Pour tout fan de la petite balle jaune, Londres est une ville incontournable, historique, magnifique, prestigieuse… Quand on pense à la capitale anglaise, on pense immédiatement à Wimbledon, le plus ancien tournoi de tennis au monde, le plus prestigieux aussi. Mais depuis 2009, Londres est aussi la capitale du tennis mondial en fin d’année puisque la métropole britannique abrite le Masters masculin, qui rassemble les huit meilleurs joueurs de la planète à l’occasion d’un tournoi unique en son genre dans la sublime O2 Arena, sur les bords de la Tamise.

Car si Londres brille avec son magnifique Centre Court de Wimbledon, écrin de prestige, et le gazon si précieux du All England Club, la capitale anglaise scintille également avec une salle indoor, parmi les plus belles au monde, qui offre une mise en scène idéale pour un cocktail final de toute beauté à chaque fin d’année. Oui, mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin, et Londres passera la main en 2021 à Turin. Il y a fort à parier que la ville italienne sera largement à la hauteur de l’événement dès sa première édition, mais tout de même, voir le Masters quitter Londres constitue un petit déchirement. Au fil du temps, c’était devenu un rituel excitant qui émerveillait joueurs, spectateurs et téléspectateurs.

12 ANS D’ÉMOTIONS DANS UN ÉCRIN D’EXCEPTION

Avant même l’entrée des joueurs sur le terrain, tout était fait pour faire monter la pression à mesure que les joueurs s’approchaient du court dans les couloirs de l’O2 Arena. Comment oublier le bruit des battements de cœur alors que la salle est plongée dans le noir pour accompagner la marche des joueurs vers le terrain, avant que ces derniers ne brisent un nuage de fumée à leur entrée sur le court, sous l’ovation de la foule. Ce rituel, qui magnifie les protagonistes, il faudra en savourer chaque seconde pendant cette dernière semaine londonienne…

Mais au-delà de la superbe mise en scène qui donne des frissons, le Masters de Londres a été le théâtre de joutes mémorables ces dernières années qui nous rendent déjà nostalgiques… Quand on pense au «Tournoi des maîtres» londonien, viennent dans notre esprit pêle-mêle la demi-finale aussi superbe que dramatique entre Federer et Wawrinka en 2014 et le désormais cultissime «Cry baby, cry» lancé par Mirka à «Stan The Man», le marathon entre Murray et Raonic en 2016 finalement remporté par l’Écossais après un combat de 3h38 (!), soit le match le plus long de l’histoire du Masters en deux sets gagnants, l’improbable victoire de Davydenko en 2009, pour la première édition du Masters à Londres, en battant Nadal, Federer et Del Potro, l’incroyable correction infligée par Federer à Murray en 2014 (6-0, 6-1 en 56 minutes !), ou encore l’énorme combat remporté par Thiem contre Djokovic l’an passé. Bref, des matches inoubliables qui ont bâti la légende du Masters londonien.

Depuis 2009, l’O2 Arena de Londres accueille le «Tournoi des maîtres». © ATP

FEDERER ET DJOKOVIC VICTORIEUX, NADAL MALHEUREUX

Ce serait mentir de dire que tout a été incroyable chaque année. Il y a même souvent eu des éditions où les matches à sens unique s’enchaînaient, la plupart des joueurs arrivant à Londres complètement épuisés par leur saison. Mais la capitale britannique a offert différents dénouements qui donnent au Masters une dimension plus excitante et incertaine qu’un Roland-Garros qui est la propriété d’un certain Rafael Nadal depuis quasiment quinze ans. D’ailleurs, l’Espagnol n’est jamais parvenu à s’imposer dans le tournoi indoor le plus prestigieux du monde. Il est pourtant passé près de la victoire, avec deux finales, mais Federer et Djokovic avaient brisé ses espoirs de sacre dans le «Tournoi des maîtres». Il tentera une dernière fois sa chance à Londres cette semaine…

Après la victoire inattendue de Davydenko en 2009, les cadors avaient repris les commandes dans les années suivantes. Federer s’est ainsi offert deux titres en 2010 et 2011, avant que Djokovic n’impose sa loi quatre éditions durant, entre 2012 et 2015. Andy Murray avait complété cette domination du «Big Four» de l’époque avec un titre logiquement remporté en 2016. Mais depuis, les surprises se succèdent dans l’O2 Arena… Dimitrov avait réalisé le tournoi parfait en 2017 pour remporter le Masters dès sa première participation, qui reste la seule à ce jour, puis la jeune garde du tennis mondial, emmenée par Alexander Zverev et Stefanos Tsitsipas, a surpris tout le monde ces deux dernières années. Et cette édition 2020 du Masters s’annonce tout aussi palpitante et incertaine…

En 2010, Roger Federer avait battu Rafael Nadal en finale du Masters. © ATP

L’O2 ARENA ET LES BLEUS, UNE HISTOIRE TRÈS COMPLIQUÉE

Malheureusement, il n’y aura pas de Français cette semaine à Londres pour dire adieu à l’O2 Arena, à l’exception d’Édouard Roger-Vasselin, qui participe au tournoi de double avec Jürgen Melzer. Il faut dire que ça n’a jamais été l’amour fou entre les Bleus et le Masters anglais… Seul Tsonga avait brillé en 2011 en atteignant la finale après avoir battu Nadal et Berdych. Le Manceau avait même fait trembler le Suisse en l’embarquant dans un troisième set dangereux, mais le Bâlois s’en était finalement sorti. Pour le reste, ce fut bien difficile. Monfils avait subi la loi de Raonic et Thiem avant de déclarer forfait pour son troisième match en 2016, tandis que Gasquet s’était montré impuissant contre Del Potro, Federer et Djokovic. La seule vraie éclaircie bleue était venue l’an passé du double et de la paire Mahut-Herbert qui s’était imposée en finale après un premier revers au même stade de la compétition un an plus tôt. Il faudra désormais porter son regard vers l’Italie pour espérer revoir des Bleus performer dans le «Tournoi des maîtres»…

Coronavirus oblige, le Masters londonien se jouera à huis-clos. Une triste fin pour un tournoi qui méritait un final en apothéose. Mais qu’importe, les souvenirs de cette décennie écoulée dans cette magnifique O2 Arena sont impérissables. Et il reste encore une semaine pour disputer quelques matches d’anthologie supplémentaires… Un dernier bonbon qui explose en bouche, une dernière douceur pour dire adieu à Londres comme il se doit. Mais que la capitale britannique se rassure, elle aura toujours Wimbledon pour vibrer. Et en 2022, l’O2 Arena retrouvera quelques-uns des meilleurs joueurs de la planète avec la Laver Cup de Federer qui accorde forcément une place spéciale dans son cœur à Londres, où il a remporté huit Wimbledon et deux Masters. En attendant, Londres et l’O2 Arena, faites-nous vibrer encore un peu.

One last time.