L’interminable feuilleton autour de Novak Djokovic étant enfin terminé, le jeu a repris ses droits à Melbourne Park. Orphelin de son maître des lieux, l’Open d’Australie s’annonce plus ouvert que jamais. En l’absence du Serbe, certains joueurs savent qu’ils tiennent là une occasion en or d’aller chercher un titre du Grand Chelem. Surtout quand on sait que les seuls joueurs à avoir brisé l’hégémonie du «Djoker» aux antipodes lors de la décennie écoulée sont Roger Federer et Stan Wawrinka, tous deux en convalescence à l’heure actuelle… 

Dans le tableau féminin, tout semble également possible alors que les quatre derniers tournois du Grand Chelem ont couronné quatre lauréates différentes. Et si 2022 était enfin l’année de la stabilité sur le circuit féminin ? Début de réponse dans moins de deux semaines à Melbourne… 

En attendant, on se livre à trois prédictions, plus ou moins risquées, pour cet Open d’Australie.

ZVEREV, VAINQUEUR DE SON PREMIER MAJEUR

Dans le sillage d’une superbe deuxième partie de saison l’an passé, Alexandre Zverev semble prêt pour aller au bout en Grand Chelem. L’Allemand a enfin trouvé de la constance et il affiche une sérénité quasiment inébranlable sur le court. Hermétique physiquement et mentalement, le n° 3 mondial a désormais tous les ingrédients pour aller au bout dans un Majeur. Lors du Masters de Turin, il s’était comporté en patron en sortant vainqueur d’une superbe bataille contre Novak Djokovic avant de maîtriser de manière spectaculaire Daniil Medvedev en finale. 

Alexander Zverev n’est plus le même homme et il ne reste plus qu’à confirmer en Grand Chelem. L’an dernier, l’Allemand a remporté les deux plus grands tournois en deux sets gagnants, à savoir les Jeux Olympiques et le Masters. Un bel accomplissement, mais insuffisant pour un joueur de sa trempe. Il est temps pour lui de décrocher la timbale dans l’une des quatre plus grands tournois du monde. En l’absence de Novak Djokovic, l’occasion est trop belle pour la rater. Et le champion olympique ne le sait que trop bien… Il est ainsi apparu assez tendu et agacé lors de son premier match contre son compatriote Daniel Altmaier, mais il a su s’en sortir en trois sets (7-6, 6-1, 7-6). Savoir gagner sans être inspiré, c’est aussi la marque des plus grands. 

A Zverev désormais de montrer qu’il peut devenir un géant.

Attention cependant à Daniil Medvedev, finaliste l’an dernier et surtout vainqueur à l’US Open, qui aura à cœur de devenir le taulier circuit. Attention également à Rafael Nadal qui a un joli coup à jouer à Melbourne pour aller chercher un 21ème titre du Grand Chelem… L’Espagnol ne s’est imposé qu’une seule fois dans le Majeur australien. C’était en 2009 contre Roger Federer.

Une autre époque…

BARTY, SEULE AU MONDE

L’an passé, Ashleigh Barty avait réalisé une magnifique saison, marquée par un deuxième titre du Grand Chelem à Wimbledon, malgré de longs mois passés loin de son Australie natale. Usée mentalement et physiquement, elle avait préféré stopper les frais après l’US Open. Mais malgré la fatigue logique accumulée par l’Australienne dans le contexte sanitaire actuel, elle apparaissait de plus en plus comme une patronne en puissance. Serena Williams et Bianca Andreescu blessées, Naomi Osaka en difficulté sur le plan mental, le circuit féminin se cherche désespérément une patronne durable. Et ça pourrait bien être Ashleigh Barty…

Pour son retour à la compétition, l’Australienne n’a pas fait dans la dentelle à Adélaïde où elle a décroché le titre en battant successivement Sofia Kenin, Iga Swiatek et Elena Rybakina. Elle s’est même payée le luxe de s’imposer également dans le tournoi de double avec sa compatriote Storm Sanders. Attention, la tornade du Queensland est bel et bien de retour ! La pauvre Lesia Tsurenko a d’ailleurs pu le constater au premier tour de l’Open d’Australie. La joueuse ukrainienne s’est fait littéralement broyée en 56 minutes par la n°1 mondiale (6-0, 6-1). C’est ce qui s’appelle marquer les esprits et envoyer un message clair à la concurrence, si tant est qu’elle existe… 

La dernière lauréate en Grand Chelem, Emma Raducanu, peine à digérer son sacre à l’US Open et n’a pas existé lors de son premier match de la saison à Sydney, perdu en 56 minutes. La jeune Britannique n’est parvenue qu’à prendre un jeu à Elena Rybakina (6-0, 6-1) pour son premier match de l’année. Et ce n’est guère mieux pour Aryna Sabalenka, qui n’a gagné aucun match lors de ses deux tournois de préparation à l’Open d’Australie. Contre Rebecca Peterson à Adélaïde, la Bélarusse a même complètement craqué après avoir commis pas moins de 21 double-fautes. Vraiment,  Ashleigh Barty semble seule au monde… Évidemment, le circuit féminin n’est jamais radin en surprises, mais si l’Australienne reste sur sa dynamique actuelle, elle sera très très très dure à battre. 

Bon courage à ses adversaires !

UN FRANÇAIS EN DEUXIÈME SEMAINE

On ne va pas se mentir, ce n’est pas la folie pour le tennis français en ce moment. Le clan tricolore sort en effet d’une année 2021 cauchemardesque… Pour la première fois depuis 1890, aucun joueur français (hommes et femmes confondus) n’est parvenu à atteindre les huitièmes de finale d’un Grand Chelem. Pire encore, aucun Bleu n’a dépassé le deuxième tour à Roland-Garros et à Wimbledon. Difficile cependant de s’étonner de ce bilan si fade puisqu’il n’y a qu’un seul Français (Gaël Monfils) dans le Top 30 au classement ATP et pas la moindre Française dans les 50 premières au classement WTA. Bien sûr, il y a parfois des surprises, et Hugo Gaston, qui a enflammé Bercy l’an passé, en était une magnifique à Roland-Garros en 2020… Mais depuis, c’est le néant.

Toutefois, il y a des motifs d’espoir en ce début d’année qui laissent penser que 2022 ne sera pas une cuvée aussi décevante que 2021. Et pour cause, le climat australien a plutôt réussi à quelques Tricolores ces dernières semaines, à l’image de Gaël Monfils. Le Français avait déjà retrouvé quelques couleurs fin 2021 et cela se confirme en ce premier mois de l’année 2022, avec un titre remporté à Adélaïde pour préparer idéalement le premier tournoi du Grand Chelem de la saison. En février 2021, Gaël Monfils quittait Melbourne en larmes dès le premier tour de l’Open d’Australie. Un an plus tard, ce n’est plus du tout la même histoire. Non seulement le Parisien a été expéditif pour son entrée en lice face à Federico Coria (6-1, 6-1, 6-3), mais en plus son horizon s’est considérablement dégagé avec l’expulsion de Novak Djokovic. Au troisième tour, Monfils aurait dû tomber sur le n°1 mondial. Finalement, il se retrouve avec un tableau dégagé où il pourrait retrouver Lorenzo Sonego, 26ème joueur mondial, en huitièmes de finale.

On y croit !

Autre Tricolore qui brille en ce début d’année, c’est Arthur Rinderknech. En progression constante ces derniers mois, le Français, qui s’est formé aux États-Unis, a disputé sa première finale ATP il y a quelques jours. Malgré la défaite face à Thanasi Kokkinakis à Adélaïde, le joueur de 26 ans se savait sur la bonne trajectoire. Et cela s’est vu lors de son premier tour à l’Open d’Australie. Dans une ambiance volcanique contre l’Australien Alexei Popyrin, Arthur Rinderknech a résisté à tout pour s’offrir une superbe victoire en cinq sets (7-5, 4-6, 6-2, 3-6, 6-3). Beaucoup auraient craqué dans cette atmosphère particulière, mais lui a tenu bon. Son expérience des matches universitaires au Texas dans des ambiances brûlantes lui a probablement été d’un grand secours. «Au final, je vous l’ai ciré votre Australien», a lâché le Tricolore après la rencontre. 

On en redemande !