Après deux journées difficiles pour les Français, Clara Burel et Fiona Ferro ont redonné des couleurs au clan tricolore. Qualifiées pour le troisième tour, les deux joueuses tenteront de prolonger le plaisir samedi Porte d’Auteuil. Dans le même temps, les têtes de série continuent de tomber comme des mouches. Après Serena Williams et Victoria Azarenka la veille, c’est Karolina Pliskova qui a disparu des écrans radars ce jeudi. Tout comme Denis Shapovalov dans le tableau masculin…

BUREL DANS LES PAS DE GASTON 

Il y a deux ans, Clara Burel et Hugo Gaston brillaient aux Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires. La première avait remporté en Argentine la médaille d’argent en simple ainsi qu’une médaille de bronze en double mixte avec le deuxième. Hugo Gaston avait également raflé une médaille d’or en simple et une médaille de bronze en double garçons. Désormais, les voilà tous les deux au troisième tour de Roland-Garros. Voilà pour le clin d’œil du destin, qui s’est même invité encore une fois lors du match de la Française lors de son deuxième tour. Âgée de 19 ans, Clara Burel a en effet affronté la Slovène Kaja Juvan, 103ème mondiale, celle-là même qui l’avait battue en finale des Jeux Olympiques de la jeunesse en 2018. Mais cette fois-ci, le dénouement a été plus heureux pour la Tricolore.

Tout s’est joué dans un premier set tendu qui s’est finalement achevé sur un jeu décisif. Lors de ce dernier, Clara Burel, titulaire d’une wild-card comme Hugo Gaston, a sauvé deux balles de set avant de prendre les commandes de la partie. Libérée par le gain du premier set, la jeune Française s’est rapidement envolée dans la deuxième manche. Malgré une petite frayeur en fin de match, elle a parfaitement maîtrisé son sujet face à la tombeuse d’Angelique Kerber pour l’emporter en deux sets (7-6, 6-2) et s’ouvrir les portes du troisième tour à Roland-Garros. C’est la première fois de sa carrière qu’elle va aussi loin dans un tournoi du Grand Chelem. Lors de son prochain match, elle défiera la Chinoise Shuai Zhang, qui a éliminé une autre Française, Alizé Cornet, au deuxième tour. Pour une autre belle surprise ?

FERRO, L’AUTRE BONNE NOUVELLE FRANÇAISE

En août, Fiona Ferro avait frappé fort en remportant le tournoi de reprise du circuit féminin à Palerme. La Française semblait alors sur les rails pour faire une belle tournée américaine. Mais à cause d’une gêne à une côte (et peut-être aussi en raison de la pandémie de Covid-19), elle avait finalement renoncé à s’envoler de l’autre côté de l’Atlantique. De quoi lui permettre de se soigner et de préparer la saison sur terre battue, bien que cette préparation sur ocre ait été tronquée, toujours à cause de côte douloureuse. Sans compétition dans les jambes, Fiona Ferro s’est présentée à Roland-Garros dans le flou le plus absolu.

Pourtant, cela n’a pas ébranlé plus que ça la Tricolore qui, après un succès probant au premier tour contre la Britannique Heather Watson, a fait plaisir au public du court Philippe-Chatrier en sortant, non sans mal, la tête de série n°14, Elena Rybakina. Malgré un service en demi-teinte (55% de premières balles), la Française a été la plus entreprenante sur le court, avec 36 coups gagnants (contre 19). Mais faire le jeu comporte son lot de risques, comme en témoignent ses 37 fautes directes. Tout n’a pas été parfait, mais c’est bien Fiona Ferro qui a eu le dernier mot après deux heures de jeu (6-3, 4-6, 6-2). Pour l’anecdote, Elena Rybakina est la dernière joueuse à avoir battu la Française. Le sort est désormais conjuré. Au troisième tour, Fiona Ferro sera opposée à Patricia Maria Tig, une joueuse qui se sent bien sur ocre puisqu’elle vient de remporter le tournoi d’Istanbul.

REVOILÀ OSTAPENKO !

Depuis sa victoire surprise à Roland-Garros en 2017, Jelena Ostapenko n’a pas franchement brillé pour sa régularité. Mais qu’on ne lui jette pas la pierre, car il est bien difficile de dégager une vraie hiérarchie sur le circuit féminin depuis de nombreuses années. Toujours est-il que depuis deux ans et une demi-finale à Wimbledon, on n’a plus vu la Lettonne jouer les premiers rôles dans les Majeurs. Jusqu’à ce Roland-Garros 2020… Après une victoire expéditive au premier tour contre Madison Brengle (6-2, 6-1), elle a remis ça au deuxième tour en frappant très fort. Ostapenko a tout simplement écarté Karolina Pliskova, la tête de série n°2. La Tchèque, pas au mieux physiquement depuis son abandon en finale à Rome, avait déjà pris la porte au même stade de la compétition à l’US Open.

Habituée à bombarder à tout bout de champ, la Lettonne a appris à un peu plus poser son jeu ces dernières semaines. Car si balancer des missiles peut s’avérer très utile quand ils restent dans les limites du terrain, cela s’accompagne souvent d’un nombre abyssal de fautes directes. Contre Pliskova, Ostapenko s’est davantage installée dans l’échange et cela lui a souri. Évidemment, Jelena ne serait pas vraiment Ostapenko sans quelques prises de risque, comme l’ont montré ses 19 fautes directes en 1h09 de jeu. Mais avec 27 coups gagnants, elle a constamment maintenu la tête de son adversaire sous l’eau.

Quand la Lettonne commence à distribuer les parpaings aux quatre coins du court, les choses se compliquent… Simona Halep peut en témoigner. Alors qu’elle tenait les clés de la finale sur la terre battue parisienne en 2017, elle n’a rien pu faire face au réveil de la tornade lettonne. Ce jour-là, Ostapenko avait réussi 54 coups gagnants… pour 54 fautes directes. 2017, c’est d’ailleurs la seule année où Jelena Ostapenko a dépassé le premier tour à Roland-Garros. Avant cette édition 2020… Rendez-vous le 10 octobre sur le court Philippe-Chatrier ?

DJOKOVIC ET TSITSIPAS À LA VITESSE DU SON

Au lendemain d’un avion de chasse qui a franchi le mur du son au-dessus de Paris, ce sont deux supersoniques d’un autre type qui sont passés sur la terre battue de Roland-Garros. En effet, Novak Djokovic et Stefanos Tsitsipas n’ont pas traîné pour rejoindre le troisième tour. Le Serbe a fait encore mieux qu’au premier tour. S’il a une nouvelle fois concéder seulement cinq jeux contre le malheureux Ricardas Berankis, il a progressé au niveau du temps passé sur l’ocre, puisqu’il n’est resté que 83 minutes sur le Chatrier ce jeudi, contre 98 minutes 48 heures plus tôt. Décidé à plier l’affaire rapidement, Djokovic n’a laissé aucune chance au Lituanien, si ce n’est deux balles de break sauvées par le Serbe, pour s’offrir un 70ème succès à Roland-Garros. Avec à peine dix jeux concédés et trois heures passées sur le terrain, le «Djoker» réalise un début de tournoi idéal. Au troisième tour, il devrait encore une fois se régaler contre le lucky-loser colombien Daniel Elahi Galan, facile vainqueur de l’Américain Tennys Sandgren.

Quant à Stefanos Tsitsipas, il a passé seulement cinq minutes de plus sur le court ce jeudi. Le Grec s’est montré impérial face à l’Uruguayen Pablo Cuevas, ne lui laissant que sept jeux en trois sets. Une victoire facile qui tranche avec le premier tour du vainqueur du Masters 2019 il y a deux jours. Pour son entrée en lice, Tsitsipas avait été hors du coup pendant deux sets avant de se faire violence pour s’éviter une nouvelle déconvenue en Grand Chelem. Rassuré par sa performance du jour, le Grec va pouvoir aborder avec plus de sérénité la suite du tournoi. Au troisième tour, il affrontera Aljaz Bedene, un adversaire largement à sa portée. avant un possible quatrième tour contre Grigor Dimitrov. Les amateurs de revers à une main s’en réjouissent déjà…

LA BATAILLE DU JOUR

A force de courir après le score, Denis Shapovalov a fini par se prendre les pieds dans le tapis. Membre du Top 10, le Canadien a pris la porte dès le deuxième tour à la surprise générale. Il est tombé sur un os espagnol, nommé Roberto Carballés Baena. Shapovalov a vécu un véritable enfer pendant cinq heures sur le court Suzanne-Lenglen face à un joueur, modeste 101ème mondial, qui a eu le mérite de s’accrocher jusqu’au bout.

Malgré des douleurs aux adducteurs, le Canadien pensait avoir fait le plus quand il est revenu à deux manches partout, et plus encore quand il a servi pour le match à deux reprises dans le cinquième set. Mais à chaque fois, l’Espagnol a fait l’effort pour revenir à hauteur et manger un peu plus le cerveau de Shapovalov. Après une longue bagarre, c’est donc Roberto Carballés Baena qui a raflé la mise en enlevant la dernière manche au bout du suspense (8-6). Avec 106 fautes directes (!) au total, le Canadien est logiquement sorti vaincu de ce combat. Il a pourtant inscrit seulement deux points de moins que son adversaire (194 contre 196). A 27 ans, Roberto Carballés Baena s’offre un troisième tour en Grand Chelem pour la première fois de sa carrière.

Contre Grigor Dimitrov, ce sera sûrement une autre histoire…