Il était en béquilles il y a encore quelques mois, il était touché par le Covid-19 il y a encore quelques semaines… Et pourtant, sans grandes attentes au moment de s’envoler pour les antipodes, Rafael Nadal a réalisé une performance invraisemblable en remportant son 21ème titre du Grand Chelem ! Un accomplissement exceptionnel qui le place désormais en seul recordman dans les Majeurs devant Roger Federer et Novak Djokovic. Pour y parvenir, il fallait battre un Daniil Medvedev qui avait pris un malin plaisir à priver le Serbe du Grand Chelem calendaire, qui lui aurait permis d’être le premier à 21 sacres, à l’US Open. C’était à peine il y a cinq mois.

En Australie, le Russe faisait figure de grand favori pour la victoire finale après l’expulsion de Novak Djokovic et l’élimination d’Alexander Zverev. Déjà finaliste l’an passé à Melbourne, le Moscovite avait l’occasion non seulement de remporter un deuxième titre consécutif en Grand Chelem, mais surtout de priver un autre membre du «Big 3» d’un 21ème Majeur. Et c’est ce qui semblait se dessiner sur la Rod Laver Arena ce dimanche quand Medvedev menait deux sets à rien et se procurait trois balles de break à 3-2 en sa faveur dans la troisième manche…

5H24 DE COMBAT !

Contre 99% des joueurs, l’affaire aurait été pliée. Mais pas contre Rafael Nadal… Fidèle à lui-même, l’Espagnol s’est bagarré comme un lion. Et après avoir glané la troisième manche, le Majorquin a sonné la révolte pour de bon dans le quatrième set. Au moment d’entamer la cinquième et dernière manche, Nadal, malgré ses 35 ans, paraissait le plus jeune et fringant sur le court. Face à un Medvedev qui n’a pas démérité mais qui s’est beaucoup entêté avec des choix étonnants, notamment avec une ribambelle d’amorties approximatives, l’Espagnol était lancé vers un sacre historique.

Il a bien cédé son break d’avance au moment de servir pour le titre, mais à la différence d’il y a cinq ans, quand Federer avait renversé Nadal après avoir eu un break de retard dans l’ultime set, le Majorquin a cette fois tenu bon. Après avoir repris immédiatement le service de Medvedev, il n’a pas manqué sa chance de conclure sur sa mise en jeu pour écrire une nouvelle page de sa légende après un combat de 5h24. Il est presque paradoxal de voir Nadal dépasser Federer et Djokovic dans le tournoi du Grand Chelem où il a connu le plus de déconvenues en finale. Il n’avait plus gagné à Melbourne depuis 2009.

C’est ce qui rend encore plus savoureux le sacre de l’Espagnol, qui revient de tellement loin…

En conférence de presse, il savourait cette victoire inattendue :

«Pour moi, c’est fantastique de remporter un titre du Grand Chelem supplémentaire à ce moment de ma carrière. Et bien sûr, 21 est un nombre spécial. Je ne dirai jamais que je le mérite, parce que beaucoup de personnes méritent, dans ce cas. Je me suis vraiment beaucoup battu pour essayer de revenir sur le court. Il y a eu des moments très durs, des conversations tendues, de celles qu’on peut avoir quand on n’est pas sûr d’avoir un jour l’occasion de retrouver le circuit. Mais je me fiche un peu de savoir si je suis le meilleur, ou un des meilleurs de l’histoire. Pour moi, il s’agit surtout de profiter de nuits comme celle-ci. Avoir réussi à conquérir mon second Open d’Australie signifie plus que tout, là, maintenant.»

Quant au plus bel hommage, il est probablement venu de son rival historique, Roger Federer :

«Quel match ! À mon ami et grand rival Rafael Nadal, je te félicite du fond du cœur pour être devenu le premier homme à gagner 21 titres du Grand Chelem. Il y a quelques mois, nous plaisantions quand nous étions tous les deux sur des béquilles. C’est fantastique. Il ne faut jamais sous-estimer un grand champion.»

Deux champions à la classe légendaire.