Vendredi matin, lorsque vous vous êtes réveillé et que vous avez pris votre smartphone pour regarder les dernières actualités de la planète tennis, vous avez certainement dû halluciner. A plusieurs milliers de kilomètres de l’Europe, où la pandémie de Covid-19 ne cesse de saper notre moral jour après jour, Adélaïde, en Australie, voyait les stars du tennis mondial, Rafael Nadal, Dominic Thiem, Novak Djokovic, Serena Williams ou encore Naomi Osaka, taper la balle dans un stade rempli de 4 000 spectateurs sans masque. Une première depuis près d’un an, si on exclut le fiasco de l’Adria Tour en juin 2020. Le temps de quelques secondes devant de telles images, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une rediffusion remontant à janvier 2020, mais non, il s’agit bel et bien d’un événement organisé en 2021.

Dans un contexte sanitaire délicat dans le monde entier, les Australiens seraient-ils devenus fous ? Non, ils sont simplement des adeptes de la stratégie «Zéro Covid», et au prix de mesures très strictes, parmi les plus sévères au monde, ils ont quasiment éliminé le Covid-19 de leur vie au bout de quelques mois. Par exemple, Melbourne, qui accueille l’Open d’Australie, a notamment subi un confinement de 112 jours entre juillet et octobre l’an passé. Autre ville forte du tennis australien, Perth, qui hébergeait auparavant la Hopman Cup, vient de se confiner pour cinq jours après la découverte du premier cas de transmission locale du coronavirus en 10 mois dans l’État d’Australie occidentale. En Australie, on ne plaisante pas avec le Covid-19.

DEUX SEMAINES DE QUARANTAINE, LE JUSTE PRIX À PAYER

Tous les participants au Grand Chelem australien ont d’ailleurs pu le vérifier ces deux dernières semaines en respectant une quarantaine obligatoire de 14 jours. Une période difficile à vivre, et plus encore pour les malchanceux considérés comme cas contacts après la découverte de cas de Covid-19 sur plusieurs vols, mais nécessaire pour reprendre une vie presque normale à l’approche de l’Open d’Australie. Plusieurs joueurs se sont plaints de ce protocole sanitaire extrême, comme Roberto Bautista Agut qui a dénoncé un traitement similaire à celui d’une «prison mais avec le wifi».

Cette grogne de plus en plus forte n’a pas laissé insensible Novak Djokovic, qui était lui bloqué dans la «bulle VIP» d’Adélaïde avec d’autres stars comme Nadal et Thiem. Et quand le Serbe a essayé de venir en aide à ses collègues les plus affectés par la situation à Melbourne, en demandant plus de souplesse aux autorités de l’État de Victoria, l’opinion publique locale et les médias australiens ont vu rouge… De quoi jeter un froid glacial autour de l’organisation de l’Open d’Australie, qui est pourtant un événement attendu avec grande impatience par les Australiens chaque année. Mais dans le contexte actuel, les priorités sont différentes et les joueurs ne peuvent s’affranchir du cadre fixé par les autorités locales. C’est ça ou exclusion via le premier avion.

L’HEURE DE LA RÉCONCILIATION À ADÉLAÏDE

Dans ce climat explosif, on était bien curieux de savoir comment les choses allaient se passer à Adélaïde ce vendredi pour la journée d’exhibition «A Day at the Drive». Et contre toute attente, les supporters australiens, pas rancuniers, ont réservé une superbe ovation aux stars qui se trouvaient sur le court. L’heure de la réconciliation avait sonné. Ainsi, durant plusieurs heures, la vie d’avant a repris ses droits, avec des points salués par les réactions du public et de nombreux sourires démasqués.

Certes, on avait déjà revu du public dans les tribunes de Roland-Garros à l’automne (1 000 spectateurs par jour), mais le court Philippe-Chatrier résonnait bien creux. Un stade plein en revanche, cela faisait très longtemps, et de telles images font chaud au cœur. Elles redonnent de l’espoir, alors que nous autres, Français, Européens, Américains et j’en passe, sommes engagés dans un tunnel bien sombre qui paraît de plus en plus interminable.

ENTRE 25 000 À 30 000 SPECTATEURS PAR JOUR À L’OPEN D’AUSTRALIE

Cet élan d’espoir va se prolonger durant les prochaines semaines, puisque l’Open d’Australie accueillera 30 000 spectateurs par jour lors des huit premiers jours du tournoi, puis 25 000 à partir des quarts de finale. Certes, avec 390 000 spectateurs sur l’ensemble de la quinzaine, cela ne représente que la moitié du public accueilli l’an passé à Melbourne Park, mais cela promet déjà une superbe ambiance dans les tribunes. Habituées à proposer les meilleures affiches, les night-sessions de la Rod Laver Arena conserveront leur caractère électrique quand le soleil se couchera sur la skyline de Melbourne.

Bref, vous l’aurez compris, cet Open d’Australie va constituer une sacrée bouffée d’oxygène, que ce soit pour les joueurs ou les téléspectateurs du monde entier. Surnommé le «Happy Slam», le Grand Chelem australien n’a probablement jamais aussi bien porté son nom. Le tennis est de retour, la vie est de retour… et surtout l’espoir est de retour. Alors rien que pour ça, merci l’Australie. Jamais l’île-continent n’a paru autant à l’autre bout de la planète.