il était le meilleur, c’était lors de la pré-saison. Dans un match face aux Wizards, Kobe se fracture le poignet droit. Il était toujours le premier à s’entraîner, tous les jours, avec au moins 1h30 d’avance. Ça avait le don de me rendre fou car je voulais être le premier au gymnase comme c’était le cas à Villanova et à la Piscataway High School. Pour couronner le tout, je vivais à une dizaine de minutes du gymnase alors que Kobe habitait à au moins 35 minutes.»

5 TITRES NBA : LA PRÉDICTION DE KOBE

Impossible de battre la «Mamba Mentality». Pas même quand Kobe Bryant est victime d’une rupture du tendon d’Achille en plein match. Au printemps 2013, alors que les Lakers se bagarrent pour décrocher une place en playoffs, «Black Mamba» porte son équipe à bout de bras, ne s’octroyant que très rarement du repos pendant les rencontres pour récupérer. L’enchaînement a fini par mettre son talon d’Achille au supplice à la toute fin d’un match très serré contre Golden State. Victime d’une faute, il tombe sur le parquet. Mais là où n’importe quel joueur aurait été logiquement évacué sur une civière, Kobe Bryant, lui, se relève, va faire un tour sur le banc pendant un temps-mort, puis revient sur le terrain pour tenter… et réussir ses deux lancers francs. Dans la foulée, Kobe se dirige directement vers les vestiaires sous l’ovation du Staples Center. Légendaire.

Légendaire aussi sa performance réalisée contre Toronto le 22 janvier 2006. Ce jour-là, Kobe en mode MVP plante 81 points contre les Raptors. La deuxième meilleure performance de l’histoire derrière les 100 points de Wilt Chamberlain. Kobe n’avait pas le sens de la modestie, dans son talent comme dans sa personnalité. Il faisait toujours dans la démesure. Et c’est tant mieux… Car au moment de dire au revoir à la NBA le 13 avril 2016, alors qu’il est âgé de 37 ans, il offre une dernière prestation inoubliable au public du Staples Center : 60 points. Légendaire, une fois de plus.

La détermination infaillible de Kobe Bryant, c’est peut-être Shaquille O’Neal, son compère aux Lakers pour former l’un des meilleurs duos de l’histoire de la NBA avec un three-peat (trois titres consécutifs en 2000, 2001 et 2002), qui l’a le mieux décrite dans son autobiographie «Shaq Uncut». La scène se passe quand Kobe Bryant débarque à Los Angeles en 1996. Le «rookie» n’a que 18 ans. «Il était jeune et immature à certains égards mais je peux vous dire une chose : tout ce que Kobe a fait, il me l’avait annoncé à cette époque. Une fois, alors qu’on était assis dans le bus, il m’a lâché : Je vais devenir le meilleur marqueur de l’histoire des Lakers, je gagnerai cinq ou six titres NBA et je serai le meilleur de ce sport.» A l’époque, Shaquille O’Neal avait rigolé. Sauf que Kobe l’a fait. Moins de quatre ans après s’être retiré des parquets, Kobe s’en est allé, avec à ses côtés sa fille Gianna, étoile montante du basket féminin aux États-Unis. Désormais, il y a deux étoiles dans le ciel de Los Angeles.

Mamba out.