Fortunes diverses pour les quarts de finale de cet US Open. Ce mardi, la rencontre entre Alexander Zverev et Borna Coric a atteint des sommets d’ennui, pour ne pas dire de médiocrité, tandis que le match opposant Denis Shapovalov à Pablo Carreño Busta a tenu toutes ses promesses avec un superbe combat de plus de quatre heures. A l’arrivée, ce sont l’Allemand et l’Espagnol qui ont été les plus forts. L’un des deux accédera à sa première finale de Grand Chelem. Dans la tableau féminin, Jennifer Brady et Naomi Osaka n’ont pas tremblé pour rejoindre le dernier carré.

LE MATCH

Après la disqualification de Novak Djokovic, Pablo Carreño Busta avait à cœur de prouver qu’il était bien à sa place en quarts de finale de l’US Open, et qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup de chance. Vu comment il avait malmené le Serbe dans le premier set d’une rencontre qui n’en a pas vu d’autres, on avait un premier élément de réponse… Et l’Espagnol a confirmé sa belle forme du moment en disposant de Denis Shapovalov à l’issue d’une bataille de plus de quatre heures. 


Si c’est le jeune Canadien qui a pris le meilleur départ dans cette rencontre en s’adjugeant la première manche, puis en faisant le break dès l’entame du deuxième set pour mettre un peu plus sous l’eau la tête de l’Espagnol. Mais ce dernier a de la ressource… Il a finalement recollé au score avant de remporter le deuxième set au jeu décisif. Bien entamé, le combat s’est alors poursuivi dans le troisième set, pour le même résultat. A deux sets à un en sa faveur, Carreño Busta semblait en meilleure posture pour plier l’affaire en quatre sets. Mais l’Espagnol a connu un spectaculaire trou d’air dans la quatrième manche, qui s’est soldée par une «bulle» (6-0). Carreño Busta victime de douleurs dans le bas du dos, la rencontre allait-elle pour autant basculer définitivement ? Que nenni. Après l’intervention du kiné à l’entame du cinquième set, l’Espagnol s’est remobilisé pour faire le break et s’envoler vers la victoire. 

La défaite est dure à encaisser pour le Canadien de 21 ans qui aura marqué plus de points que son adversaire (160 contre 153). Mais ce dernier, réputé pour sa prise de risque en permanence sur le court, a payé cher les erreurs de son jeu ultra-offensif avec 76 fautes directes et 11 double-fautes. C’est trop pour espérer sortir vainqueur d’un tel match malgré ses 76 points gagnants et ses 26 aces. En face, Carreño Busta n’est pas le joueur le plus spectaculaire du circuit mais il a eu le mérite d’être le plus solide dans les moments-clés. De la solidité, il lui en faudra encore un peu davantage contre Alexander Zverev pour entrevoir une première finale de Grand Chelem à 29 ans.

LE NON-MATCH

Si la rencontre entre Carreño Busta et Denis Shapovalov a offert un combat agréable à suivre, que dire de celle entre Alexandez Zverev et Borna Coric… N’ayons pas peur des mots, c’était une véritable purge avec un niveau de jeu indigne d’un quart de finale de Grand Chelem. Pour ne rien arranger, le match a duré 3h34… Devant le spectacle proposé, il fallait lutter pour ne pas s’endormir. Pour ceux qui sont restés éveillés, ce fut un match insipide qui semblait parti pour être plié en trois sets par le Croate. Ce dernier menait en effet 6-1, 4-2, contre un adversaire complètement à côté de ses pompes.


Sans doute que l’idée de pouvoir soulever un premier trophée en Grand Chelem, Federer, Nadal et Djokovic n’étant plus là, commençait à peser lourdement sur les épaules du jeune Allemand… Toujours est-il que ce dernier a été remis dans le match par un Coric qui s’est tendu, commençant à enquiller les fautes grossières… Dans cette opposition de celui qui jouera le moins mal, c’est Alexander Zverev qui s’en est sorti en arrachant les deuxième et troisième sets, à chaque fois au tie-break. Dans la quatrième manche, toujours d’un très faible niveau, le joueur originaire d’Hambourg a fini par avoir le dernier mot sur sa troisième balle de match. 

Alexander Zverev se qualifie pour sa deuxième demi-finale consécutive en Grand Chelem, et c’est bien la seule chose à retenir. Car pour le reste, on retiendra un match dans lequel les deux acteurs ont copieusement arrosé le court avec 87 fautes directes. Face à Carreño Busta, l’Allemand devra montrer un visage radicalement différent s’il veut continuer à rêver d’un premier titre dans un Majeur. Certes, il faut savoir gagner quand on joue mal, mais cela ne suffira pas pour aller au bout de cet US Open, aussi étrange soit-il…

LA FUSÉE

A Flushing Meadows, Jennifer Brady ne fait pas dans la demi-mesure. La joueuse américaine de 25 ans est tout simplement sur son nuage dans cet US Open où ses matches sont de véritables démonstrations, voire des exécutions. Yulia Putintseva, tête de série n°23, peut en témoigner… Elle n’est parvenue à inscrire que cinq jeux contre l’Américaine lors de son quart de finale.

Brady n’a connu aucune alerte, si ce n’est la perte de son break d’avance au début du deuxième set. Une anomalie rapidement corrigée pour l’emporter en deux sets et à peine plus d’une heure de jeu. Depuis le début du tournoi, Jennifer Brady n’a perdu que 24 jeux en 10 sets… Naomi Osaka, sa prochaine adversaire, est prévenue. La Japonaise, titrée à New York il y a deux ans, n’a pas eu à forcer son talent pour écarter l’Américaine Shelby Rogers.

LE BEAU GESTE

Ça y est ! Benoît Paire quitte enfin New York après deux semaines de cauchemar qui auront impacté le séjour américain d’une partie du clan français. Mais avant de partir, l’Avignonnais a tenté de voler au secours d’un compatriote, à savoir le joueur de tennis handisport Nicolas Peifer. En effet, ce dernier a eu la mauvaise surprise de récupérer ses raquette très abîmées à son arrivée à New York. «Air France, merci pour mes raquettes et de pourrir mon US Open. Pffff. Quelle galère», a ainsi écrit sur Twitter le champion paralympique en double aux JO de Rio en 2016.

Devant la détresse de Peifer, Benoît Paire, grand seigneur, n’a pas tardé à répondre à son tweet en lui proposant de mettre à disposition ses raquettes pour permettre au joueur handisport de disputer le Grand Chelem new-yorkais. De plus, les deux joueurs sont équipés par la même marque, Babolat, mais problème, ce n’est pas le même modèle… «Je sais qu’on ne joue pas avec les mêmes raquettes, mais si tu as besoin, je peux te laisser les miennes !», a répondu l’Avignonnais sur Twitter.

On ne sait pas encore si Nicolas Peifer a trouvé une solution, mais il a sûrement apprécié le beau geste de Benoît Paire… Nous aussi.