On connaît désormais toutes les affiches du dernier carré à Roland-Garros. Après Diego Schartzman et Rafael Nadal mercredi, Stefanos Tsitsipas, impressionnant contre Rublev, a pris rendez-vous contre un Novak Djokovic relativement fébrile. Dans le tableau féminin, Sofia Kenin a écarté sa compatriote Danielle Collins pour retrouver Petra Kvitova dans la demi-finale des favorites. Celle des outsiders opposera Nadia Podoroska à Iga Swiatek.

DJOKOVIC, UN QUART SOUS TENSION

Un mois et un jour après sa disqualification à l’US Open, Novak Djokovic retrouvait Pablo Carreño Busta, le joueur qui lui avait fait perdre ses nerfs à Flushing Meadows, au point d’envoyer involontairement une balle sur une juge de ligne. Depuis cet épisode malheureux, de l’eau a coulé sous les ponts, et les choses vont beaucoup mieux pour le Serbe. Il a décroché le titre à Rome et s’est amusé à distribuer les claques à Roland-Garros pour rallier les quarts de finale. Cependant, contre Pablo Carreño Busta, le «Djoker» a bien failli revivre un cauchemar, mais pour des raisons différentes…

Le Serbe était-il tendu ou blessé avant d’entrer sur le court ce mercredi ? Tendu, c’est une certitude, blessé, cela reste à voir. Toujours est-il que Djokovic a surpris tout le monde dans le premier set en évoluant sur le court avec une large bande chauffante sur la nuque, conséquence de douleurs aux cervicales ressenties le matin-même à l’entraînement. Mais plus surprenant encore, le Serbe a semblé également gêné par des douleurs au bras gauche, dans la mesure où il l’a frappé énergiquement aux changements de côté, et même aux jambes, au vu de ses nombreux étirements. Tel un fantôme dans cette première manche, Djokovic a commis 16 fautes directes. Il n’en fallait pas plus pour permettre à Carreño Busta, bien plus mobile et agressif que le Serbe sur le court, de virer en tête au tableau d’affichage à l’issue de la première manche.

Après cette entame improbable, Djokovic est enfin parvenu à rentrer dans son match pour rééquilibrer les débats puis prendre l’avantage dans cette drôle de partie (4-6, 6-2, 6-3). Sans convaincre, le natif de Belgrade a simplement serré le jeu contre un adversaire qui n’a pas su saisir sa chance dans les moments décisifs. Avec trois balles de break converties sur les treize obtenues sur l’ensemble de la rencontre, l’Espagnol pourra nourrir des regrets. Surtout que le «Djoker» a joué à se faire peur jusqu’au bout, laissant plusieurs opportunités à son adversaire de revenir. Mais heureusement pour le Serbe, qui a lancé quelques cris de rage en fin de rencontre, il n’est pas parvenu à les concrétiser. 

Vainqueur en quatre sets (4-6, 6-2, 6-3, 6-4) d’un match sans saveur, qui aura attendu le quatrième et dernier set pour avoir l’apparence d’un quart en Grand Chelem, Djokovic laisse une impression étrange à deux jours de sa demi-finale contre Tsitsipas, sa 38ème en Grand Chelem. Mystérieux, le Serbe l’a été jusqu’en conférence de presse, en déclarant : «Je ne veux pas trop entrer dans les détails. Je suis encore dans le tournoi donc je ne veux pas trop en dire.» Simple tension ou vraie blessure ? Réponse vendredi lors de la dixième demi-finale du «Djoker» sur la terre battue parisienne. 

TSITSIPAS, LA REVANCHE ÉCLATANTE

Hambourg n’est pas Paris, et Andrey Rublev a pu s’en apercevoir dans les grandes largeurs sur le Court Philippe-Chatrier ce mercredi. Victorieux de Stefanos Tsitsipas en Allemagne il y a de cela dix jours, le Russe pensait remettre le couvert contre le Grec à Roland-Garros. Le début de la rencontre soutenait cette hypothèse puisque Rublev a été le premier à prendre le service adverse. Mais alors qu’il semblait parti pour boucler la première manche, le Russe a connu un passage à vide qui a permis à Tsitsipas de griller la politesse à son adversaire du jour pour prendre les commandes de la partie. Après le premier set en poche, c’est une véritable tornade grecque qui s’est alors abattue sur Rublev sur le Central de la Porte d’Auteuil…

Inspiré et puissant, Tsitsipas en a fait voir de toutes les couleurs au Russe, contraint de quitter sa ligne de fond de court, la zone où il est le plus à l’aise. Semblant perdu sur le court à certains moments, Rublev a bien tenté de se révolter. Sans succès. Pas de révolution russe à l’horizon, mais un Tsitsipas en mode intouchable, qui aura claqué 35 coups gagnants. Le Grec s’est montré particulièrement adroit au filet avec 94% de réussite dans ce registre (16 points gagnés sur 17 montées). Rublev a essayé de retarder l’inéluctable dans le troisième set, mais c’était peine perdue. Frustré, le Russe en a jeté sa raquette de rage sur la terre battue. Il n’y avait rien à faire face à ce Tsitsipas qui l’a facilement emporté en 1h55 (7-5, 6-2, 6-3).

De retour dans le dernier carré d’un Grand Chelem après une première expérience douloureuse à l’Open d’Australie en 2019 (il n’avait inscrit que six jeux contre Rafael Nadal), Stefanos Tsitsipas a cette fois l’avantage d’avoir plus d’expérience et une confiance au zénith. Depuis son parcours fracassant à Melbourne, marqué par une victoire contre Roger Federer, le sixième mondial a grandi et remporté le Masters de Londres. Après un départ diesel dans ce Roland-Garros, l’Athénien de 22 ans ne cesse de monter en puissance, avec des succès probants contre Dimitrov et donc Rublev. Depuis la perte des deux premiers sets contre Jaume Munar au premier tour, le Grec est sur une série de 15 sets consécutifs remportés. Série qu’il tentera de poursuivre lors de sa demi-finale contre Novak Djokovic. Et peut-être en finale ?

KVITOVA ET KENIN AU RENDEZ-VOUS

Petra Kvitova est en mission à Paris. Toujours aussi impériale, la Tchèque n’a laissé aucune chance à Laura Siegemund mercredi pour rejoindre le dernier carré de Roland-Garros pour la première fois depuis 2012. Contre l’Allemande, Kvitova n’a pas eu à forcer son talent pour poursuivre sa route dans le tournoi. Avec 22 coups gagnants (contre 12 pour Siegemund), elle était beaucoup trop forte pour son adversaire, qui était de surcroît visiblement touchée au dos. 

La Tchèque, tête de série n°7, tentera de s’offrir une première finale dans le Majeur parisien face à Sofia Kenin. L’Américaine, lauréate de l’Open d’Australie en début d’année, a eu besoin de trois sets pour se défaire de sa compatriote Danielle Collins, qui a certainement payé son enchaînement huitième-quart en seulement 24 heures. Le dernier acte a d’ailleurs été à sens unique avec un 6-0 en faveur de Kenin. A seulement 21 ans, l’Américaine visera sa deuxième finale de l’année en Grand Chelem. Kenin et Kvitova sont les dernières têtes de série encore en lice dans ce Roland-Garros qui aura été très riche en surprises…