Le destin tient parfois à peu de choses. Ce 7 juin 2013 à Roland-Garros, il a tenu précisément à un filet, acteur bien malgré lui d’un match de titans entre Rafael Nadal et Novak Djokovic. On attendait logiquement que le choc entre les deux hommes donnent lieu à des étincelles, le public du Philippe-Chatrier a finalement vu des flammes d’une violence inouïe dans le cinquième set. Cette finale avant l’heure, de par son scénario et son intensité, s’est en effet transformée dans le dernier acte en un combat de boxe Ali-Frazier qui a littéralement fait trembler la terre battue de Roland-Garros.
Il faut dire que ce duel sentait la poudre au vu du passif entre les deux hommes. Quasiment intouchable sur terre battue depuis son premier sacre à Roland-Garros en 2005, Rafael Nadal a finalement trouvé à qui parler en 2011. Cette année-là, il se fait balayer sur ocre deux fois en l’espace de quelques jours, à Madrid puis Rome, face au même joueur : Novak Djokovic. De quoi donner un bel avantage psychologique au Serbe s’il doit affronter Rafael Nadal en finale de Roland-Garros. Mais en 2011, le «Djoker» fut finalement stoppé par un certain Roger Federer au terme d’une demi-finale d’anthologie.
L’année suivante, Djokovic parvient cette fois à retrouver Nadal en finale du Grand Chelem parisien. Mais le match, qui s’est étalé sur deux jours à cause de la pluie, a fini par tourner à l’avantage de l’Espagnol. Djokovic n’a pas démérité, loin de là. Il a même sérieusement inquiété le Majorquin. Cependant, il n’a jamais vraiment réussi à inverser le cours d’une rencontre qu’il achèvera sur une triste double-faute sur la première balle de match de Rafael Nadal. Il s’agit là de la quatrième défaite en autant de rencontres du natif de Belgrade contre l’Espagnol sur la terre battue parisienne. Le cœur meurtri, le Serbe devra retenter sa chance l’année suivante.
SUR COURANT ALTERNATIF PENDANT 4 SETS, DJOKOVIC SE RÉVEILLE
Quand Novak Djokovic se présente à Roland-Garros en 2013, il a des raisons d’espérer. Et pour cause, il a réussi à déloger Rafael Nadal de son rocher, à Monte-Carlo. Le Majorquin a repris la compétition en début d’année après avoir été éloigné des courts pendant sept mois à cause d’une blessure au genou gauche. Après cette déconvenue monégasque, l’Espagnol s’est cependant bien repris dans la foulée en enchaînant 15 victoires consécutives. Une série qui lui a permis d’ajouter trois titres à son palmarès, à Barcelone, Madrid et Rome. Dans ce contexte, leur affrontement à Roland-Garros est attendu avec impatience. Sous un soleil de plomb, Rafael Nadal paraissait parti pour un match relativement tranquille. Dans les quatre premiers sets, l’Espagnol semble en effet au-dessus de son adversaire, mais Djokovic, sur courant alternatif, trouve à chaque fois les ressources pour réagir au bon moment.
Après avoir claqué un cinglant 6-1 dans le troisième set et fait le break dans le septième jeu de la quatrième manche, le Majorquin semblait pourtant avoir fait le plus dur. Mais face à ce Djokovic, dominer ne suffit pas. Il faut l’assommer jusqu’au dernier coup de raquette pour se mettre à l’abri d’une furie qui emporterait tout sur son passage. Décidé à ne pas lâcher l’affaire, le Serbe parvient donc à effacer son break de retard dans la foulée. Nadal décide alors de resserrer l’étreinte en prenant une nouvelle fois le service du Serbe à 5-5. L’Espagnol s’apprête alors à servir pour le match. Mais galvanisé par la force du désespoir, Djokovic, au bord du précipice, lâche davantage ses coups et débreake avant de prendre l’ascendant dans le jeu décisif. Place à la cinquième et dernière manche. Dès lors, le match commence à basculer dans l’irrationnel dans une arène qui ne demande qu’à s’enflammer…
UN SMASH DE TOUS LES DANGERS…
L’intensité augmente dans les échanges, les bras se détendent et les uppercuts, en coup droit comme en revers, commencent à pleuvoir sur le Philippe-Chatrier. Mais le premier uppercut sérieux viendra de Novak Djokovic, qui fait le break d’entrée de cinquième manche après un jeu long de neuf minutes. Pour la première fois, le Serbe est aux commandes de ce match. Pendant quelques minutes, Rafael Nadal a le regard inquiet. Jusqu’à 4-3 en faveur de Djokovic où survient le tournant du match après quatre heures de jeu. Alors qu’il semblait avoir fait le plus dur dans l’échange, le Serbe n’a plus qu’à «déposer» son smash pour conclure. Mais emporté dans son élan, il touche le filet, offrant de facto une balle de débreak à Nadal. Ce n’est pas sur celle-ci mais sur la suivante que le Majorquin revient à hauteur du «Djoker». De 5-3 à 4-4, ce n’est plus du tout la même histoire. Le match vient définitivement de basculer.
Quelques minutes plus tard, à 7-6, Nadal rend définitivement fou Djokovic avec un échange durant lequel il réalise un tweener. Pourtant facilement sur la balle, Djokovic catapulte son smash dans le filet, comme un symbole de ses lacunes à la volée. Le Serbe est écœuré. Fou de rage, le Serbe demandera dans la foulée à l’arbitre de faire arroser le court. Plus rien ne le sauvera cependant. A 8-7 en faveur de Nadal, Djokovic passe totalement à côté de son jeu de service qu’il lâchera blanc sur un dernier coup droit bien trop forcé. Après 4h37 d’un combat devenu homérique dans le cinquième set, le «Djoker» doit une fois de plus s’incliner à Roland-Garros contre le maître des lieux. Deux jours plus tard, Nadal s’offrira un huitième titre Porte d’Auteuil. Djokovic, lui, devra attendre pour soulever la Coupe des Mousquetaires. Cette année-là, il croisera encore la route de Nadal en Grand Chelem, en finale de l’US Open. Et une fois encore, c’est l’Espagnol qui sortira vainqueur de leur duel. Une victoire offrant à l’Espagnol son dixième titre de la saison pour couronner une année d’exception.