Des qualifications délocalisées, un tournoi retardé, une bulle sanitaire extrême, un confinement strict pour une partie des joueurs, une exhibition en public, l’ATP Cup en préparation puis deux jours d’angoisse, et enfin, la délivrance. Cette nuit, les premiers échanges résonneront dans Melbourne Park. Mais que ce fut dur… Retour sur un parcours du combattant pour que le premier Grand Chelem de l’année puisse bel et bien avoir lieu.

Tout a commencé à la mi-décembre 2020, quand l’ATP a officialisé le report de trois semaines de l’Open d’Australie pour un coup d’envoi fixé au 8 février 2021, au lieu du 18 janvier. Pour les observateurs, c’était un premier signe très négatif. La première pierre de l’annulation du tournoi… Mais Craig Tiley, le directeur du tournoi, a toujours voulu se montrer rassurant, assurant même que 25 à 50% du public pourrait être accueilli sur le site. De quoi laisser rêveur tous les fans européens, privés de stade depuis des lustres. Mais avec un programme très spécial pour les joueurs : des qualifications délocalisées à Doha et Dubaï, et des tournois de préparation sur le site de Melbourne Park.

Mais encore fallait-il que l’Open d’Australie soit maintenu alors que l’épidémie repartait de plus belle un peu partout dans le monde entier…

UN PROTOCOLE ULTRA-STRICT

Car oui, une île-continent résiste encore et toujours à la pandémie. Au prix de mesures draconiennes, l’Australie ne fait état que de très peu de cas sur son territoire (moins de 35 cas quotidiens depuis le mois d’octobre, selon les chiffres de la Johns-Hopkins University), et même aucun cas en plus de trois semaines dans l’État de Victoria dont Melbourne est la capitale. Aucun signe de nouvelle vague épidémique, voilà de quoi rassurer les joueurs et les inciter à se rendre aux antipodes. A la condition de pouvoir s’y rendre… Demandez donc à Madison Keys et Andy Murray ce qu’ils en pensent.

L’Américaine et le Britannique n’ont évidemment pas échappé au test PCR obligatoire avant de s’envoler vers l’Australie. Et les deux athlètes ont eu la mauvaise surprise de recevoir un résultat positif, fatal à leur participation. Sans perdre son flegme devenu légendaire, le champion olympique 2012 a posté sur Instagram une photo d’un bonhomme de neige le représentant, accompagné d’un jeu de mots qui caractérise bien son humour : «Frozen out of the Aussie Open» («exclu de l’Open d’Austalie»).

See you soon Andy !

 

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publication partagée par Andy Murray (@andymurray)

DU DÉBUT DES ENNUIS AU BOUT DE L’ENNUI

Une fois à l’autre bout du monde, tous les joueurs devaient respecter une quarantaine de 14 jours, avec une autorisation de sortie quotidienne de cinq heures pour s’entraîner. Oui mais voilà, dans trois des avions affrétés par les organisateurs pour acheminer les joueurs jusqu’à Melbourne, en provenance d’Abu Dhabi, Doha et Los Angeles, des cas de Covid-19 ont été détectés. Conséquence directe, 72 joueurs ont été placés à l’isolement le plus total, et donc totalement interdits de sortir de leur chambre. Cela a donné lieu à des scènes cocasses dans les chambres, nouveaux lieux de vie et d’entraînement des joueurs malchanceux… Et dans ce domaine, le joueur le plus drôle a été de (très) loin Pablo Cuevas. Un jour surfeur, un autre se prélassant dans un spa imaginaire, l’Uruguayen a passé le temps comme il a pu. Tout comme Benoît Paire, qui lui a préféré profiter de sa quarantaine pour s’offrir… un McDo!

Coincés dans leur chambre pendant 14 jours, les joueurs ont aussi dû faire preuve d’imagination pour pouvoir s’entraîner. Beaucoup ont profité de leur matelas pour en faire un sparring-partner de choix, quand d’autres comme Maria Sakkari ont préféré passer le temps à grands coups de renforcements musculaires. Victoria Azarenka, lauréate à Melbourne en 2012 et 2013, a elle opté pour le yoga. Qu’importe la méthode, tous avaient hâte de sortir de leur chambre d’hôtel pour retrouver le chemin des courts.

DERNIÈRES FRAYEURS

Pendant ce temps, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Dominic Thiem, eux, passaient tranquillement leur quarantaine à Adélaïde, s’offrant même un stade plein lors d’une journée d’exhibition. Pour redonner du rythme aux athlètes, six tournois ont été organisés à Melbourne Park, dont l’un réservé aux joueuses placées en quarantaine stricte à leur arrivée et qui n’ont pas pu s’entraîner. De quoi remettre tout le monde en jambes à l’approche du premier Majeur de la saison. L’ATP Cup a d’ailleurs offert quelques très belles passes d’armes, ce qui n’a pas manqué de mettre l’eau à la bouche des fans avant les deux prochaines semaines de compétition. Mais tout aurait été bien trop simple si les choses s’étaient déroulées sans accroc…

Mercredi, à l’autre bout du monde, alors que tout allait bien dans la bulle de la planète tennis, une annonce est venue semer la panique. Dans le Grand Hyatt Melbourne, l’un des trois hôtels qui avaient accueilli les joueurs en quarantaine, un membre du personnel a été testé positif au Covid-19. Rebelote pour 507 personnes dont 160 joueurs, avec un isolement strict en attendant d’être testés. Les matches de la journée de jeudi ont été annulés et remplacés par une séance de dépistage pour tous les joueurs et personnes liées à l’Open d’Australie concernés. Un vent de panique qui n’a pas soufflé longtemps puisque tous les joueurs ont pu reprendre le chemin des courts, même si la finale du Grampians Trophy, tournoi réservé aux joueuses ayant subi une quarantaine stricte, a dû être annulée. On ne saura donc jamais qui l’aurait emporté entre Ann Li et Anett Kontaveit…

RÉPONSE SUR LES COURTS

Dans quelques heures, les jours passés dans une chambre en solitaire appartiendront pour de bon au passé. Pierre-Hugues Herbert avait parfaitement résumé la situation avant de partir, se disant «prêt à faire deux semaines de quarantaine pour à nouveau jouer devant du public». Ils l’auront tous mérité. Le public, lui aussi, sera bien au rendez-vous de l’Open d’Australie, puisque 25 000 à 30 000 personnes devraient pouvoir assister chaque jour aux matches disputés à Melbourne Park. Le plus dur est passé pour l’Alsacien et les autres protagonistes du tournoi. Il ne reste plus qu’à jouer !

Vainqueur de l’ATP Cup avec la Russie, Daniil Medvedev partage le costume d’outsider avec Dominic Thiem, lauréat de son premier Majeur en septembre dernier à New York, alors que Djokovic fait figure d’immense favori dans son jardin où il est double tenant du titre et tentera de décrocher une neuvième couronne aux antipodes. Chez les dames, malgré une absence de près d’un an, Ashleigh Barty est en bonne position pour ravir le trophée de Sofia Kenin, la tenante du titre. Mais Naomi Osaka reste l’outsider n°1, même si Victoria Azarenka n’est pas très loin. Reste un mystère avec Serena Williams, en quête de son 24ème titre en Grand Chelem depuis quatre ans et une victoire à… Melbourne. Si en théorie tout est dit, l’histoire n’attend plus que d’être écrite. Alors, qui succédera à Sofia Kenin et Novak Djokovic ?

Réponse les 20 et 21 février prochains. A moins que le Covid ne s’en mêle à nouveau…

NOS PRONOS

Première levée de l’année, et premiers pronostics chez Court Gagnant. Et sans se concerter, nous sommes tous les deux tombés d’accord pour miser sur Ashleigh Barty et Daniil Medvedev !