Alors qu’il était parti sur des bases catastrophiques pour le clan français, ce Roland-Garros 2020 offre un bilan presque inespéré à l’issue de la première semaine. En effet, il y aura trois Tricolores, deux chez les dames et un chez les messieurs, sur les courts de la Porte d’Auteuil en huitièmes de finale, et peut-être au-delà… Après l’exploit d’Hugo Gaston et la qualification de Caroline Garcia la veille, Fiona Ferro a validé à son tour son billet pour les huitièmes.

FERROMÉNALE ! 

On s’attendait à une rencontre accrochée entre Fiona Ferro et Patricia Maria Tig, elle a bien eu lieu. Pendant un peu moins de trois heures, les deux joueuses ont livré un superbe combat sur un court Philippe-Chatrier en mode Fed Cup. Des trois sets de ce match tendu, le premier a été le plus irrespirable. Et pour cause, la Française et la Roumaine se sont rendues coup pour coup. Avec des jeux de service très longs et compliqués, pour l’une comme pour l’autre, la première manche a ainsi duré près d’une heure et demi (!), et c’est donc assez logiquement que ce set initial s’est conclu par un tie-break remporté par Ferro, au grand dam de son adversaire qui s’est un peu frittée avec le public avec un cri perçant quelque peu surprenant, le regard tourné vers les gradins. Une scène insolite aussi drôle que ridicule.

Dans la deuxième manche, la Français a connu un coup de pompe, qui a remis Patricia Maria Tig dans la partie. Après deux sets très accrochés, on pensait alors que la Roumaine avait un léger ascendant au moment d’aborder la dernière manche. Il n’en fut rien. Ce fut une véritable leçon infligée par la Tricolore. Complètement relâchée, Fiona Ferro n’a pas fait dans le détail en claquant un 6-0 dans le troisième set. Il faut croire que cela devient une tradition pour les Français dans ce Roland, 24 heures après la «bulle» collée par Hugo Gaston à Stan Wawrinka.

A l’issue de la rencontre, Fiona Ferro n’a pas laissé exploser une joie délirante. C’est pourtant la toute première fois de sa carrière qu’elle atteint les huitièmes de finale en Grand Chelem. Aux yeux de la Française, ce n’est qu’un pas de plus vers les sommets : «Ce n’est pas une fin en soi d’atteindre les huitièmes.» Et d’ajouter : «Je ne me fixe pas de limite. Je pense encore plus sur le circuit féminin qu’ailleurs, tout le monde peut battre tout le monde.» Sofia Kenin, son adversaire au prochain tour, sait désormais à quoi s’en tenir.

L’APPRENTISSAGE

A 19 ans, Clara Burel fait partie des très belles surprises français dans ce Roland-Garros aussi maussade que la météo de ces derniers jours. Mais au troisième tour, la marche a été un peu trop haute pour la jeune Tricolore face à la Chinoise Shuai Zhang, qui avait sorti Alizé Cornet au deuxième tour. Clara Burel n’a cependant pas à rougir de sa défaite. La Française a en effet opposé une belle résistance à la 39ème mondiale, qui l’avait déjà battue la semaine dernière à Strasbourg. Elle a même obtenu trois balles de set dans la première manche, finalement perdue au tie-break. La chance de la Bretonne était passée. Éliminée en deux sets, elle a désormais l’avenir devant elle. Et il s’annonce plutôt radieux…

BERRETTINI, PAR ICI LA SORTIE…

Que l’US Open 2019 doit paraître loin pour Matteo Berrettini… Visiblement pas dans son assiette, l’Italien, tête de série n°7, a pris la porte en trois petits sets contre l’étonnant Daniel Altmaier. Issu des qualifications, l’Allemand semble parfaitement s’accommoder des conditions automnales sur la terre battue parisienne. Car si l’Italien ne semblait pas au mieux avec la bagatelle de 42 fautes directes sur l’ensemble de la rencontre, Altmaier, 186ème mondial, n’a souffert d’aucun complexe sur le court Philippe-Chatrier.

Pour sa première participation à un tournoi du Grand Chelem, l’Allemand de 22 ans atteint directement les huitièmes de finale. Et avec la manière… Il n’a perdu qu’une seule manche depuis le début du tournoi, et encore, c’était au dernier tour des qualifications. Avec six matches dans les jambes et des succès probants contre Feliciano López, Jan-Lennard Struff et donc Matteo Berrettini, Daniel Altmaier s’apprête à affronter Pablo Carreño Busta. C’est la troisième tête de série consécutive qu’il rencontre dans le tournoi. Cela lui a souri jusqu’à maintenant… Jamais deux sans trois ?

TSITSIPAS ET DIMITROV, SANS FORCER

Si Matteo Berrettini a vécu une sale journée ce samedi, cela a été bien plus tranquille pour Stefanos Tsitsipas et Grigor Dimitrov. Le Grec et le Bulgare n’ont en effet pas eu à sortir l’artillerie lourde pour rallier les huitièmes de finale, puisqu’ils ont tous les deux bénéficié de l’abandon de leurs adversaires respectifs. Aljaz Benene a renoncé avant la fin du troisième set contre Tsitsipas, tandis que Roberto Carballés Baena, qui avait sorti Denis Shapovalov en cinq sets après cinq heures de jeu au deuxième tour, n’aura tenu que deux sets avant de renoncer face à Dimitrov. Le Bulgare et le Grec seront en forme pour les huitièmes de finale. Cela tombe bien, puisqu’ils s’y rencontreront pour un duel de revers à une main qui promet !

DJOKOVIC, FREINÉ PAR LE TOIT

Pour Novak Djokovic, le troisième tour aura ressemblé aux deux précédents : une balade de santé. Ce samedi, c’est le pauvre Colombien Daniel Elahi Galán qui a subi la loi du Serbe. Le 153ème mondial a même encaissé un terrible 6-0 d’entrée de jeu. Survolant facilement les débats, le «Djoker» était alors parti pour plier l’affaire dans un temps record. Mais la pluie, qui tombait faiblement depuis le début de la partie, a redoublé d’intensité et obligé les organisateurs à fermer le toit. Ce que Djokovic réclamait depuis le début de la rencontre…

Dans le deuxième set, le Serbe a commencé à faire part très clairement de son agacement à l’arbitre. «Vous avez payé un toit et vous ne l’utilisez pas», a ainsi lancé Djokovic à l’officiel. Alors que le Chatrier devenait une patinoire dangereuse, le superviseur a finalement pris la décision de fermer le toit. Pour le plus grand bonheur du natif de Belgrade, mais aussi pour son adversaire et le public. Après la fermeture du toit, Djokovic s’est un peu détendu, donnant même un coup de main à l’équipe technique pour refaire la terre battue. C’est l’image que l’on préférera retenir de ce match à sens unique.

En conférence de presse, le Serbe en a remis une couche sur le toit déployé trop tardivement à son goût, mais pas seulement. Il s’est également interrogé sur l’utilité des juges de ligne alors que des avancées technologiques élargissent le champ des possibles. Et Djokovic n’a pas fait les choses à moitié : «Il n’y a pas de raison de conserver les juges de ligne.» La disqualification à l’US Open n’est visiblement toujours pas digérée…

LE MOMENT INSOLITE 

Au deuxième tour du tournoi de double, Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut ont eu très, très chaud… La paire française est en effet passée tout près de l’élimination face à la paire Pospisil-Sock, avec une balle de match sauvée dans le tie-break du deuxième set. Malgré la tension de la rencontre, Pierre-Hugues Herbert n’a pas manqué de faire preuve de fair-play. En effet, il a pris la défense du coach de… Jack Sock, alors que celui-ci était en passe de se faire expulser des tribunes par un agent de sécurité. Une scène surréaliste…