A New York, les choses ne s’arrangent pas pour le clan tricolore avec l’exclusion de Kristina Mladenovic du tournoi de double. Le Grand Chelem américain sourit en revanche très largement à nos cousins canadiens…

DE LA POLÉMIQUE AU SCANDALE

Ce samedi, Kristina Mladenovic devait en théorie entrer sur le court en compagnie de Timea Babos, sa partenaire de double hongroise. En théorie seulement car, dans la pratique, il n’en fut rien. La raison ? La même que celle qui a permis aux autorités sanitaires américaines d’infliger toutes les contraintes du monde à la Française et certains de ses compatriotes, qui ont eu le malheur de prendre part à une simple partie de cartes avec Benoît Paire. Sur décision extra-sportive, voilà la meilleure paire actuelle exclue. Une décision insupportable.

Après l’imbroglio Mannarino, place au scandale Mladenovic. On avait laissé la Tricolore épuisée nerveusement à l’issue de sa défaite contre Gracheva lors d’un deuxième tour au scénario renversant. Depuis, «Kiki» avait partagé sur les réseaux sociaux la difficulté de vivre dans une bulle sanitaire aux conditions très strictes (impossible pour elle de s’entraîner normalement, de se balader où même de sortir de sa chambre sans autorisation). La faute à cette fameuse partie de cartes dont on se souviendra longtemps.

La journée de vendredi avait fait naître une polémique après qu’Adrian Mannarino ait dû négocier pendant plusieurs heures pour avoir le droit de disputer son match contre Alexander Zverev. Finalement, la tête de série n°32 du Majeur new-yorkais n’avait fait illusion qu’un set face à l’Allemand avant de craquer et de s’incliner en quatre manches. Reste que le Français avait eu le droit de défendre ses chances. Mladenovic et Babos, elles, n’auront même pas eu ce droit.

Dans la bulle de Flushing Meadows, après avoir disputé trois rencontres, voilà que Kristina Mladenovic et Timea Babos sont purement et simplement exclues du tournoi. Peut-on imaginer Novak Djokovic sorti de sa quinzaine après avoir passé une demi-heure dans la chambre d’un joueur testé positif (et toujours négatif depuis) ? Cela paraît impossible. Pourtant, ce sont bien les n°1 à la WTA en double qui se retrouvent sorties du tableau. Une honte, tout simplement.

Car ce choix, sans aucune logique ni cohérence avec les précédentes décisions, va même à l’encontre du règlement. Jamais il n’est écrit qu’un cas contact doit être exclu du tournoi. Et si cette décision est prise, pourquoi ne pas avoir interdit les autres Français de jouer ? Et pourquoi ne pas exclure Alexander Zverev, cas contact d’Adrian Mannarino en ayant joué contre lui ? Quid d’Alex De Minaur, adversaire de Richard Gasquet au deuxième tour ? Si l’on veut retirer tous les cas contacts du tournoi, la liste pourrait être longue et le tournoi décimé. Heureusement, la paire franco-hongroise n’aura pas le loisir de «contaminer» celles qui devaient être leurs adversaires. Une paire… américaine.

PREMIÈRE DEUXIÈME

Après cette annonce, on s’imaginait à nouveau une deuxième semaine sans représentant tricolore à l’US Open. C’était sans compter sur Alizé Cornet. Sans faire de bruit, la Niçoise de 30 ans s’est frayée un chemin pour atteindre les huitièmes de finale pour la première fois de sa carrière à New York. La Française a désormais atteint les huitièmes de finale dans les quatre tournois du Grand Chelem. Très solide face à la tête de série n°7, Madison Keys, elle a su se faire violence pour virer en tête à la fin du premier set, empoché après 53 minutes de jeu et un tie-break gagné 7 points à 4. Touchée à l’épaule gauche, l’Américaine a finalement jeté l’éponge à 3-2 contre elle dans la deuxième manche.

Sur la route de la Tricolore, il y a désormais Tsvetana Pironkova, à la portée d’Alizé Cornet mais dont la Française devra se méfier. De retour aux affaires à l’US Open, la Bulgare a déjà sorti Muguruza et Vekic depuis le début du tournoi. Mais si Cornet fait respecter son rang, cela pourrait permettre au clan tricolore, où l’ambiance est bien morose, de retrouver un peu le sourire. En cas de victoire, la Niçoise disputerait le premier quart de finale de sa carrière en Grand Chelem.

Ô CANADA

Au rayon des premières, en voilà une qui ravira le pays à la feuille d’érable. Grâce à Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime et Vasek Pospisil, voilà le Canada représenté par trois hommes en huitièmes de finale à New York. Jamais ce n’était arrivé en Grand Chelem. Pour les deux premiers, qui appartiennent à une jeune génération promise à un brillant avenir, rien de si étonnant. Denis Shapovalov a fait preuve d’une extraordinaire combativité, en laissant quatre sets en route dans cette première semaine. Même mené deux sets à un par Taylor Fritz, il a su inverser la vapeur.

Après un premier tour délicat qui ressemblait plutôt à une mise en jambes, Félix Auger-Aliassime, lui, s’est facilement débarrassé d’un Andy Murray usé par un premier tour dantesque, avant de découper Corentin Moutet qui, émoussé par son match de deux jours contre Dan Evans, n’a pu glaner que cinq jeux contre le jeune Canadien de 20 ans.

Mais contre toute attente, la vraie surprise de ce trio d’outre-Atlantique, c’est Vasek Pospisil. Principal syndicaliste de l’ATP, prêt à monter au créneau pour défendre ses collègues du circuit, le 94ème joueur mondial a sorti une copie presque parfaite pour se défaire de Roberto Bautista Agut, pourtant tête de série n°8 du tournoi. A 30 ans, il s’offre son premier huitième à New York et défiera Alex De Minaur, bourreau de Gasquet et Khachanov, pour tenter de rallier les quarts. Les trois Canadiens ne seront pas favoris mais pourraient offrir du grand spectacle. Le duel entre «FAA» et Dominic Thiem fait déjà saliver tous les amoureux de la petite balle jaune…

LES YEUX OLYMPIQUES

Jouer devant ses fans est toujours particulier. Dans un stade vide, c’est encore autre chose. Depuis le début du tournoi, les loges et les «box» sont les seules sources de soutien pour les joueuses et les joueurs. Les coaches, les amis, la famille sont à la maison, mais certains ont pu amener avec eux dans la bulle un ou deux soutiens. Pour Serena Williams hier, pas beaucoup de public, mais une supportrice bien spécifique, sa fille Olympia.

A l’issue de sa victoire contre Sloane Stephens en trois sets, sa 104ème à Flushing (!), la joueuse aux 23 titres du Grand Chelem s’est laissée aller à une interview pleine de tendresse. «J’avais oublié qu’elle viendrait au bord du court aujourd’hui. J’espère qu’elle a vu sa mère se battre. Entre nous, je pense qu’elle n’a pas trop fait attention à ce qui se passait, elle a surtout dû aller jouer avec des poupées dans les loges», s’est amusée Serena Williams. Pas sûr en effet que la petite Olympia ait tout suivi, mais il est peu probable que sa mère lui en tienne rigueur. Tout sourire et saluant sa fille, l’Américaine a surtout eu chaud au cœur.

LA RENAISSANCE

Une maman peut en cacher une autre. Si Serena Williams avait impressionné en revenant très vite après avoir donné naissance à Olympia, l’histoire est bien différente pour Victoria Azarenka. N°1 mondiale il y a huit ans, lauréate de deux titres du Grand Chelem et double finaliste à New York (face à une certaine Serena) à la même époque, la Biélorusse avait connu un vrai trou d’air. Devenue maman d’un petit Leo en 2016, elle avait dû déclarer forfait pour toute sa fin de saison 2017 afin de se battre pour la garde de son enfant. Depuis, elle n’était plus qu’une pâle copie de ce qu’elle était. Mais il y en a certains pour qui le confinement a plus été un déclic qu’autre chose. Et c’est le cas pour Azarenka.

Accompagnée d’un nouveau coach, le Français Dorian Descloix, la Biélorusse vie une véritable renaissance. 59ème à la WTA avant la reprise, «Vika» est déjà remontée à la 27ème place mondiale. Forte de sa victoire à Cincinnati (sans disputer la finale suite au forfait de Naomi Osaka) juste avant le début du Majeur américain, Azarenka est sur une impressionnante lancée. Son premier titre depuis quatre ans dans la poche, la voilà de retour en deuxième semaine de Grand Chelem après avoir écarté Iga Swiatek. Une première depuis… 2013 !

Face à Karolina Muchova, Victoria Azarenka pourrait s’octroyer un quart de finale prestigieux face à une nouvelle tête d’affiche du tennis féminin, la lauréate de l’Open d’Australie, Sofia Kenin.