Comme prévu, le Roland-Garros des Français tourne au fiasco… Rares sont les motifs de satisfaction dans le clan tricolore. Après l’ère des Quatre Mousquetaires, le tennis français entre une période délicate qui pourrait durer. Le désert semble infini…

FERRO, SEULE SURVIVANTE TRICOLORE DU JOUR

Sans Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille, forfaits avant le début du tournoi, on se doutait déjà que ce Roland-Garros 2020 serait plus que difficile pour les Bleus. Encore davantage quand Gaël Monfils a pris la porte d’entrée ce lundi. Mais que dire du mardi… Une journée noire, une déroute, une fessée. Sur les dix Français engagés sur les courts de la Porte d’Auteuil ce mardi, un seul est parvenu à rallier le deuxième tour. Il s’agit de Fiona Ferro, qui s’est montrée solide face à la Britannique Heather Watson. Seule rescapée d’un naufrage tricolore absolu, elle tentera de créer l’exploit jeudi contre Elena Rybakina, tête de série n°14. Si elle venait à s’imposer, elle pourrait bien éveiller l’intérêt des marques… Car oui, la Française n’a pas d’équipementier !

Si Fiona Ferro goûtera aux joies d’un deuxième tour à Roland-Garros, ce ne sera pas le cas pour Gasquet, Simon ou encore Barrère. Il faut dire que les trois Français avaient face à eux de sacrés clients : Baustista Agut, Shapovalov et Dimitrov. Quentin Halys pourra, en revanche, nourrir de gros regrets puisqu’il a obtenu une balle de match contre l’Américain Marcos Giron. Au terme d’une belle bagarre de près de 4h30, il s’est finalement incliné 8-6 au cinquième set. Décidément, les marathons ne réussissent pas aux Bleus dans ce Roland-Garros…

Les principales déceptions sont plutôt venues d’Ugo Humbert et Kristina Mladenovic. Le premier était particulièrement en forme puisqu’il venait d’enchaîner des succès probants contre Anderson et Fognini à Rome, avant de s’offrir le scalp de Medvedev à Hambourg. Mais malgré la confiance engrangée ces dernières semaines avant Roland-Garros, il s’est fait sortir en quatre sets par le lucky loser australien Marc Polmans. Avec 45 fautes directes au total, il était difficile d’imaginer une autre issue.

Quant à Kristina Mladenovic, elle a vécu un nouveau psychodrame après celui de l’US Open. Il est temps que l’année se termine pour la Française… Enfin, Pauline Parmentier a disputé le dernier match de sa carrière ce mardi. Opposée à la Russe Veronika Kudermetova, 42ème à la WTA, elle n’a pu éviter une défaite en deux sets, non sans s’être bien battue dans la deuxième manche. Elle quitte le circuit professionnel avec quatre titres dans sa besace et surtout une victoire en Fed Cup en 2019.

Bon vent Pauline !

L’ERREUR FATALE

Après son calvaire à l’US Open, Kristina Mladenovic espérait des jours plus heureux à Roland-Garros. Mais après avoir perdu de manière rocambolesque au deuxième tour à New York avant de vivre difficilement un isolement de plusieurs jours imposé par les autorités américaines, la Française a connu une nouvelle mésaventure Porte d’Auteuil. Si, à l’US Open, elle s’était inclinée contre Varvara Gracheva alors qu’elle menait 6-1, 5-1, et s’était procurée quatre balles de match, la Tricolore est cette fois sortie complètement de son match du premier tour à Roland-Garros après une erreur d’arbitrage.

Pourtant, les choses avaient bien commencé pour «Kiki» puisqu’elle menait 5-1 dans la première manche contre l’Allemande Laura Siegemund. Mais sur sa première balle de set, superbement jouée avec une amortie bien touchée, la Française est passée du rêve au cauchemar. Une fois de plus. Pourquoi ? Car elle a remporté ce premier set en réalité. En effet, la balle avait doublé avant que Siegemund ne parvienne à la remettre. Sauf que l’arbitre n’a rien vu et a donc décidé d’accorder le point à la joueuse allemande. Éberluée par cette décision, Mladenovic a perdu pied malgré sept balles de set au total. Après cet incident, la Française a perdu sept jeux consécutifs. Le mal était fait…

A l’arrivée, cela donne une défaite en deux sets et une «Kiki» très remontée en conférence de presse. «L’erreur est humaine, mais je ne comprends pas trop comment cela peut échapper à l’arbitre, qui doit être concentrée sur la balle», a déclaré la Française. Avant d’en rajouter une couche : «Non seulement, elle (l’arbitre) ne voit pas que cela double, ensuite, elle ne comprend pas que l’effet rétro que mon adversaire joue derrière n’est mathématiquement pas possible, s’il n’y a pas eu un deuxième rebond. Troisièmement, je pense que même la réaction de mon adversaire, qui était étonnée qu’il n’y ait pas eu d’annonce, est parlante. En tout, ça fait trois erreurs, en l’espace d’une fraction de seconde. Je ne comprends pas.»

Écœurée par cet incident, Mladenovic en vient même à souhaiter que la technologie remplace l’arbitre : «C’est vraiment dommage que l’on en arrive à un point où l’on aimerait bien remplacer l’être humain par la caméra, vu les erreurs qu’ils peuvent commettre. C’est vrai que parfois, il y a des désaccords de marque. Mais là, c’est beaucoup. Et c’est dommage, oui, vraiment, qu’il n’y ait pas de caméra. C’est la première chose que je lui ai dite, j’espère qu’elle regardera le replay. Malheureusement, elle, elle va continuer Roland-Garros, pas moi.»

Si on peut évidemment comprendre la déception et la frustration de la Française, on peut aussi s’interroger sur son mental. Perdre un set qu’elle maîtrisait facilement, ce n’est pas seulement la faute de l’arbitre… Surtout quand cela arrive dans deux tournois du Grand Chelem consécutifs en seulement un mois. Il est peut-être temps que 2020 se termine pour Mladenovic… et même pour tout le monde. «Honnêtement, si tous les mauvais sorts peuvent arriver en 2020, tant mieux. Comme cela, on est débarrassé, que l’on passe à autre chose», a lancé, un brin philosophe, la Française.

DÉPART DIESEL POUR LES FINALISTES D’HAMBOURG

Deux jours après s’être tirés la bourre à Hambourg, Andrey Rublev et Stefanos Tsitsipas ont bien failli passer à la trappe dès leur entrée en lice à Roland-Garros. Le Russe, titré en Allemagne, a vu le précipice de très près contre l’Américain Sam Querrey, mais il a su se faire violence dos au mur pour retourner une situation bien mal embarquée. Après la perte des deux premiers sets au tie-break, la frustration était maximale chez le Russe. Frustration qui a laissé place au dépit quand il n’était plus qu’à un jeu de la sortie dans le troisième set. Mais c’est à ce moment que Rublev s’est révolté pour entamer sa fantastique remontée victorieuse. Il suffisait de voir son émotion après la balle de match pour comprendre à quel point cette rencontre avait été difficile pour lui dans la tête…

Comme pour le Russe, Tsitsipas a dû puiser dans ses ressources mentales pour ne pas prendre la porte dès son entrée en lice sur la terre battue parisienne. Fortement bousculé par l’Espagnol Jaume Munar, qui n’aura pas grand chose à se reprocher, le Grec a été rapidement mené deux sets à zéro. Tsitsipas avait alors la tête presque totalement sous l’eau. Son moral n’était déjà pas à son zénith après avoir cédé dimanche en finale à Hambourg alors qu’il a servi pour le titre contre Rublev…

Mais le Grec n’est pas un joueur du Top 10 pour rien, et il l’a parfaitement démontré en se réveillant dans le troisième set. Il a ensuite fait le nécessaire pour remporter les deux manches suivantes et conjurer le sort sur un court Suzanne-Lenglen qu’il avait quitté meurtri l’an passé après une bataille épique de cinq heures contre Stan Wawrinka. Cette fois-ci, il en est sorti victorieux et cela va lui faire le plus grand bien au moral, d’autant plus après une sortie de route spectaculaire à l’US Open alors qu’il s’était procuré six balles de match contre Borna Coric.

Si débuter un tournoi du Grand Chelem de cette manière, d’autant plus dans les conditions si particulières de Roland-Garros cette année, n’est pas vraiment rassurant pour des joueurs de la trempe de Rublev et Tsitsipas, cela peut aussi leur donner un zeste de confiance. Gagner dans un jour sans, c’est toujours bon à prendre, et encore davantage en remontant un handicap de deux sets à rien. C’est d’ailleurs la première fois de leur carrière que le Russe et le Grec réalisent un tel exploit. Rien que pour ça, le déplacement jusqu’à Paris valait le coup.

LA BALADE

Si Kristina Mladenovic a vécu une journée cauchemardesque, comme bon nombre de ses compatriotes, Novak Djokovic a vécu de son côté une journée plus que tranquille pour son entrée en lice. En confiance après son titre à Rome, le Serbe n’a fait qu’une bouchée du Suédois Mikael Ymer pour entamer son parcours dans le Grand Chelem parisien.

Impressionnant d’entrée de jeu, le «Djoker» a été sans pitié en claquant un 6-0 en seulement 20 minutes dans le premier set. La suite de la rencontre n’a été qu’un long fleuve tranquille pour le Serbe, qui a répété ses gammes pendant 1h38. Il a tout particulièrement travaillé ses amorties, au point d’en abuser, avec pas moins de 25 réalisées sur l’ensemble du match ! Bref, tout va bien pour Djokovic en ce début de Roland-Garros.

Au fait, comment dit-on «amortie» en français, Novak ?

TWEENER LIKE ROGER

Roger Federer n’est pas présent à Roland-Garros cette année, mais depuis ses montagnes suisses, l’homme aux 20 titres du Grand Chelem a certainement apprécié le tweener du Suédois Mikael Ymer contre Novak Djokovic.

Cela a peut-être rappelé quelques souvenirs au Serbe, qui avait encaissé un superbe tweener du Suisse à l’US Open en 2009… Même absent, l’esprit de Federer demeure sur la terre battue parisienne !