Le rideau vient de tomber sur la première semaine de compétition à Melbourne. Si les choses sérieuses ne font que débuter avec les huitièmes de finale, les sept premiers jours du premier tournoi du Grand Chelem de la saison ont d’ores et déjà été riches en émotions et en rebondissements. Tour d’horizon des moments marquants de cette première semaine de l’Open d’Australie. Une sélection évidemment non-exhaustive et un brin subjective…

LE COUP DE CŒUR : COCO GAUFF

«I’m in love with the coco…» Point de cocaïne à l’horizon comme dans la chanson du rappeur O.T. Genasis, mais une (très) jeune joueuse américaine qui est en passe de devenir la nouvelle addiction du circuit féminin. L’an passé, le monde entier découvrait Cori «Coco» Gauff. A l’âge de 15 ans, elle écartait sans trembler en deux petits sets son idole Venus Williams au premier tour de Wimbledon. A Londres, elle avait atteint les huitièmes de finale, où elle avait cédé contre Simona Halep, la future lauréate sur le gazon du All England Club. Depuis, la prodige américaine a poursuivi sa progression en atteignant le troisième tour de l’US Open et en décrochant son premier titre WTA à Linz, en Autriche.

Alors chance de débutante ? Que nenni ! Coco Gauff a fait de nouveau parler d’elle à Melbourne en battant… Venus Williams, encore une fois pour son entrée en lice. Par la suite, l’Américaine a continué à impressionner le public australien en éliminant des clientes comme Sorana Cirstea et Naomi Osaka. Contre la Japonaise, Coco Gauff a non seulement pris sa revanche sur celle qui l’avait fait pleurer à Flushing Meadows, mais elle a surtout balayé la tenante du titre. La belle épopée australienne s’est finalement achevée ce dimanche lors de son huitième face à sa compatriote Sofia Kenin, âgée de 21 ans. Ambitieuse, Coco Gauff devrait encore continuer de nous épater cette année… Coco, on a hâte de te voir à Roland-Garros !

LA DÉCEPTION : SERENA WILLIAMS

Serena Williams va-t-elle réussir un jour à remporter un 24ème titre du Grand Chelem qu’elle convoite depuis si longtemps, mais qui continue de la fuir… Rien n’est moins sûr après une défaite plus qu’inattendue au troisième tour de l’Open d’Australie contre la Chinoise Qiang Wang, une adversaire qui avait pourtant souri à l’Américaine lors du dernier US Open. Serena Williams n’en avait fait qu’une bouchée avec une victoire 6-1, 6-0, lors des quarts de finale. Cette fois, scénario totalement différent à Melbourne. Serena Williams est tout simplement passée à côté de son match face à une adversaire qui a livré une prestation solide.

En conférence de presse, l’Américaine a employé des mots forts mais justes pour analyser cette défaite. «J’ai fait beaucoup d’erreurs que je n’avais pas commises à New York, ni ailleurs depuis un moment. J’ai fait beaucoup trop d’erreurs pour être une athlète professionnelle aujourd’hui. Elle a bien servi mais je n’ai pas relancé comme Serena. C’est moi qui ai perdu ce match. Je ne peux pas jouer comme ça, je ne peux plus refaire ça. Ce n’est pas professionnel. Je suis trop vieille pour jouer comme ça à ce moment de ma carrière. C’est un gros tournoi. Il n’y a aucune raison à performer comme ça


En attendant de retrouver son tennis et de s’offrir une nouvelle chance de gagner à nouveau en Grand Chelem, à Roland-Garros, Serena Williams en reste donc à 23 titres du Grand Chelem, à une unité du record de Margaret Court. Son dernier titre dans un Majeur remonte à l’Open d’Australie 2017, il y a donc trois ans. Depuis, l’Américaine a perdu quatre finales en Grand Chelem, à chaque fois à Wimbledon et à l’US Open, où son mental lui avait fait défaut dans les grandes largeurs (surtout contre Naomi Osaka à New York en 2018). Serena, ressaisis-toi !

LE MATCH : FEDERER-MILLMAN

Ce fut le premier grand frisson de la quinzaine. Très attendu, ce match entre Roger Federer et John Millman n’a pas déçu. Bien au contraire. On savait l’Australien capable de battre le Suisse, il l’avait fait en 2018 à l’US Open dans la fournaise new-yorkaise. Et il n’est pas passé loin de récidiver sur une Rod Laver Arena aux allures de volcan dans une night session électrique dont on devrait se souvenir quelques années…

Il faut dire que le trentenaire australien, auteur d’un succès probant contre le prometteur Polonais Hubert Hurkacz au deuxième tour, n’a pas tardé à poser des problèmes à Roger Federer en empochant la première manche. Dans un deuxième set très serré, le Suisse est revenu à hauteur en maîtrisant parfaitement le jeu décisif, avant de prendre les commandes du match en remportant la troisième manche, sans toutefois rassurer son clan dans son box qui n’était pas au bout de ses peines… Mirka peut en témoigner.

Reparti au combat, John Millman a joué crânement sa chance dans le quatrième set et ne s’est pas privé pour embarquer l’homme aux 20 titres du Grand Chelem dans une cinquième et dernière manche de tous les dangers. Et des dangers, il y en a eu pour le Suisse. D’abord avec un break de retard, rapidement effacé, puis surtout avec un super tie-break irrespirable où il a vu de très près la porte de sortie. Mené 8-4 dans cet exercice, Roger Federer ne tenait plus que sur un fil sur la Rod Laver Arena. Et pourtant, l’improbable, ou plutôt l’irrationnel, s’est produit… Alors qu’il avait enchaîné des passings hallucinants dans le super tie-break, John Millman a commencé à voir son bras trembler… Il n’en fallait pas plus pour relancer Roger Federer. En mode phénix, le Suisse a glané les six derniers points de la rencontre pour rester en vie dans cet Open d’Australie.

Comme un symbole, il a terminé son match sur un passing de coup droit devant un public au bord de l’hystérie. «Dieu merci c’était un super tie-break et pas un tie-break sinon j’étais cuit», dira un Federer épuisé quelques minutes après la balle de match. (Il ne dira pas forcément la même chose au sujet de sa finale cruelle à Wimbledon l’été dernier.) Depuis, le Suisse a récupéré et s’est qualifié pour les quarts de finale – 57ème fois en Grand Chelem, la 15ème à Melbourne – après une victoire un peu plus facile en quatre sets contre le Hongrois Marton Fucsovics. Désormais, place au tennis, ou plutôt à Tennys Sandgren…

PS : le Kyrgios-Khachanov nous a beaucoup plu également.

LA SURPRISE : LA DÉFAITE DE TSITSIPAS

«Personnellement, je sens que mon jeu s’améliore, et je crois que je suis vraiment près d’être couronné en Grand Chelem. Je sais que ce sont des mots forts mais j’ai le sentiment de pouvoir me retrouver là. La quantité d’efforts que je fournis à l’entraînement mérite d’être récompensée ainsi.» Voilà ce que déclarait Stefanos Tsitsipas dans la foulée de son sacre au Masters de Londres en novembre dernier. Avec des ambitions assumées si clairement, on attendait donc le Grec au tournant dans cet Open d’Australie. Mais le 6ème mondial a eu le malheur de croiser la route du bombardier canadien Milos Raonic au troisième tour. Incapable de retourner les services surpuissants de son adversaire, Stefanos Tsitsipas a ainsi pris la porte en trois petits sets. Pas un match exécrable de sa part. Simplement, il n’est pas parvenu à trouver la solution face à l’équation complexe proposée par le Canadien. Que Tsitsipas se rassure cependant, Marin Cilic a eu droit au même tarif ce dimanche…


Toujours est-il que depuis sa bataille épique – perdue en cinq sets et plus de cinq heures de jeu dans un Lenglen en fusion – contre Stan Wawrinka à Roland-Garros, dont le scénario était digne des plus belles tragédies grecques, le jeune loup du tennis mondial n’y arrive plus. Complètement effondré après ce revers, il avait ainsi perdu dès son entrée en lice à Wimbledon, puis à l’US Open. Revigoré par son succès au Masters de Londres fin 2019, le Grec figurait logiquement dans la liste des prétendants au titre à Melbourne, où il restait sur une demi-finale l’an passé et une victoire de prestige contre Roger Federer. Il n’a finalement pas survécu à la première semaine du premier tournoi du Grand Chelem de la saison. Il devra au moins attendre Roland-Garros pour transformer ses belles paroles en actes… et prendre sa revanche sur Stan Wawrinka ?

LE JOUEUR À SURVEILLER : ANDREY RUBLEV

Il est toujours invaincu en 2020 et il ne compte pas s’arrêter là. Andrey Rublev se balade en ce début d’année. 11 victoires consécutives, série en cours. Déjà titré à Doha et Adélaïde dans cette nouvelle décennie, le Russe continue de faire des dégâts sur le circuit. Dernière victime en date ? Le Belge David Goffin. Et la fusée Soyouz pourrait bien continuer sur sa lancée… En huitièmes, Rublev a une belle carte à jouer contre Alexander Zverev, qui n’a jamais réussi à franchir le cap des quarts de finale en Grand Chelem. Certes, l’Allemand n’a lâché aucun set depuis le début du tournoi. Mais méfiance…

NOS PRONOS

Aurélien : Ashleigh Barty et Daniil Medvedev

Maxence : Simona Halep et Novak Djokovic