Il n’en restera qu’une. Jeudi, sur un court Philippe-Chatrier balayé par le vent, Iga Swiatek et Sofia Kenin ont composté leur billet pour la finale. Voilà les deux joueuses à un match d’une victoire Porte d’Auteuil. Samedi, l’opposition promet entre deux jeunes femmes aux parcours totalement opposés durant la quinzaine parisienne. Pour différentes raisons, elles ont impressionné. Il n’y a plus qu’à finir le travail. 

SUPER IGA

Sans un bruit, Iga Swiatek a tracé sa route. La Polonaise, 54ème à la WTA, disputait cette année son deuxième Roland-Garros. L’an passé, en huitièmes de finale, elle n’avait pas pesé bien lourd face à Simona Halep, s’inclinant très lourdement 6-1, 6-0. Déjà pleine de promesses l’an passé, la native de Varsovie a plus que confirmé les espoirs placés en elle. Sur l’ocre parisien, la Polonaise a survolé les débats. Jamais elle n’a concédé plus de cinq jeux par match pour atteindre la finale. Le tout en sept heures pile. Pour six matches disputés, la moyenne expéditive d’1h10 par rencontre est éblouissante. Iga Swiatek a littéralement marché sur toutes ses adversaires.

Face à la surprise de ces demies-finales Nadia Podoroska, issue des qualifications, la Polonaise a de nouveau enfilé le costume de favorite. Jouer contre une qualifiée, Swiatek connaît. Au tour précédent, elle s’était débarrassée de l’Italienne Martina Trevisan, elle aussi passée par la phase qualificative. Et elle a réussi à faire mieux. Pourtant, contre la Transalpine, elle n’avait perdu que quatre jeux en 1h18. Son match le plus long de la quinzaine… Lors de sa demi-finale contre l’Argentine, 131ème à la WTA, la Polonaise est restée fidèle à ses statistiques impressionnantes en s’imposant 6-2, 6-1 en… 1h10.

Swiatek s’est rapidement détachée pour mener 3-0 d’entrée de jeu, agressant Podoroska en permanence. Malgré quelques opportunités laissées à son adversaire, la Polonaise a toujours paru calme et sereine. Après une première manche assez tranquillement conclue sur le service adverse, 6-2 en 38 minutes, Iga Swiatek a continué de dérouler. Seul léger bémol, la perte de son service à 4-0 dans la deuxième manche. Une alerte finalement sans gravité qui n’a pas empêché la favorite de la rencontre de s’imposer très facilement pour rester dans ses standards. 

Avec seulement 23 jeux perdus sur la route de la finale, soit moins de quatre par match en moyenne, elle égale le parcours de Dinara Safina en 2009. Et dire qu’elle n’a que 19 ans… Iga Swiatek devient la première Polonaise de l’ère Open à atteindre la finale Porte d’Auteuil. Dans ce tournoi, c’est un véritable rouleau compresseur. A noter que ce vendredi, elle sera de retour sur les courts aux côtés de Nicole Melichar pour tenter de rallier… la finale du tournoi de double ! Pour sa première finale en Grand Chelem, la Polonaise pourrait s’offrir une double-ration rarissime. Mais pour gravir la dernière (et plus haute) marche, elle devra se défaire de Sofia Kenin.

KENIN AU RENDEZ-VOUS

La hargneuse Américaine s’est débarrassée, avec un peu moins de difficulté que prévu, de la Tchèque Petra Kvitova dans la demi-finale des têtes de série. Mais avant ce match, Sofia Kenin n’a eu d’autre choix que de se battre pour rester en vie dans le tournoi. Sur la route du dernier carré, l’Américaine a ainsi laissé filer quatre manches. Du temps de perdu, pas mal d’énergie aussi. En arrivant sur le court Philippe-Chatrier jeudi après-midi, l’Américaine, native de Moscou, avait déjà passé près de neuf heures sur le court. Petra Kvitova, elle, n’avait pas perdu le moindre set. Sur le papier, l’avantage était donc clairement côté tchèque au début de la rencontre. Sofia Kenin, tête de série n°4, avait fort à faire face à la 11ème joueuse de la planète.

Mais d’entrée de jeu, la jeune Américaine, qui n’a pas encore fêté ses 22 ans, a mis une grosse pression sur Kvitova et l’a fait plier à l’échange. Très vite, Kenin s’est retrouvée devant au score, avec deux breaks d’avance. Toutefois, la Tchèque n’a pas abdiqué et s’est réveillée pour refaire une partie de son retard. Malgré le retour de son adversaire, l’Américaine a tenu le coup pour s’adjuger le premier set sur sa seconde opportunité, 6-4 en 40 minutes. Dans la deuxième manche, le scénario s’est répété : Sofia Kenin a fait le break pour prendre les commandes. Mais cette fois, la tête de série n°4 n’est pas parvenue à conclure.

Au moment de servir pour le match à 5-4, elle s’est crispée. Très tendue, elle a commis trois grosses fautes et laissé Petra Kvitova revenir dans la partie. Quelques instants seulement, le temps de retrouver ses esprits, de reprendre le service de la Tchèque… et de lui mettre le moral dans les chaussettes. Dans un dernier jeu plombé par les fautes directes, à l’image des 19 commises dans le second set, Kvitova a définitivement dit adieu à une première finale sur la brique pilée de la Porte d’Auteuil. C’est Sofia Kenin qui disputera, samedi, la finale de Roland-Garros face à Iga Swiatek. 

Huit ans après, revenir sur le court pour disputer une demi-finale Porte d’Auteuil était déjà un bel accomplissement pour la tête de série n°7. Agressée au couteau par un cambrioleur fin 2016, elle avait été très sévèrement blessée à la main gauche. Longtemps, l’idée même de pouvoir tenir à nouveau une raquette n’était qu’un rêve lointain. Alors quand deux ans plus tard, elle a atteint la finale de l’Open d’Australie et est remontée à la deuxième place mondiale, la Tchèque avait déjà réussi un exploit retentissant. Si Petra Kvitova peut nourrir quelques regrets, notamment sur la gestion des moments importants, elle peut surtout être fière de son parcours.

De son côté, Sofia Kenin arrivera incontestablement favorite sur le court au moment de défier Iga Swiatek. Victorieuse en début d’année à Melbourne de son tout premier titre du Grand Chelem, pour sa toute première finale, elle aura l’avantage de l’expérience. Car au moment de conclure, il ne faudra pas trembler. Sofia Kenin pourrait bien réaliser une saison monumentale si elle parvenait à s’imposer à Paris.

Cela fait maintenant quatre ans qu’une seule femme n’a pas gagné deux titres du Grand Chelem la même année. Sans Wimbledon, annulé pour raisons sanitaires, cela aurait une saveur toute particulière pour l’Américaine. Iga Swiatek, quant à elle, a d’ores et déjà réussi un tournoi plus que magnifique. Gagner Roland-Garros serait la cerise sur un  gâteau déjà sublime. Avantage Kenin, donc, mais Swiatek pourrait bien créer la surprise, maître-mot de cette quinzaine.

Mesdames, la Coupe Suzanne-Lenglen n’attend plus que vous.