A l’arrivée des beaux jours, les oiseaux chantent, le soleil réchauffe les cœurs, les terrasses sont bondées… et Roland-Garros se profile à l’horizon comme le point de départ de l’été. Oui, mais voilà, 2020 est décidément une année à part pour le monde entier, et le Grand Chelem parisien doit composer avec une tangente qui n’est pas de son ressort : l’épidémie de Covid-19. Par conséquent, la Fédération française de tennis (FFT) a pris la décision de reporter Roland-Garros à l’automne, pour une édition qui se disputera du 20 septembre au 4 octobre, sept minuscules jours après l’épilogue de l’US Open de l’autre côté de l’Atlantique.
C’est simple, ce que vit actuellement le tennis mondial est inédit dans son histoire. Après l’annulation de la tournée américaine à Indian Wells et Miami, le report de la phase finale de la Fed Cup, puis la suspension des circuits ATP et WTA, respectivement jusqu’au 26 avril et jusqu’au 2 mai inclus, ce qui engendrait mécaniquement la suppression de plusieurs tournois, dont le Masters 1000 de Monte-Carlo, le tournoi de Roland-Garros apparaissait plus que jamais menacé cette saison.
LA FFT JOUE LA CARTE DE LA SÉCURITÉ FACE AU CORONAVIRUS
La FFT a finalement pris les devants en le repositionnant à l’entrée de l’automne. «Pour préserver de façon responsable la santé de ses salariés, de ses prestataires et fournisseurs pendant la période de préparation, la FFT a décidé de retenir le seul scénario qui conciliera organisation du tournoi en 2020 et lutte contre le Covid-19», a indiqué l’instance dirigeante du tennis français. «C’est une décision difficile mais courageuse que nous avons prise en cette période exceptionnelle et évolutive depuis ce week-end. Nous agissons en responsabilité, nous devons être solidaires les uns des autres dans ce combat pour la sécurité sanitaire de tous», explique Bernard Giudicelli, président de la FFT.
Alors que la France entame aujourd’hui une période de confinement de 15 jours minimum, la préparation de l’édition 2020 de Roland-Garros s’annonçait pour le moins délicate. En choisissant de reporter le tournoi du Grand Chelem au mois de septembre, la FFT se donne une bouffée d’oxygène qui peut lui permettre d’aborder sereinement la préparation de son événement phare. En effet, d’ici six mois, il est fort probable que l’épidémie que nous connaissons actuellement soit derrière nous. C’est du moins ce que j’espère… Cependant, en «parachutant» Roland-Garros entre septembre et octobre, la FFT a donné un sacré coup de pied dans la fourmilière !
US OPEN-ROLAND GARROS, UN ENCHAÎNEMENT DANTESQUE SUR 5 SEMAINES
Première conséquence de cette annonce, elle ferme à double tour la possibilité de replacer Indian Wells et Miami, qui était apparemment sur la table des discussions du conseil des joueurs ces derniers jours. Mais surtout, la nouvelle version du calendrier du tennis mondial, telle qu’elle est aujourd’hui – elle risque encore de bouger ces prochains jours et ces prochaines semaines – va offrir aux fans une boulimie de tennis surréaliste en deuxième partie de saison. Si pour l’instant l’organisation de Wimbledon est en sursis et la tenue des Jeux Olympiques de Tokyo plus qu’incertaine, la tournée nord-américaine estivale, qui passe par le Canada et les États-Unis au mois d’août, semble être à l’abris, sous réserve de l’évolution de l’épidémie de Covid-19.
A partir de l’US Open, un enchaînement dantesque pourrait attendre les joueurs, encore plus difficile que le combo Roland-Garros-Wimbledon. En l’espace de cinq semaines, les acteurs du tennis mondial pourraient en effet être amenés à disputer deux tournois du Grand Chelem que l’océan Atlantique sépare, avec sept jours à peine entre la dernière balle à Flushing Meadows et la première Porte d’Auteuil. Pour les meilleurs joueurs, qui iraient loin dans le tableau à New York, il s’agirait probablement de la période la plus folle de leur carrière… mais aussi de la plus dure physiquement. Et que dire de la transition d’une surface à l’autre… Du ciment new-yorkais traumatisant pour les articulations, il leur faudra instantanément basculer sur la terre battue parisienne, qui fait la part belle aux glissades en bout de course et aux échanges interminables. Face à cette décision, les joueurs n’ont pas manqué de faire part de leur surprise. «C’est de la folie. Annonce majeure de Roland-Garros modifiant les dates pour le mettre une semaine après l’US Open. Aucune communication avec les joueurs ou l’ATP… Nous avons ZÉRO mot à dire dans ce sport. C’est l’heure», a notamment réagi le Canadien Vasek Pospisil. «Trouvez-moi un joueur qui était au courant de cette décision», a de son côté lancé le Suisse Stan Wawrinka, vainqueur en 2015.
Le décor est planté, Roland-Garros l’a imposé.
ROGER FEDERER FINALEMENT DE LA PARTIE PORTE D’AUTEUIL ?
Mais la tenue de Roland-Garros qui donnera le coup d’envoi de l’automne, à défaut de donner celui du printemps, devrait faire grincer quelques dents. Et pour cause, les dates du Grand Chelem parisien se télescopent avec celles de tournois comme Metz, Saint-Pétersbourg ou encore Sofia. Quel avenir pour ces tournois cette saison ? Seront-ils purement et simplement supprimés ? En tout cas, l’hypothèse d’un report est plus que compromise dans une deuxième partie de saison qui s’annonce plus surchargée que jamais. Cerise sur le gâteau, Roland-Garros se tiendra en même temps que la Laver Cup de Roger Federer à Boston. Que décidera le Suisse ? Lui qui devait manquer Roland-Garros après une opération au genou droit…
L’homme aux 20 titres du Grand Chelem avait initialement indiqué qu’il s’agirait de son seul tournoi sur terre battue cette saison. Va-t-il reporter sa Laver Cup à 2021 comme l’a fait l’UEFA pour l’Euro de football ? De son côté, Rafael Nadal va-t-il zapper l’US Open pour se concentrer sur Roland-Garros ? Beaucoup de questions se posent avec cette programmation hors du commun. Toujours est-il qu’il était difficile d’imaginer Roland-Garros supprimé du calendrier dans une année qui doit marquer sa renaissance avec un court Philippe-Chatrier «new look» doté d’un toit et quatre courts équipés d’éclairages pour continuer à jouer à la nuit tombante. La quinzaine parisienne aura bien lieu. Il fera peut-être frais… mais qu’importe, le tennis sera de retour. Et avec un peu de chance, l’été indien planera sur Paris… En attendant, le grand chamboulement du tennis mondial n’est pas terminé ! Un communiqué commun de l’ATP et de la WTA est attendu ce mercredi…
Mais une chose est sûre déjà : jamais l’automne n’aura paru si excitant !