Après les émotions de l’Open d’Australie, le mois de février peut sembler bien fade. Et pour cause, c’est le seul mois de l’année tennistique qui ne compte aucun tournoi majeur. Aucun Grand Chelem, ni même de Masters 1000 à se mettre sous la dent. Cependant, ce mois de février, qui comptait un jour supplémentaire en 2020 – année bissextile oblige – a été riche en enseignements. Avant de basculer dans un mois de mars particulièrement excitant avec les deux premiers Masters 1000 de la saison, Indian Wells et Miami, on fait le point sur les choses essentielles à retenir de ce mois de février si atypique…

DJOKOVIC TOUJOURS INVINCIBLE

La défaite ? Il ne connaît pas. En 2020, Novak Djokovic n’a en effet encore jamais connu le goût de l’échec. Cette année, le Serbe en est ainsi à 18 victoires de suite, série qu’il compte bien poursuivre du côté d’Indian Wells. Avant de se rendre dans le désert californien, le n°1 mondial a pris soin d’étoffer son palmarès en ajoutant trois titres supplémentaires à se besace : ATP Cup, Open d’Australie et Dubaï.

Au-delà d’être une machine qui ramène tout sur le court, Novak Djokovic livre en ce début de saison une véritable démonstration de force mentale. La manière dont il avait renversé la situation lors de la finale de l’Open d’Australie, alors qu’il était mené deux manches à une et était à deux doigts de littéralement péter les plombs contre l’arbitre, avait marqué les esprits.

A Dubaï, le Serbe a une nouvelle fois prouvé qu’il avait un mental d’acier pour se sortir de situations inextricables, en sauvant trois balles de match contre Gaël Monfils. «C’est comme être au bord d’une falaise. Vous savez que vous ne pouvez pas reculer, donc il faut sauter et essayer de trouver un moyen de survivre», a expliqué le natif de Belgrade. A Melbourne et à Dubaï, il n’est pas tombé de la falaise. Désormais, il la survole et cherche désormais à placer des montages en 2020. «L’un des objectifs est de rester invaincu toute la saison. Non, je plaisante… Je ne plaisante pas en fait ! Prenons les choses étape par étape», s’est amusé à déclarer le «Djoker» après son titre aux Émirats Arabes Unis. La prochaine étape, c’est Indian Wells. La concurrence – s’il en existe encore une – est prévenue.

GAËL MONFILS, LA BELLE SÉRIE

A Melbourne, on avait quitté un Gaël Monfils qui n’en menait pas large après avoir (largement) bu la tasse contre Dominic Thiem lors de son huitième de finale de l’Open d’Australie. Malgré ce revers malheureusement trop logique, la Monf’ a su rebondir. Et de quelle manière ! En l’espace de quatre semaines, le Français a aligné 12 victoires consécutives ! Une performance qui lui a permis d’engranger 850 points au classement ATP. Durant cette période faste, le joueur tricolore a remporté deux titres, à Montpellier et à Rotterdam, avant de rallier le dernier carré à Dubaï, où Novak Djokovic a mis fin à sa belle série.

Mais il serait trop facile de se satisfaire de ce mois plus que réussi pour Gaël Monfils… Et pour cause, le Parisien était tout prêt à Dubaï de réaliser un authentique exploit : battre le «Djoker». Il a même eu trois balles de match contre le Serbe, dont deux sur son service… mais la Monf’ a failli. Qu’il se rassure, il n’est pas le seul. Roger Federer pourrait lui dire quelques mots sur le sujet avec sa finale de Wimbledon l’an passé… Toujours est-il que le Français n’avait jamais été aussi proche de battre Novak Djokovic en 17 confrontations. Maintenant qu’il sait comment blesser la bête serbe, il faudra être capable de conserver toute sa lucidité pour l’achever la prochaine fois. Et s’il venait à y parvenir, tout deviendrait possible… Gaël Monfils sera attendu au tournant lors de la tournée américaine en Californie et en Floride.

LA «NEXT GEN» EN FORME AVEC TSITSIPAS ET AUGER-ALIASSIME

A l’Open d’Australie, Stefanos Tsitsipas, 21 ans, et Félix Auger-Aliassime, 19 ans, avaient déçu. Le Grec avait pris la porte en trois petits sets au troisième tour face à Milos Raonic, tandis que le Québécois avait cédé dès son entrée en lice contre l’imprévisible Ernests Gulbis. Finalement, ces deux membres de la «Next Gen» n’auront pas tergiversé trop longtemps pour se remettre en selle. Ils l’ont fait de fort belle manière en ce mois de février. Et pour cause, chacun a disputé deux finales, dont celle de Marseille qui les a mis aux prises comme un clin d’œil du destin.

Avant de s’envoler pour les États-Unis en ce mois de mars, Stefanos Tsitsipas aura ainsi fait le plein de confiance en France et aux Émirats Arabes Unis. S’il n’a jamais entrevu la victoire contre Novak Djokovic en finale à Dubaï, le Grec pourra cependant se consoler avec une série de 8 victoires consécutives pour se remettre dans le bon sens de la marche après la déception de Melbourne et celle de Rotterdam où il avait cédé dès son deuxième match à la surprise générale contre Aljaz Bedene. Il n’a pas déplacé des montagnes en ce mois de février, mais il s’est montré suffisamment solide pour tenir son rang à Marseille et Dubaï. Dans la cité phocéenne, il s’est même offert son premier titre cette saison, en battant un certain Félix Auger-Aliassime.

Là où certains joueurs profitent du mois de février pour recharger leurs batteries avant l’éreintant combo Indian Wells-Miami, «FAA» a effectué un véritable marathon. Le jeune Canadien a ainsi disputé quatre tournois en quatre semaines, représentant la bagatelle de 14 rencontres. Entre un parcours décevant à Montpellier, où il a rapidement été éliminé par Pierre-Hugues Herbert, et une fin de mois sur les rotules à Acapulco, où Kyle Edmund lui a fait comprendre qu’il était temps de se reposer, Félix Auger-Aliassime est parvenu à atteindre la finale à Marseille et à Rotterdam. Au bord de la Méditerranée, il avait subi la loi de Stefanos Tsitsipas. Aux Pays-Bas, ce fut celle de Gaël Monfils, l’homme en forme du moment. Avec ces deux échecs supplémentaires, le Québécois en est désormais à cinq finales perdues en autant de tentatives. Mais qu’importe, il n’a que 19 ans. Les titres ne tarderont pas à tomber. Et il faudra s’en méfier à Indian Wells…

ROGER FEDERER FORFAIT POUR ROLAND-GARROS

C’est la (très) mauvaise nouvelle de ce mois de février : Roger Federer ne foulera plus les courts de tennis jusqu’à la saison sur gazon. Le Suisse a en effet annoncé avoir subi une intervention au genou droit qui l’éloignera du circuit ATP pendant quatre mois. Conséquence directe de cette blessure : l’ex-n°1 mondial manquera Roland-Garros. Un coup dur pour Guy Forget, le directeur du Grand Chelem parisien, qui se réjouissait de revoir Federer du côté de la Porte d’Auteuil pour la deuxième année consécutive après son retour tant attendu l’an passé. En 2019, l’Helvète avait réalisé un joli parcours en atteignant le dernier carré. Cette année, Roland-Garros ne pourra donc pas célébrer sa renaissance – le court Philippe-Chatrier est désormais doté d’un toit – en compagnie de Roger Federer. A l’infirmerie, le Suisse est accompagné par Kevin Anderson, le Sud-Africain ayant été lui-aussi opéré du genou droit en février.

Avant de se faire opérer, Roger Federer a pris soin de battre un record du monde : celui de l’affluence pour un match de tennis. Au Cap, en Afrique du Sud, l’homme aux 20 titres du Grand Chelem a en effet disputé une rencontre d’exhibition contre son meilleur ennemi, l’Espagnol Rafael Nadal, qui a attiré pas moins de 51 954 personnes ! Après son Open d’Australie achevé sur une défaite contre Dominic Thiem en quarts de finale, le Majorquin n’a pas connu un énième pépin aux genoux, qui l’ont tant fait souffrir dans sa carrière. Au contraire, le n°2 mondial a fait son retour à la compétition avec succès du côté d’Acapulco. Au Mexique, l’Espagnol a remporté le 85ème titre de sa carrière. Idéal pour aborder la tournée américaine dans les meilleures conditions. 

Pour les fans de Roger Federer, il faudra en revanche s’armer de patience avant de le revoir sur le court, et pourquoi pas tenter de décrocher un 9ème titre à Wimbledon. La dernière fois que le Suisse était revenu d’une longue période d’absence, c’était en 2017. Et il avait remporté l’Open d’Australie à la surprise générale, en enchaînant des victoires contre Berdych, Nishikori, Wawrinka et Nadal. Bis repetita à Londres ?

CLIJSTERS DE RETOUR, SHARAPOVA À LA RETRAITE

Sur le circuit féminin, c’est «Retour vers le futur» ! Et pour cause, après plus de sept années loin des courts, Kim Clijsters a fait son retour à la compétition à Dubaï. Un sacré défi pour la joueuse belge de 36 ans ! Cependant, ce n’est pas la première fois qu’elle sort de sa retraite. En 2007, elle avait mis fin une première fois à sa carrière, le temps pour elle de se marier et d’avoir un premier enfant après avoir été contrariée par les blessures sur le circuit WTA.

Après avoir repris sa casquette de joueuse de tennis en 2009, Clijsters avait effectué un retour fracassant en allant décrocher l’US Open sous les yeux de sa fille Jada. Elle doublera la mise à Flushing Meadows un an plus tard. Après avoir remporté le quatrième et dernier titre du Grand Chelem de sa carrière à l’Open d’Australie en 2011, elle a décidé une deuxième fois de stopper sa carrière. Définitivement, pensait-on… mais Kim Clijsters n’a visiblement pas fini de nous étonner. Et son match de reprise contre Garbiñe Muguruza à Dubaï a été loin d’être ridicule… On lui souhaite le meilleur pour la suite !

Pendant que Kim revient, Maria s’en va. La Russe Maria Sharapova a en effet décidé de tirer sa révérence après des dernières années compliquées, marquées par des blessures récurrentes et surtout une suspension pour dopage entre 2016 et 2017. Néanmoins, la Tsarine restera comme l’une des joueuses les plus charismatiques de ces dernières années sur le circuit féminin. Devant votre télévision, vous n’entendrez plus les cris les plus stridents possibles et imaginables sur un court de tennis… Maria Sharapova s’arrête en ayant décroché cinq titres du Grand Chelem et un Masters.