Dans une édition 2020 évidemment particulière, ni la pluie, ni le froid, ni la nuit, ni le coronavirus n’ont empêché Rafael Nadal et Novak Djokovic de se retrouver en finale de Roland-Garros. Sur le papier, c’était l’affiche rêvée. Elle aura bien lieu. Certes, l’Espagnol et le Serbe n’ont pas connu le même parcours dans cette quinzaine, surtout pour le «Djoker» qui traverse des montagnes russes depuis deux matches.

Mais peu importe, ils seront bien au rendez-vous pour un dénouement que l’on espère spectaculaire. Dimanche, le soleil devrait être de la partie. Dans une quinzaine qui aura rimé avec grisaille, c’est déjà un indicateur positif.

NADAL, UNE BATAILLE (PRESQUE) TRANQUILLE 

Trois sets mais plus trois heures, c’est ce qu’il aura fallu à Rafael Nadal pour venir à bout d’un combatif Diego Schwartzman. Bien loin de la fraîcheur nocturne de son quart de finale contre Jannik Sinner, terminé à 1h26 du matin (!), l’Espagnol a cette fois évolué dans de bien meilleures conditions sur le court Philippe-Chatrier face à Diego Schwartzman, son bourreau à Rome il y a trois semaines. Malgré son marathon de cinq heures contre Dominic Thiem trois jours plus tôt, l’Argentin n’a pas refusé le combat physique proposé par le Majorquin. Le premier jeu de la rencontre, long de 14 minutes, en était un premier indice. Mais à ce petit jeu-là, Rafael Nadal est impérial Porte d’Auteuil… et Schwartzman, comme tant d’autres avant lui, a pu le vérifier.

L’Argentin aura eu le mérite de s’accrocher jusqu’au bout. Pourtant, lorsque Nadal menait deux manches à rien (6-3, 6-3) après 1h47 de jeu malgré tous les efforts consentis pour bousculer l’Espagnol, on aurait pu penser que Schwartzman allait exploser pour de bon dans la troisième manche. Mais au contraire, le 14ème mondial a offert une superbe résistance, notamment dans la deuxième partie de ce troisième set particulièrement plaisant à suivre. A chaque fois que le tenant du titre accélérait pour breaker, l’Argentin élevait son niveau de jeu pour combler son retard dans la foulée. Cette fois bien installé, le combat s’est donc prolongé jusqu’au jeu décisif. Mais là, Rafael est redevenu Nadal en infligeant un terrible 7-0 à Schwartzman dans ce tie-break. Impitoyable.

L’Argentin s’est bien battu, prenant plusieurs fois le service de son adversaire pour le faire douter jusqu’au bout. Mais les doutes se transforment très rarement en déceptions pour Nadal sur la terre battue parisienne. Seuls Robin Söderling et Novak Djokovic sont parvenus jusque-là à transformer le doute en défaite pour l’Espagnol du côté de la Porte d’Auteuil. Swartzman, qui a pu constater les progrès de son adversaire depuis sa victoire contre le Majorquin en Italie, pourra regretter son manque de réalisme sur le service adverse. Et pour cause, l’Argentin n’a converti que trois de ses douze balles de break. Insuffisant pour faire tomber le maître des mieux, mais assez pour l’obliger à être vigilant jusqu’à la fin. Dimanche, Nadal, qui n’a toujours pas perdu le moindre set dans cette quinzaine, disputera sa treizième finale à Roland-Garros. Et devinez quoi ? Il n’a jamais raté la dernière marche… En cas de victoire, ce serait son 100ème succès Porte d’Auteuil.

DJOKOVIC, UN COMBAT INATTENDU CONTRE TSITSIPAS 

Solide puis fébrile, Novak Djokovic s’est fait peur vendredi contre un Stefanos Tsitsipas qui sort la tête haute de ce Roland-Garros. C’est d’ailleurs le Grec qui s’est procuré les premières balles de break de la partie, menant même 40-0 sur le service du «Djoker». Mais le Serbe, qui avait laissé aux vestiaires ses galères de son match précédent contre Pablo Carreño Busta, a éloigné toutes les menaces pour conserver sa mise en jeu et débuter son entreprise de destruction. Appliqué et serein, le n°1 mondial a récité son tennis contre un Tsitsipas plus brouillon que contre Dimitrov et Rublev, qui n’avaient rien pu faire face à la puissance du Grec. Cette fois, c’est lui-même qui s’est retrouvé impuissant contre le «Djoker».

Lorsque le Serbe menait deux manches à rien (6-3, 6-2), il paraissait alors parti pour composter encore plus rapidement que Nadal son billet pour la finale. Dans ces conditions, difficile d’imaginer ce qui allait suivre… Là où on aurait pu s’attendre, et c’est bien légitime, à voir Stefanos Tsitsipas sombrer définitivement dans le troisième set, le Grec a magnifiquement réagi dans le money-time. Alors que Djokovic servait pour le gain de la rencontre, l’Athénien de 22 ans a haussé son niveau d’un cran pour sauver une balle de match, effacer son break de retard, puis prendre une nouvelle fois le service de son adversaire pour enlever la troisième manche et relancer totalement la partie.

Galvanisé par le gain de ce troisième set, le Grec a repris confiance pour poser bien des problèmes à un Djokovic qui n’avait pas vu venir cette brutale montée en puissance du sixième joueur mondial. Ébranlé par ce scénario inattendu, le «Djoker» a concédé la quatrième manche, se voyant ainsi contraint de disputer un cinquième set de tous les dangers.

Heureusement pour le Serbe, Tsitsipas a été lâché par son physique dans cette manche décisive. Après avoir remporté le premier jeu du cinquième set, le Grec n’en inscrira plus un seul, laissant Djokovic gagner six jeux consécutifs pour s’ouvrir les portes de la finale. Cependant, le Grec ne ressort pas traumatisé de sa deuxième demi-finale en Grand Chelem, comme il l’avait été à Melbourne l’an passé après une raclée contre Nadal. «A l’Open d’Australie, j’étais un enfant, et maintenant je suis en train de devenir un adulte», a déclaré l’Athénien après la rencontre. Personne ne le contredira.

FEDERER DANS LE VISEUR

De son côté, Djokovic pouvait enfin respirer après 3h54 de jeu. Le Serbe s’est compliqué la vie en ne convertissant que 8 balles de break sur les 22 obtenues ! Toutefois, il s’en est sorti pour accéder à sa cinquième finale Porte d’Auteuil. Il n’est encore jamais parvenu à battre Nadal en finale à Roland-Garros en deux tentatives. Mais le «Djoker» est l’un des deux hommes à avoir tout de même battu l’Espagnol sur la terre battue parisienne. C’était en 2015 et cela reste à ce jour leur dernier affrontement dans l’Ouest parisien.

Ce dimanche, les deux champions se battront une nouvelle fois pour un titre du Grand Chelem. Si Rafael Nadal l’emporte, il égalera Roger Federer avec un 20ème Majeur dans sa besace. Si c’est Novak Djokovic, il ne sera plus qu’à deux unités du Suisse. Réponse dimanche après-midi. Et le Serbe peut cette fois en être sûr, la finale ira bien à son terme ce dimanche, lui qui avait terminé la finale de l’édition 2012 un lundi à cause de la pluie pour une défaite en deux jours contre l’Espagnol. Cette fois, personne ne pourra stopper Nadal et Djokovic.

Mais qui des deux stoppera l’autre ?