Décidément bien étrange, cet US Open 2020 a réservé son lot d’émotions et de surprises la nuit dernière à Flushing Meadows. Pendant qu’Adrian Mannarino a bien failli être exclu du tournoi par les autorités américaines, Stefanos Tsitsipas a pris la porte malgré six balles de match. Il y en a qui vont se réveiller avec un sacré mal de crâne à l’issue du Grand Chelem new-yorkais…

LE MATCH

Que l’Open d’Australie 2019 et sa victoire éclatante contre Roger Federer semblent loin pour Stefanos Tsitsipas… A l’US Open, le Grec, vainqueur du Masters l’an passé, a connu une nouvelle désillusion en Grand Chelem avec une élimination dès le troisième tour à l’issue d’une bataille au scénario improbable face au Croate Borna Coric. Pourtant, la rencontre était plutôt bien embarquée pour Tsitsipas puisqu’il menait deux sets à un et 5-1 dans la quatrième manche. Et puis la mécanique grecque s’est enrayée de manière surprenante, laissant Coric revenir dans le match… Malgré un bras qui se crispait au fil des minutes, le Grec a toutefois réussi à se procurer la bagatelle de… six balles de match ! Il n’en convertira aucune. 

Au bord du gouffre, son adversaire a opéré une remontée aussi spectaculaire que miraculeuse pour aligner six jeux consécutifs et s’offrir un cinquième set. Évidemment bien mieux que Tsitsipas sur le plan mental après ce retournement de situation, le Croate a tenu bon physiquement dans la dernière manche pour arracher le jeu décisif. Dans ce dernier, Coric a fourni un dernier fort pour écœurer définitivement un Tsitsipas qui aura pourtant réalisé plus de coups gagnants (59 contre 53) et commis moins de fautes directes (42 contre 50) que le Croate. «C’est probablement la chose la plus drôle et triste à la fois qui me soit arrivée dans ma carrière», écrira le Grec sur Twitter dans la foulée de cette défaite cruelle. Une de plus après son combat homérique perdu contre Stan Wawrinka à Roland-Garros l’an passé… Depuis le traumatisme parisien, Stefanos Tsitsipas ne parvient plus à faire mieux qu’un troisième tour dans les tournois du Grand Chelem. Nouvelle tentative dans trois semaines à Roland-Garros…

LA SITUATION WTF

Si Netflix manque d’inspiration pour créer une nouvelle série française, la firme américaine devrait jeter un œil du côté du Queens, à New York… Et pour cause, le test positif au coronavirus de Benoît Paire a provoqué une succession d’événements plus incroyables les uns que les autres pour les joueurs qui ont été en contact rapproché avec l’Avignonnais lors du Masters 1000 de Cincinnati. Demandez plutôt à Adrian Mannarino qui a passé une journée hors du commun, lors de laquelle il est passé par toutes les émotions…

Programmée en début d’après-midi sur le Louis-Armstrong Stadium, la rencontre entre le Français et Alexander Zverev n’a pas débuté à l’heure prévue… Et pour cause, les autorités américaines ont tout simplement voulu empêcher le Tricolore de disputer son match. «Je me préparais pour jouer à 14h30. J’étais prêt à y aller quand le tour manager est venu me dire que le département de Santé de l’État de New York avait outrepassé la Ville de New York. La Ville m’avait autorisé à jouer avec la signature du nouveau protocole dimanche. L’État est intervenu pour dire que j’avais été exposé à un cas positif et que donc je devais être mis sous quarantaine dans ma chambre et que je ne pouvais pas aller sur le court jouer», a expliqué Mannarino vendredi en fin de journée.

Dans ce contexte, les organisateurs ont donc repoussé le match à 17h pour se donner quelques heures afin de tenter de trouver une solution. En attendant le dénouement de cette affaire, la confusion était alors à son paroxysme à Flushing Meadows. En coulisses, l’entraîner du Français, les organisateurs et même Novak Djokovic se sont démenés pour permettre à Mannarino d’aller sur le court. «J’ai été contacté par son coach et j’ai essayé de les aider pendant ces heures de flottement. J’ai parlé avec l’ATP, espérant obtenir plus de renseignements des officiels. J’ai aussi essayé de contacter les gens qui occupent les postes les plus importants dans l’État de New York grâce à quelques contacts, et même le gouverneur. C’était la seule personne qui pouvait revenir sur la décision de l’exclusion de Mannarino», a expliqué le patron du circuit, qui a profité de cette situation pour justifier l’intérêt de la PTPA, la nouvelle association des joueurs qu’il vient de créer avec Vasek Pospisil. 

Finalement, après plusieurs heures d’angoisse, Adrian Mannarino a obtenu le feu vert des autorités pour disputer sa rencontre face à Alexander Zverev, qui a pris son mal en patience allongé dans sa loge, torse nu, sur le court Arthur-Ashe. Celle-ci a débuté avec trois heures de retard. Et malgré le contexte très particulier entourant ce match, le Français n’a pas semblé très perturbé par la situation en parvenant à glaner la première au tie-break. Si par la suite Zverev est monté en puissance pour faire respecter son rang, Mannarino s’est bien battu et pourra quitter New York sans regrets. Enfin, quand il pourra partir… Car les cas contacts de Paire ont désormais l’interdiction de quitter leur chambre d’hôtel. «Je ne pourrai pas quitter New York avant vendredi prochain», a confirmé Mannarino après la rencontre. «J’ai joué le tournoi, peut-être un tournoi étrange. Mais j’ai pu jouer et ils m’ont mis dans une situation où je pouvais donner mon meilleur sur le court. Donc je ne vais pas me plaindre», a-t-il ajouté. 

La classe jusqu’au bout… Chapeau Adrian.

L’ÉCLAIRCIE BLEUE

Dans cet US Open qui n’en finit plus d’être rocambolesque pour le clan français, il y a tout de même quelques raisons de se réjouir. Ce vendredi, l’éclaircie bleue est venue de Corentin Moutet. Opposé au Britannique Dan Evans, le Français avait vu son match interrompu par la pluie jeudi soir. Le Tricolore était alors à égalité, un set partout, mais menait 6-5 dans la troisième manche. De retour sur le court vendredi, Moutet a fini le travail.

Il est reparti du bon pied en s’adjugeant le tie-break du troisième set pour mener deux manches à une. Distancé dans le quatrième set, le Français est parvenu à combler son retard pour revenir à hauteur, avant de régler une fois de plus l’affaire au jeu décisif. Il s’impose en quatre sets et plus de quatre heures de jeu. Avec cette victoire sur Dan Evans, 31ème mondial et tête de série n°23, Corentin Moutet réalise une superbe performance. Il devra faire encore plus fort ce samedi puisqu’il est opposé à Félix Auger-Aliassime… Le Canadien n’avait fait qu’une bouchée d’Andy Murray au deuxième tour. 

LA BALADE

Novak Djokovic était partout vendredi à Flushing Meadows. Après avoir volé au secours de Mannarino, le Serbe a facilement écarté l’Allemand Jan-Lennard Struff pour empocher une 26ème victoire consécutive en 2020. Avec l’élimination de Tsitsipas, l’horizon se dégage encore un peu plus pour le «Djoker»…

UN LENDEMAIN QUI DÉCHANTE…

Au deuxième tour, Caroline Garcia avait créé la sensation en disposant de la tête de série n°1, Karolina Pliskova. Après cet exploit, la Française pouvait légitimement nourrir de fortes ambitions à Flushing Meadows. Mais celles-ci ont été stoppées brutalement par l’Américaine Jennifer Brady dès le match suivant. 

Il ne reste plus qu’une seule Française dans cet US Open 2020. Il s’agit d’Alizé Cornet qui affrontera cette nuit l’Américaine Madison Keys, finaliste à Flushing Meadows en 2017.