Alors qu’elle devait être le théâtre de combats acharnés dans le désert californien puis en Floride, la traditionnelle tournée américaine de mars a été annulée à cause de la crise du coronavirus. En ce week-end pascal en pleine période confinement, on vous propose d’imaginer ce qui se serait passé si le combo Indian Wells-Miami était resté au programme. C’est totalement subjectif… mais on s’est dit que ça ne ferait pas de mal dans ces temps troublés.

ATTENTION, TENNIS-FICTION !

Après un départ canon cette saison, qui l’a vu remporter 3 titres (ATP Cup, Open d’Australie et DubaÏ) et enchaîner 18 victoires consécutives, Novak Djokovic se présentait dans le désert californien dans le costume d’immense favori. A Indian Wells, le Serbe a connu des débuts tranquilles en disposant facilement de Richard Gasquet, avant d’éviter de justesse le piège John Millman. Ce dernier était passé à deux points de la victoire contre Roger Federer à l’Open d’Australie avant d’encaisser six points consécutifs pour voir l’exploit s’envoler. En Californie, l’Australien menait 6-0 dans le tie-break du troisième set. Et devinez quoi… Il a encore tremblé au moment de conclure ! Après six balles de match sauvées, un ace et une double-faute adverse pour conclure, Novak Djokovic a savouré son improbable remontée, lui qui avait déjà écœuré Gaël Monfils à Dubaï en sauvant trois balles de match. Ça valait bien un déchirage de maillot dans les règles de l’art pour fêter ça.

DJOKOVIC INSUBMERSIBLE À INDIAN WELLS… PUIS LA TUILE À MIAMI

En grande forme, le Serbe n’a pas fait de détails par la suite pour rallier la finale, en enchaînant les corrections contre Taylor Fritz, Grigor Dimitrov et Matteo Berrettini. Pour garnir un peu plus son armoire à trophées, Novak Djokovic a retrouvé une tête bien connue, qui lui a causé les plus grandes frayeurs à Melbourne, à savoir Dominic Thiem, tenant du titre à Indian Wells. Une fois de plus, ce duel n’a pas déçu avec une belle bagarre sur le court. Cependant, dans le troisième set, Dominic Thiem, épuisé par sa demi-finale éreintante contre Rafael Nadal, a fini par s’effrondrer lors du fameux septième jeu, si cher à notre ami Jean-Paul Loth. Invincible, Novak Djokovic s’est ainsi adjugé son quatrième titre de la saison dans le désert californien, où il ne s’était plus imposé depuis 2016.

Avec 18 victoires consécutives au compteur, le Serbe espérait bien poursuivre sa belle série à Miami. Mais elle fut stoppée brutalement dès son entrée en lice en Floride face à un Nick Kyrgios de gala. La rencontre a été marquée par trois avertissements consécutifs infligés au n°1 mondial par l’arbitre de chaise pour dépassement de temps au service. Fou de rage, le Serbe a déchaussé l’arbitre. A l’Open d’Australie, il avait déjà caressé les chaussures de l’arbitre en finale. Jamais deux sans trois. Vivement Monte-Carlo !

MONFILS EN FORME EN FLORIDE, MEDVEDEV REPREND GOÛT À LA VICTOIRE

Novak Djokovic out, c’est l’autre homme en forme de ce début de saison qui a brillé à Miami. Il ne s’agit ni plus ni moins que de Gaël Monfils, auteur d’une belle série de 12 victoires de suite en février, qui a lui a permis de remporter deux titres coup sur coup, à Montpellier puis à Rotterdam. Après un tournoi d’Indian Wells, où il avait cédé dès les huitièmes contre Stan Wawrinka, la Monf’ s’est distinguée en Floride avec des victoires probantes contre Stefanos Tsitsipas et Félix Auger-Aliassime, deux étoiles montantes du circuit ATP.

On retiendra que Gaël Monfils a claqué un 360 «Slam Dunk Smash» d’anthologie contre Stefanos Tsitsipas, le Grec ayant d’ailleurs réussi l’exploit de «casser» quatre fois ses lacets durant la rencontre. Après sa victoire, le Français confiera que l’idée de ce coup aussi fou que spectaculaire lui est venue après une partie sur NBA 2K20 contre Nick Kyrgios. En revanche, le Parisien a fini par coincer aux portes de la finale contre Daniil Medvedev, enfin de retour au premier plan après sa deuxième partie de saison flamboyante l’an passé, durant laquelle il avait enchaîné six finales consécutives, dont celle à l’US Open contre Rafael Nadal, perdue au terme d’une bataille homérique.

Pour sa première finale depuis près de six mois, le Russe n’a pas tremblé, en prenant facilement le dessus contre un Dominic Thiem une nouvelle fois émoussé par une demi-finale de 3h37 la veille face à Rafael Nadal. Cruelle tournée américaine pour l’Autrichien, qui aura disputé les deux finales des deux premiers Masters 1000 de la saison, sans avoir pu défendre pleinement ses chances. Mais qu’importe, la saison sur terre battue arrive, et Dominic Thiem compte bien faire tomber le Roi Nadal de son trône à Roland-Garros après deux finales malheureuses lors des deux éditions précédentes.

PAIRE-WAWRINKA, LA DOUBLE DOSE DE BONHEUR (ET D’ALCOOL)

Au-delà de nous offrir de superbes batailles, à l’image de celle entre Rafael Nadal et Alexander Zverev à Indian Wells, cette tournée américaine aura mis en lumière un duo insoupçonné d’humoristes. Oubliez le Jamel Comedy Club, oubliez Gad Elmaleh, oubliez Maxime Gasteuil, oubliez Marina Rollman, voici Benoît Paire et Stan Wawrinka ! Alignés en double à Indian Wells et à Miami, les deux compères n’ont, hélas, pas quitter les États-Unis avec un trophée dans leurs bagages, mais ils nous auront bien fait rire en enchaînant les prestations de haute volée.

A Melbourne, Benoît Paire avait déjà fait parler de lui en clamant haut et fort qu’il entendait bien siroter quelques cocktails sur la plage aux Philippines après sa défaite rageante en cinq sets contre Marin Cilic. Sauf que l’Avignonnais avait encore le premier tour du tournoi de double à disputer avec l’Italien Simone Bolelli. Et à la surprise générale, le Français avait sorti ses compatriotes Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, pourtant tenants du titre à l’Open d’Australie.

Devinez quoi ? Benoît Paire a remis ça à Indian Wells avec Stan Wawrinka. Après avoir éliminé une nouvelle fois la paire Mahut-Herbert, Benoît Paire a demandé à un ramasseur de balles d’apporter deux mojitos pour fêter sa victoire comme il se doit. Les organisateurs étaient visiblement au courant de l’appétence du Français et du Suisse pour les cocktails, car les mojitos sont arrivés en à peine une minute. Une fois les verres vidés, Paire et Wawrinka ont entamé un paquito endiablé avec le public californien. On en redemandait !

CAPOEIRA, KUNG-FU ET TEQUILA, LE COCKTAIL GAGNANT

Finalement sortis au tour suivant, le Tricolore et l’Helvète ont retenté leur chance en Floride. Vainqueurs de la paire Fognini-López au premier tour, durant lequel Benoît Paire a fracassé quatre raquettes et échangé quelques amabilités avec l’Italien, la paire franco-suisse a retrouvé par la suite la paire Kyrgios-Sock, habituée à disputer ensemble la Laver Cup de Federer. Avec Paire et Kyrgios sur le court, on pouvait s’attendre à des étincelles. Et nos attentes ont été largement dépassées…

Dans un match très agréable où Stan Wawrinka enchaînait les revers surpuissants et Nick Kyrgios les tweeners, le ton est subitement monté sur un point accordé à la paire australo-américaine au milieu du deuxième set. N’ayant plus le droit au hawk-eye, Benoît Paire ayant vendangé trois challenges consécutifs dans le premier jeu de la manche, le Français a tenté par tous les moyens de convaincre l’arbitre que la balle était faute. Prenant même son smartphone pour prendre en photo la trace, il a publié le cliché sur les réseaux sociaux avec la légende : «La balle est à 20 centimètres de la ligne mais l’arbitre la voit bonne. @opticiensatol, vous pouvez lui offrir une paire ?» Mais rien n’y fait, l’arbitre ne bronche pas.

Deux minutes plus tard, Nick Kyrgios allume copieusement Stan Wawrinka. Le Suisse lui répond sur le point suivant avec un sublime «headshot». Les deux protagonistes en viennent aux mains et s’engagent dans un combat de capoeira. Benoît Paire met fin à l’opposition avec un tacle kung-fu sur Nick Kyrgios que n’aurait pas renié Nigel de Jong. L’arbitre décide alors de mettre fin au match en disqualifiant le Français. «18h47, c’est l’heure du cul sec !», dira Benoît Paire à la sortie du court en jetant un œil à l’horloge avant d’attraper une bouteille de tequila tendue par un fan. Le point de départ d’une folle soirée à Miami qu’il ne manquera pas de partager sur Instagram.

Santé Marion !