Chaque année, la question revient inlassablement : Rafael Nadal va-t-il lâcher son trône à Roland-Garros ? Et 99% du temps, la réponse est cinglante : l’Espagnol écrase la concurrence sur la terre battue parisienne. 13 titres, 100 victoires, 2 minuscules défaites et un forfait, un tableau digne de La Joconde qui se suffit à lui-même. Cependant, depuis plusieurs années maintenant, le Majorquin montre des signes évidents de fébrilité sur ocre avant Roland-Garros. Il lui arrive de perdre de plus en plus souvent dans les tournois préparatoires au Grand Chelem français, et l’année 2021 n’a pas fait exception.

Il faut dire que l’âge fait son œuvre. Nadal a désormais 34 ans et il n’a plus les cannes du gamin de 19 ans qu’il était quand il avait remporté son premier Roland-Garros. Désormais, l’Espagnol a pris l’habitude de faire un départ diesel sur sa surface favorite. Le n°2 mondial est tombé à Monte-Carlo et à Madrid. Il est même tombé au sens propre du terme à Rome à cause de ces satanées lignes cloutées qui auraient pu lui jouer un mauvais tour bien dramatique… Mais comme d’habitude ou presque, il a rappelé qu’il était le patron. D’abord à Barcelone, en écœurant un Stefanos Tsitsipas passé à un point de la victoire contre lui en finale, puis à Rome, en passant encore une fois près du gouffre contre un excellent Denis Shapovalov puis en contenant Novak Djokovic en finale.

De toute façon, quand bien même Rafa n’aurait pas gagné le moindre titre sur terre battue cette saison avant de se rendre Porte d’Auteuil, son étiquette d’archi-favori à Roland aurait à peine été abîmée. En 2020, le Majorquin n’avait d’ailleurs remporté que deux matches à Rome avant d’aller écrabouiller la concurrence à Paris, avec une raclée d’anthologie infligée à Djokovic en finale. Et mauvaise nouvelle pour le Serbe et consorts, Nadal a montré qu’il n’était plus très loin de son meilleur niveau à Rome… L’ogre de Majorque est de sortie et il compte bien tout dévorer sur son passage. Une fois de plus…

100 VICTOIRES POUR 2 DÉFAITES À ROLAND-GARROS

Car si battre Nadal au meilleur des trois sets sur terre battue est devenu au fil du temps une performance accessible bien que toujours difficile, le battre au meilleur des cinq sets à Roland-Garros reste une rareté absolue. Il s’agit d’un exploit presque impossible. C’est simple, en quinze ans, il n’y a que Robin Söderling (2009) et Novak Djokovic (2015) qui ont réussi à dompter l’ogre espagnol dans son jardin du court Philippe-Chatrier. Et encore, le Majorquin n’était pas forcément dans les meilleures dispositions physiques ou mentales lors de ces deux revers… Alors quand il est au top de sa forme et à son meilleur niveau, comment vous dire… C’est un supplice. L’an passé à Paris, le «Djoker» avait pris une fessée mémorable, la plus grande de sa carrière en finale de Grand Chelem (6-0, 6-2, 7-5).

Pour autant, le sport n’est pas une science exacte. Et si Rafa peut compter sur sa terrible gifle en coup droit pour mettre en difficulté ses adversaires, son service ne fait plus aussi mal qu’avant depuis plusieurs mois. La faute à une blessure en Australie en début d’année dont il peine totalement à se remettre. Peut-être est-ce psychologique, mais les services du Majorquin ne sortent plus aussi bien de sa raquette. Cela manque encore de régularité et de puissance à ce niveau, mais Nadal aura plusieurs tours pour corriger ses lacunes et monter en puissance. Surtout que le service constitue la plus grande amélioration dans le jeu de l’Espagnol depuis le début de sa carrière. Cela serait donc de se priver d’une arme qui peut permettre de s’offrir des points faciles sur une surface propice aux longs échanges… Autre axe d’amélioration pour Nadal, son revers, qui a tendance à se dérégler ces dernières semaines. Mais même si des pans de son jeu restent perfectibles, Rafa pourra toujours s’appuyer sur sa grinta légendaire pour faire la différence. Et elle sera bien utile pour aller chercher un 14ème titre du Grand Chelem à Roland-Garros.