Hugo Gaston a bien failli créer une surprise monumentale ce dimanche sur le Central de Roland-Garros. Invité à disputer le Majeur parisien, celui qui n’était encore que 239ème mondial avant ce tournoi vient d’entrer sur le circuit en mettant un énorme coup de pied dans la porte. Après son exploit contre Stan Wawrinka, il n’est pas passé loin de faire encore mieux… Il aura fait vibrer la France, qui ne va pas l’oublier de sitôt. 

AUX PORTES DU PARADIS

Il était le dernier Français en lice, et cela tenait déjà presque du miracle. A seulement 20 ans, Hugo Gaston s’était offert vendredi un succès presque inespéré face à Stan Wawrinka pour rejoindre Dominic Thiem en huitièmes. L’exploit était déjà fait, et la fessée qui lui était promise paraissait déjà écrite, comme une nécessaire phase d’apprentissage du haut niveau. Mais ce dimanche, le Toulousain a dépassé toutes les attentes. Face à l’Autrichien, Hugo Gaston ne s’est pas démonté, loin de là.

Dans un match qui s’est joué pendant cinq jeux seulement avec le toit ouvert avant que la pluie ne vienne couvrir les deux hommes, il a donné du fil à retordre au double finaliste de la Porte d’Auteuil pendant les deux premières manches, finalement perdues (4-6, 4-6). Dans le troisième set, le jeune Toulousain n’est pas passé loin d’une sortie, somme toute assez logique compte tenu de son classement, mais frustrante au vu de son potentiel et de la qualité du tennis produite pendant deux heures. Sauf qu’Hugo Gaston a laissé son costume de 239ème joueur à l’ATP pour enfiler ses habits de lumière.

Il a réussi à prendre le service de Thiem au meilleur des moments, pour revenir à deux sets à un. Il venait déjà de réaliser un petit exploit en prenant une manche au troisième meilleur joueur du monde, ce qui n’était pas encore arrivé dans le tournoi. Alors quand, à grands coups d’amorties (plus de 50 en tout !), le Français est revenu à hauteur de l’Autrichien, la folie d’un exploit inédit s’est emparée du Chatrier.

Dans l’ultime manche, le poids de deux matches en cinq sets contre deux top-players a commencé à peser dans les jambes du Toulousain, qui est finalement tombé les armes à la main. Sa défaite, 6-4, 6-4, 5-7, 3-6, 6-3 en 3h32, est à ranger avec les belles promesses plus qu’avec les regrets, comme il l’a lui même expliqué en conférence de presse après la rencontre : «J’ai tout donné et je n’ai aucun regret. Je sors de ce match la tête haute. Jouer contre des grands joueurs fait toujours grandir, j’engrange de l’expérience. L’année prochaine, j’espère pouvoir arriver à Roland et être dans le tournoi sans invitation.» 

Le rendez-vous est pris pour le petit gabarit tricolore d’1m73 .

S’il y a bien une chose à retenir de ce match, c’est que le tennis français a de beaux jours devant lui grâce à une génération prometteuse. Mais surtout, c’est le toucher de balle exceptionnel d’Hugo Gaston qui a impressionné, à commencer par l’Autrichien lui-même. Il a d’ailleurs tenu à le souligner après le match : «Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué quelqu’un avec un tel toucher de balle. Il m’a fait monter 400 fois au filet avec ses amorties. Ses amorties viennent d’une autre planète.» Un sacré compliment accompagné d’une prédiction… «Il va apporter beaucoup de joie à ce court.» C’est déjà bien parti.

SANS FAIRE DE BRUIT

Dominic Thiem affrontera Diego Schwartzman, tombeur de Lorenzo Sonego. Ce dernier a perdu la plupart des points importants. Loin d’être ridicule, Sonego a joué de malchance et de maladresse dans les moments décisifs pour laisser le petit Argentin s’envoler. La tête de série n°12 ne s’est pas fait prier pour saisir les opportunités laissées par l’Italien et s’imposer 6-1, 6-3, 6-4, en moins de deux heures. Loin de la frénésie du Chatrier, c’est sur un Lenglen tristement vide que le quatorzième joueur à l’ATP s’est défait du Transalpin. Schwartzman égale donc sa meilleure performance Porte d’Auteuil avec une qualification en quarts de finale et pourrait bien profiter de la potentielle fatigue de Dominic Thiem au prochain tour pour rêver plus grand.

LA JOURNÉE DES ROUSTES

Caroline Garcia a pris l’habitude de mal démarrer ses matches durant cette quinzaine parisienne. La Française n’a pas failli à sa réputation en se faisant breaker d’entrée par Elina Svitolina. Pire, elle a débuté en perdant le premier set 6-1, comme lors du tour précédent face à Elise Mertens. Sauf que contre la Belge, la Lyonnaise avait retrouvé de sa superbe pour arracher une victoire inimaginable après un premier acte catastrophique. Ce dimanche, dans les bourrasques de la Porte d’Auteuil et face à la cinquième joueuse de la planète, Caroline Garcia a pris une soufflante. Pas de résurrection, pas de retour. Mais une défaite sèche (6-1, 6-3) en 63 minutes.

Incapable de s’adapter aux conditions climatiques difficiles, la Française a buté sur un vent à décorner la Bleue. Contre l’Ukrainienne, Garcia savait qu’elle devait sortir le match parfait, mais la Lyonnaise en fut bien trop loin. Auteure de 34 fautes directes, Caroline Garcia n’a pas su s’adapter. La faute à un jeu basé sur la prise de risque. Dans de telles conditions, elle aurait dû changer son fusil d’épaule et jouer avec beaucoup plus de sécurité. Sur un Chatrier tourbillonnant, la Française a arrosé et a littéralement offert le match à l’Ukrainienne, qui n’en demandait pas tant. Malheureusement pour Caroline Garcia, les débuts de match se ressemblent. Les fins, moins.

Décidément, le tennis féminin est imprévisible. 

BERTENS ET HALEP IMPUISSANTES

Oui, le tennis féminin est imprévisible. Tout le monde semble pouvoir battre tout le monde. La preuve apportée aujourd’hui ne fera que renforcer l’idée d’un circuit sans patronne, plus ouvert que jamais. Demandez donc à Kiki Bertens ce qu’elle en pense, et, si elle ne répond pas, tournez-vous vers Simona Halep. Respectivement cinquième et première têtes de série, les deux joueuses avaient un huitième de finale a priori abordable. A priori seulement. Face à Martina Trevisan, issue des qualifications, la Néerlandaise aurait dû dérouler. 1h35 après le premier coup de raquette, Kiki Bertens prenait la porte, avec une défaite 6-4, 6-4.

L’Italienne, 159ème à la WTA, n’en finit plus de surprendre. Après avoir dominé la prodigieuse Cori Gauff et la solide Maria Sakkari, son tournoi semblait d’ores et déjà réussi et une élimination face à la huitième joueuse mondiale n’aurait surpris personne. Excepté que, dans cette édition de Roland-Garros, la surprise est un élément essentiel, et, à ce titre, Trevisan a tenu à prolonger l’étonnant, l’incroyable même. Certes, la Néerlandaise était certainement émoussée par sa première semaine et surtout par son deuxième tour dantesque face à Sara Errani, ce qui s’est traduit par un manque de lucidité et trop de fautes directes. Toutefois, l’Italienne a profité de la confiance accumulée dans le tournoi pour frapper 22 coups gagnants, bien plus que les 13 de son adversaire. Pour son premier Roland, voilà Martina Trevisan en quarts de finale. Et face à Iga Swiatek. Qui l’eût cru ?

Alors que la route de Simona Halep semblait toute tracée vers un deuxième titre Porte d’Auteuil, Iga Swiatek a littéralement laminé la Roumaine, pourtant nº2 mondiale. En 65 minutes, la 54ème à la WTA a collé un impressionnant 6-1, 6-2 à la favorite du tableau féminin.

La Polonaise a tout simplement été surpuissante. Elle a terminé le match sans avoir eu à défendre la moindre balle de break. De plus, sur ses 66 points gagnés dans la rencontre, 30 ont été le fruit de coups gagnants ! Des statistiques ahurissantes que l’on voit rarement ailleurs, ou peut-être avec Novak Djokovic et Rafael Nadal. C’est donc une vraie tornade qui s’est abattue sur la Roumaine, alors que l’on promettait l’enfer à Swiatek. La voilà finalement au paradis. Le quart de finale surprise entre Martina Trevisan et Iga Swiatek sera à scruter avec attention. 

NADAL DE NOUVEAU EN DÉMONSTRATION

Si les matches du tableau féminin n’ont pas duré bien longtemps aujourd’hui, ce n’était pas totalement la même histoire chez les messieurs. A une exception près. Et quelle exception. Face à l’Américain Sebastian Korda, qui a lui-même avoué être un fan de Nadal, «une des raisons pour lesquelles (il) joue au tennis aujourd’hui», l’Espagnol a connu une nouvelle journée express. 1h55 de jeu tout de même, mais une victoire très facile (6-1, 6-1, 6-2).  Après un premier tour de mise en route, le maître des lieux s’est baladé, ne concédant jamais plus de cinq jeux par match. Une tranquillité qu’ils sont bien peu à connaître dans le tournoi. Cependant, le Majorquin n’a pas encore eu à affronter de tête de série, ni même de joueur capable de l’accrocher réellement. Son prochain tour pourrait bien durer quelques minutes (et quelques sets ?) de plus… 

Car Rafa aura face à lui, non pas le finaliste de l’US Open, Alexander Zverev, mais bien son adversaire, le prodige du tennis italien, Jannik Sinner. A seulement 19 ans, le lauréat du Masters «Next Gen» l’an passé a donné une véritable leçon à l’Allemand. Plus précis et plus puissant, il a réalisé 39 coups gagnants, contre 19 pour Zverev. Même son relâchement et sa légère saute de concentration dans le troisième set n’auront pas permis au septième joueur mondial d’en profiter. Après trois heures d’un match globalement maîtrisé, le jeune Italien s’est imposé 6-3, 6-3, 4-6, 6-3. Il s’offre un quart de finale de gala avec la manière.