Gaël Monfils se souviendra longtemps de ce 1er juin 2021. Alors non, le Parisien n’a pas remporté Roland-Garros, ni battu Rafael Nadal. C’était simplement un match du premier tour dans un tournoi qu’il affectionne tant. Mais celui-là avait une saveur particulière… Car en remportant une rencontre bien mal embarquée sous le cagnard de la Porte d’Auteuil, la Monf’ a gagné bien plus qu’un match. Pour lui, c’est une véritable résurrection après 15 mois en enfer.

A Roland-Garros, Gaël Monfils a toujours été un joueur à part, qui n’a rien à voir avec celui qu’on a l’habitude de voir le reste du temps sur le circuit. A Paris, à domicile, le Français a toujours réussi ou presque à se nourrir des énergies qui l’entourent pour se transcender. La Monf’ et le public parisien, cela a toujours été une histoire d’amour… Et c’est d’ailleurs sur le court Suzanne-Lenglen, celui sur lequel il a écarté Albert Ramos-Viñolas ce mardi, qu’il a souvent brillé à Roland.

LE LENGLEN, TERRE D’ÉMOTIONS POUR LA MONF’

Monfils connaît en effet la recette pour transformer le Lenglen en véritable volcan. Comment oublier ce match exceptionnel contre Andy Roddick en 2009, lors duquel il avait balayé l’Américain à la nuit tombante, ou cette rencontre renversante face à Pablo Cuevas en 2015, lors de laquelle le Tricolore avait embarqué un public en fusion dans un incroyable ascenseur émotionnel… Car Gaël Monfils, c’est avant tout des émotions. On aime ou on le déteste, mais il ne laisse pas insensible. Avec la Monf’ à Roland, il se passe toujours quelque chose. Tant qu’il y a du public…

L’an passé, toujours sur ce court Suzanne-Lenglen, le Parisien n’avait été que l’ombre de lui-même, sorti en quatre manches par Alexander Bublik dès le premier tour. Mais c’était en pleine pandémie de Covid-19 et il n’y avait qu’une poignée de spectateurs pour le soutenir. Sans compter que Monfils était alors en perdition après un début d’année 2020 canon… Mais la crise du coronavirus a fauché le joueur tricolore en plein élan, le plongeant dans une profonde dépression professionnelle. Gaël sans public à Roland, ce n’est pas vraiment Monfils. Si on avait un doute sur ce constat, il suffisait de jeter un œil à son premier match de cette édition 2021 pour s’en convaincre.

«CELUI-LÀ, ON L’AURAIT PERDU IL Y A UN AN»

Pourtant, devant des tribunes plus remplies et chaleureuses qu’à l’automne, les choses étaient sacrément mal engagées pour la Monf’. En une vingtaine de minutes, le Français a vu la première manche lui échapper contre Albert Ramos-Viñolas. Un adversaire à l’aise sur terre battue et qui, de surcroît, a remporté un titre sur ocre à Estoril il y a quelques semaines. Mais porté par le public et son clan, Monfils a sonné la révolte dans le deuxième set. Une révolte qui a bien failli tourner au vinaigre quand l’Espagnol s’est procuré une balle de set pour mener deux manches à rien. Mais le public a joué son rôle en mettant la pression sur Ramos-Viñolas et en galvanisant Monfils…

Après tant de mois de galères (une seule victoire en 15 mois), malgré des fiançailles avec Elina Svitolina, le Français savait que Roland-Garros était le tournoi idéal pour renaître de ses cendres. Et c’est ce qu’il a fait dans ce match du premier tour. Libéré par le gain de la deuxième manche, le Tricolore a commencé à entrer en mode «Super Saiyan» pour le plus grand bonheur d’un public parisien en fusion. Il était temps de dire stop aux défaites encourageantes de ces dernières semaines. Malgré 75 fautes directes, mais avec 60 coups gagnants, Monfils y est parvenu. Après la balle de match, savourant le bonheur retrouvé d’un Roland presque normal, il résumait parfaitement l’émotion du moment au micro de Cédric Pioline : «Un grand merci, ça fait énormément de bien, c’est grâce à vous, merci mille fois, merci mille fois. Celui-là, on l’aurait perdu il y a un an. Et cette année on ne le perd pas.»

On n’a évidemment pas encore retrouvé le joueur en confiance qui écrasait presque tout sur son passage début 2020, mais on a assurément retrouvé un champion heureux. Heureux de gagner évidemment, mais surtout heureux de renouer avec un public qui l’aime tant. Heureux aussi de serrer sa mère dans les bras pour la première fois depuis deux ans.

Roland et la Monf’, c’est définitivement une belle histoire.

Une histoire magique…